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Meteor Genesis : les coulisses d’un pilote de série en motion comics

Nous avons récemment pu découvrir Meteor Genesis, projet de série en motion comics portée par Quentin Dognon. Ce dernier a réalisé un pilote de 14 minutes que vous pourrez découvrir dans les mois à venir en festival ; un aperçu de presque deux minutes visible ci-dessous vous en donnera un avant-goût.

Quentin Dognon a bien voulu revenir pour nous sur la mise en place de ce pilote, de l’utilisation du style motion comics à la mise en place de l’univers, en passant par la stratégie mise en place pour que ce pilote se concrétise en série.

https://www.youtube.com/watch?v=5aydLSNIm08

3DVF : Tu as récemment dévoilé le projet Meteor Genesis, un pilote d’animation en motion comics axé science-fiction. Comment est né ce projet, et peux-tu nous le présenter en quelques lignes ?

Quentin Dognon : Hé bien « METEOR Genesis » a bénéficié d’une longue réflexion avant de pointer le bout de son nez fin 2019.

Fin 2015, après avoir essayé la case BD qui m’intéressait depuis tout petit et que j’affectionne toujours (j’y reviendrai sûrement un jour), le projet « Renaissance 32 » créé avec mon ami Mouns Terejoute (alors sur la plateforme Sandawe) ne donne rien. Je vois bien à l’époque que la bande dessinée n’est plus au beau fixe… 

Mais moi vous savez, plus je me croûte et plus cela me donne envie de réussir deux fois plus, donc mi 2016, je tombe par hasard sur des vidéos d’animation de Blizzard, qui, en motion comics, racontent de petites histoires de WoW. C’est là que je me dis eurêka, cette méthode me permettrait de faire ce que je préfère c’est à dire des illustrations, mais animées et tout en racontant une histoire ! Passionné depuis l’enfance par l’espace, je suis à la lettre toutes les expéditions spatiales et je me suis même entretenu avec un astrophysicien du CNES pour Meteor.

Je commence donc à écrire tous les soirs sous les étoiles (merci aux études de scénario de l’ESMA), les aventures de Vitüs et Kotor dans le décor d’Andromède, cette galaxie gigantesque qui est notre voisine. Alors cela c’est la surface, mais dans la profonde sémantique de la série, ma volonté est de vulgariser et de faire aimer l’espace, car je pense que c’est important vu le destin de l’humanité qui nous attend ; surpopulation, manque de place, de ressources etc…

3DVF : Pourquoi avoir choisi le style motion comics, et comment l’as-tu exécuté, en pratique ?

La technique du motion comics est parfaite pour moi, bien utilisée et réalisée c’est une technique qui a un rendu qui n’a pas à rougir du dessin animé. C’est comme tout hein, quand la passion rencontre la maîtrise cela ne peut donner que du bon. Sachant que j’ai été tout seul à l’image sur ce projet, j’ai dû apprendre à porter beaucoup de casquettes en même temps et cela n’a pas été facile ! De storyboarder à réalisateur en passant par l’illustration, les croquis, les concepts, créer un univers n’est pas de tout repos.
Un plan concrètement se construit de la manière suivante : Un storyboard > un croquis > une colorisation style speed-painting en découpant les éléments pour l’animation > l’animation se fait sur After effect > une légère colorimétrie/étalonnage > puis le montage final et vous avez 1 plan. Des comme ça, j’en ai fait plus de 80.

3DVF : L’approche motion comics peut sembler limitante au premier abord : en pratique, quels sont ses avantages et inconvénients selon toi ?

Techniquement la différence entre le motion-comics et le dessin animé, c’est que dans ce dernier on découpe le mouvement en 12 voire 24 dessins par seconde pour avoir un mouvement réaliste. Mais le motion comics a des avantages non négligeables, tout est réalisé en illustrations complexes avec des textures, lumières et effets sur les personnages que ne peut pas se permettre l’animation traditionnelle, par soucis de temps, et d’ailleurs qui dit temps dit argent : l’autre point positif du motion comics c’est que cela coûterait bien moins cher à produire professionnellement qu’un dessin animé. Puis aussi, je suis illustrateur pas animateur, chacun son domaine.

3DVF : Quelques mots sur le design des personnages principaux ?

Alors comme vous pouvez le constatez, les héros ne sont pas humains. C’est un choix auquel je tiens beaucoup, je veux vraiment que le spectateur s’évade en regardant Meteor genesis, nous sommes dans Andromède donc je veux un dépaysement total. J’ai choisi un design très costaud, fort pour Vitüs faisant croire à un bourrin sans cervelle pour que son origin-story ressorte deux fois plus en contraste, puis dans l’histoire les Komodians sont un peuple très fort, c’est un détail important de la série. Kotor, lui, vient du dicton « prendre quelqu’un sous son aile » et bien j’ai littéralement appliqué cette phrase pour ce personnage qui est le mentor de Vitüs.

3DVF : L’utilisation de l’animation en motion comics a-t-elle eu un impact sur les choix de design ?

Non, le motion comics me laisse entièrement libre, mis à part sur quelques déplacements. J’ai dessiné les personnages et décors pour servir uniquement l’histoire.

