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RADI-RAF 2019 : le point sur l’actualité politique avec les syndicats et organisations patronales

Fin novembre se tenait à Angoulême les Rencontres Animation Formation et Rencontres Animation Développement Innovation : trois jours de conférences pour faire le point sur l’actualité du secteur de l’animation, qu’il s’agisse d’emploi, nouvelles technologies ou encore évolutions des formations.

A cette occasion, et en partenariat avec l’équipe organisatrice, nous avons pu capter plusieurs des interventions. Voici la première d’entre elle, consacrée à l’actualité politique et règlementaire du secteur : égalité femmes/hommes, conventions collectives, fusion des branches, assurance chômage ou encore directive SMA ont été évoqués.

Vous trouverez sous la vidéo un condensé écrit du contenu avec timings, mais nous vous conseillons évidemment d’écouter la table ronde dans son intégralité.

Laurent Blois (CGT), Jean-Yves Mirski (FICAM/Fesac), Stéphane Le Bars (SPFA), Christophe Pauly (CFDT) étaient sur place, tandis que Véronique Dumon, membre de l’équipe organisatrice, assurait la modération.

Egalité femmes hommes : un plan prévu

Jean-Yves Mirski a tout d’abord souligné qu’il s’exprimerait principalement au nom de la FESAC (Fédération des entreprises du spectacle vivant, de la musique, de l’audiovisuel et du cinéma). Cette dernière fédère une trentaine d’organisations liées au spectacle, dont la FICAM (Fédération des industries du Cinéma, de l’Audiovisuel et du Multimédia) et plus globalement l’ensemble des employeurs faisant appel à l’intermittence.

Jean-Yves Mirski a rappelé (1 minute 05) que la FESAC et l’ensemble des organisations présentes à la table s’étaient lancées depuis plusieurs mois dans un plan visant à renforcer l’égalité entre les femmes et les hommes dans le secteur de l’animation, mais aussi à éliminer les problèmes de violences sexistes et sexuelles qui n’épargnent malheureusement pas les secteurs du spectacle et de l’audiovisuel.
Cinq axes ont été dégagés pour ce futur plan : observation de la situation (recrutement, salaires, formation, évolution des carrières…), lutte contre les stéréotypes, égalité salariale et d’accès aux métiers, équilibre entre vie professionnelle et privée (dont la question des horaires), lutte contre les violences sexistes et sexuelles avec notamment une cellule d’écoute confiée à Audiens.
Ces points sont encore en discussion, et devraient donc prochainement aboutir sur une série de mesures plus détaillées.
Jean-Yves Mirski a d’ailleurs insisté sur l’importance d’obtenir du concret, et sur la nécessité de ne plus tolérer des comportement qui par le passé étaient malheureusement présents dans des studios : on songera ici à l’affaire Lasseter chez Pixar, mais aussi à ses équivalents dans les studios et écoles de ce côté de l’Atlantique.

Les dessins de Morgane Parisi et Naïs Coq illustrent cet article : ces deux dessinatrices croquaient en temps réel l’évènement à Angoulême.

Christophe Pauly (CFDT) s’est lui aussi exprimé sur le sujet (6 minutes 43), rappelant notamment les actions menées par le syndicat et le numéro d’écoute Violences Femmes Info (39 19, anonyme et gratuit 7 jours sur 7, de 9h à 22h du lundi au vendredi et de 9h à 18h les samedi, dimanche et jours fériés).
Laurent Blois (CGT) a pris la suite et indiqué que selon lui (8 minutes 50) , les salaires sont a priori égaux à fonctions identiques dans l’animation ; en revanche, a-t-il poursuivi, la progression et les promotions diffèrent entre hommes et femmes à talent identique.
En ce qui concerne les violences sur le lieu de travail, il a rappelé que la précarité est un frein de plus à la défense des victimes.
Enfin, il a rappelé que l’importance des créateurs, des réalisateurs dans les projets a tendance à les protéger lorsqu’ils commettent des actes répréhensibles, le reste de l’équipe n’osant pas forcément intervenir. Il a insisté sur l’importance de pouvoir faire remonter les informations, de briser le silence qui entoure souvent ces faits.

