Klaus

Klaus : les coulisses d’un film d’animation hors du commun

Lighting : KLAS, un outil puissant au service d’une vision artistique

3DVF : Et justement, quelle a été votre approche technique pour résoudre ce problème ?

Les Films du Poisson Rouge : Nous avons proposé d’automatiser tracking et intervallage, pour gagner du temps, mais aussi de détecter les amortis pour faciliter le travail des artistes. L’autre idée phare était d’avoir un système qui fonctionne en temps réel et en 4K, sans mise en cache ni temps de calcul contrairement à l’approche Nuke, à l’exception de quelques précalculs. Bref : le but était vraiment de rendre le confort aux artistes. Ceux qui ont travaillé sur la lumière étaient plutôt des concept artists, il ne fallait donc pas qu’ils aient à se poser des questions sur l’animation. Un outil simple, épuré était l’idéal.

Test de lighting et texturing effectué durant le développement du film

Au bout de quelques mois, on a pu fournir un prototype reposant sur les technologies de Houdoo et qui fournissait des méthodologies optimisées pour la production, tout en suivant la méthodologie de Marcin pour l’éclairage.

Il a rapidement été clair que nous tenions un outil très efficace. Cela a vraiment aidé à tenir les délais de fabrication.

Ci-dessus : les différents outils des Films du Poisson Rouge évoqués dans cette interview

3DVF : En coulisses, cet outil KLAS repose donc sur des briques pré-existantes ?

KLAS s’appuie entre autres sur des briques technologiques que nous avions déjà développées pour nos autres outils. On y retrouve par exemple le système de tracking déjà utilisé dans Houdoo et MOE. Il y a cependant des spécificités pour chaque outil : MOE fait du tracking sur des images successives, là où Houdoo travaille sur des images plus espacées, entre deux images clés. La technologie est la même, mais la problématique change pour chaque outil.

Autre changement d’approche : dans MOE, on avance de gauche à droite, on avance dans l’animation en essayant de rester cohérent dans le système de tracking. Par ailleurs, MOE s’appuie surtout sur une image représentative de l’ensemble de la scène, avec un style appliqué à l’ensemble des images.

Dans Houdoo et KLAS, l’outil propose l’image clé suivante par interpolation, on effectue des corrections, et l’outil va alors tracker dans les deux sens, affiner son approche.

3DVF : Votre démo outils présente à la fois les outils LAS et KLAS : quelle est la différence ?

LAS est l’outil de base, issu des briques technologiques de Houdoo et MOE, tandis que KLAS est la version spécifiquement adaptée au fim Klaus et à la méthodologie de Marcin Jakubowski établie pour le pilote, comme les modes de fusion. Il y a aussi des adaptations spécifique au pipeline employé sur Klaus.

Sur la méthodologie de Marcin, nous ne pourrons pas donner plus de détails, nous protégeons évidemment les secrets de nos partenaires ; en revanche SPA Studios pourra sans doute donner des informations en interview ou conférence.

3DVF : Les artistes pouvaient donc ensuite travailler sur les différentes couches, en fonction de l’emplacement de la source lumineuse…

Oui, avec un très gros travail de concept-art pour le placement des lumières, trouver les volumes. Là encore il s’agissait de se conformer aux travaux mis en place pour le pilote, avec toute une méthodologie pour, par exemple, gérer le SSS au compositing en altérant les teintes. Et bien évidemment notre outil a ses limites : dès qu’un personnage passe d’une zone d’ombre à une zone lumineuse, qu’il y a des rotations, des occlusions on repasse sur une approche manuelle et sur le talent des artistes. Dans ce genre de cas, on va affiner progressivement, ajouter des contraintes, etc. Et même quand le tracking ne fonctionne pas, puisque le système d’intervallage détecte les amortis par exemple, on a une forme qui reste une bonne estimation et donc une bonne base de travail.

3DVF : Comment se passe le travail sur une foule ?

Les artistes ont travaillé par blocs de personnages, ce qui permet notamment de limiter la consommation mémoire.

3DVF : Il y a donc des contraintes matérielles : lesquelles ?

Il faut un bon GPU. Le CPU est utilisé également, mais moins. La limite peut ensuite venir de la résolution : en 16k, on peut être limité par la mémoire du GPU. En 4k en revanche, aucun souci.

SPA Studios évoque le character design du film Klaus

3DVF : Quels types de données l’outil prend-il en entrée ?

Du bitmap. Le logiciel effectue le tracking à partir des lignes d’animation ; la couleur peut aider également pour certains cas précis (par exemple pour différencier une main d’un bras ou d’un chapeau), mais n’est pas forcément indispensable.

3DVF : En pratique, comment se passe l’export ?

On exporte directement un fichier de précompositing : pas d’export d’images à faire, uniquement des données vectorielles, c’est instantané. Après, évidemment, ça reporte une partie du travail sur le compositing : il faut bien faire le calcul à un moment donné.

3DVF : Et justement, quelles étaient les ressources du côté espagnol sur le compositing ?

8 mois et 30 personnes. Ce qui est finalement très peu peu au vu du résultat et de l’ampleur du projet. Le superviseur du lighting pense même que 15 à 20 personnes auraient suffi en ne prenant que des seniors.

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