3DVF : En regardant le pilote, on sent une volonté de donner de l’ampleur à l’univers, notamment via de nombreux décors d’inspirations variées. Peux-tu nous en dire plus sur ces derniers ?

Oui, je voulais vraiment que le public ressente l’univers et y soit immergé. Dans une série pour moi, ce qui est important c’est bien sûr l’histoire, le but du héros mais aussi l’univers dans lequel il évolue, les décors, les costumes, les détails comme les petites souris de l’espace qui sont dans les plans du pilote au sein des vaisseaux (qui s’appellent d’ailleurs des boulouches). J’écris quasiment plus l’univers que les intrigues, j’ai carrément inventé le sport galactique d’andromède, les pouvoirs politiques, et tout cela j’ai envie que le spectateur le voie et s’y attache, comme je me suis attaché à des univers tels que : Star Wars, La planète au trésor (grosse inspiration celui-là), Lanfeust des étoiles, Le cinquième élément, Galaxina, Batman, Dragonball, Final fantasy IX, Sillage…

3DVF : Comment a été financé le pilote ? Quelle était la répartition des rôles dans l’équipe ?

Le financement, ça c’est quelque chose qui a grandement accéléré le processus, sinon j’y serais encore à l’heure actuelle ! J’ai commencé à produire tout seul, de 2016 à 2018 à un rythme vraiment anarchique et puis ma famille, plus particulièrement ma grand-mère paternelle que j’appelle Mamie douce, m’a fait fin 2018 un beau cadeau de noël, mon père m’a demandé si j’avais un gros projet viable et je lui ai parlé de Meteor. C’est donc une production familiale en quelque sorte :). Cet argent m’a permis de payer des professionnels comme l’animateur ou les studios d’enregistrement….
Pour l’équipe, j’ai toujours été soutenu par mon vieil ami Mouns Terejoute à l’écriture, puis nous a rejoint Rémi Agullo à la musique et ensuite j’ai engagé l’animateur Alexander Brown et le studio et voix françaises. J’ai donc joué le rôle du producteur et c’est très prenant, il y a des mois où je sacrifiais mon salaire de freelance pour ne faire que du Meteor.

3DVF : Sur un tel projet de pilote, il peut être difficile de ne pas se décourager ou de perdre de vue les objectifs initiaux et de dériver. Quelles ont été les principaux obstacles que tu as rencontrés, et comment es-tu allé au-delà ?

Oui je ne vous le fais pas dire, il y en a eu des obstacles ! Le premier était qu’au début je n’avais pas de financement et même après l’avoir eu, j’ai dû gérer ce projet plus ma vie pro et perso… Ce qui amène à faire des choix. Il y a aussi eu des personnes qui viennent ralentir le tout en mettant des bâtons dans les roues, comme le premier Animateur/Fx que j’avais trouvé qui se révéla être complètement incompétent. Et quand il y a des sous et une mésentente, je vous laisse imaginer les belles discussions que cela peut amener. Un immense problème a aussi été notre inexpérience, par exemple j’aurais dû faire doubler les voix au début du projet et nous l’avons fait à la fin de la production, ce qui a créer des problèmes interminables de timing et d’image…..
Le DCP, fameux format vidéo pour cinéma a aussi été une belle surprise à la fin 😀
Vous avez raison de le souligner, il est très dur de conserver la motivation et d’éviter le découragement alors qu’il faut tenir plusieurs années, mais je suis très tenace et en 2016 j’ai rencontré ma moitié, Cécilia, qui m’a soutenu coûte que coûte pour finir ce projet.

3DVF : Qui dit pilote dit évidemment projets futurs. Quelle type d’adaptation verrais-tu pour Meteor Genesis ? Quels seraient le public visé, le format ? Au niveau de l’animation, souhaites-tu continuer sur l’approche motion comics, et si oui pourquoi ?

Bien sûr, le but de ce pilote est d’en faire une série d’animation ! C’est ce que vous pouvez nous souhaiter de meilleur pour le futur. Dans l’idéal, je verrais ça comme une série composée d’épisodes de 30mn répartis sur plusieurs saisons. Vu le travail que cela demande et que c’est une histoire longue, je pense que la meilleure diffusion serait de publier une saison par an de x épisodes. Le public visé serait adolescent/jeune adulte car cela resterait violent mais sans horreur ou sexe. A la DragonballZ on va dire. Pour la série que je veux créer, oui c’est important que cela reste en motion comics car déjà je trouve ça original et créatif et comme dit, je suis illustrateur, donc si je ne dessine pas ma propre série je ne vois pas l’intérêt.

3DVF : A l’heure actuelle, tu es donc en recherche de partenaires pour concrétiser la future adaptation : comment peuvent-ils te contacter ?

Oui nous sommes à présent dans la dernière partie, c’est à dire la recherche de producteurs ou diffuseurs qui seront intéressés par ce type de média. Nous avons déjà commencé notre tournée des festivals francophones et nous sommes conseillés en ce moment par des pros du milieu pour que ce projet aboutisse. Nous avons ouvert une page facebook où toutes les infos essentielles transites, sinon le mail meteorgcontact@gmail.com est là pour toutes demandes ou informations.

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