Stéphane Le Bars (SPFA) (12 minutes 13) a enchaîné et rappelé l’existence de l’association Les Femmes s’Animent et du fait qu’avec le SPFA, elle avait mis en place il y a quelques mois un atelier sur ces questions à destination des directions des studios et du personnel encadrant, avec notamment des rappels juridiques.

Fusion des branches : entre flou et inquiétudes

Place ensuite (14 minutes 15) à un autre sujet avec la question de la fusion des branches/conventions collectives. Un sujet encore flou étant donné l’attente d’un rapport crucial qui devait théoriquement être rendu public en septembre.

Pour rappel, le gouvernement souhaite fusionner un certain nombre de branches, et cette mesure pourrait affecter le secteur de l’animation. Certaines rumeurs et certains documents évoquent un regroupement assez large, du cinéma à l’animation en passant par le jeu vidéo…

Jean-Yves Mirski (FESAC) a souligné que le Ministère du travail pourrait opérer des fusions de force. Stéphane Le Bars (SPFA) a évoqué le sentiment d’avoir « un point rouge sur le front », tout en rappelant que la branche de l’animation reste très réduite en taille. Pour lui, même si jouer la montre a jusqu’ici été efficace, « il faut se préparer » à une fusion avec la branche de l’audiovisuel. Il a aussi évoqué de possibles éléments « hors-sol » « imposés » par les syndicats tels que la CGT et la CFDT.

Côté CFDT justement, Christophe Pauly a indiqué que le syndicat veut « être pragmatique » et prendre les devants en privilégiant l’organisation de la fusion afin d’éviter de tomber dans le scénario de la fusion imposée sans avoir le temps de négocier pleinement le contenu de la nouvelle convention collective.
A l’inverse, Laurent Blois (CGT) a indiqué que son syndicat s’oppose aux fusions forcées, qui lui semblent contraires à la liberté constitutionnelle de s’associer. La CGT a d’ailleurs déposé une Question Préalable de Constitutionnalité (QPC) pour demander que le Conseil Constitutionnel statue sur la question.
Laurent Blois ne s’est pour autant pas dit opposé à des négociations, et a évoqué une harmonisation des branches par le haut tout en avançant que la politique gouvernementale ne va pas en ce sens. Enfin, il a évoqué le cas des effets visuels (32 minutes 10) qui sont actuellement divisés en deux conventions collectives puis celui du jeu vidéo pour lequel il a dénoncé « l’exploitation » de nombreuses personnes du secteur.
Stéphane Le Bars (SPFA) est revenu (36 minutes 40) sur le secteur des effets visuels, évoquant les passages de personnes de l’animation vers les VFX et réciproquement, et le fait que les personnes du secteur peuvent changer de convention en changeant d’entreprise, tout en faisant le même métier.
Une intervention dans la salle (38 minutes 10) a souligné là encore les problèmes spécifiques aux VFX, dénonçant notamment heures supplémentaires impayées et le non-respect des conventions collectives.

Assurance chômage

Place ensuite (42 minutes 50) au sujet de l’assurance chômage. L’attentisme et la prudence était ici de mise chez les intervenants. Laurent Blois (CGT) a indiqué que pour lui, le gouvernement évitait en fait de s’attaquer au sujet des intermittents afin de ne pas renforcer la contestation (gilets jaunes, mouvements liés aux retraites).

Directive SMA

La table ronde s’est poursuivie (49 minutes 25) sur le sujet de la directive européenne SMA (service de médias audiovisuels), qui fixe des règles communes au sein de l’UE pour différents acteurs : chaînes de télévision, plateformes de partage de vidéo, réseaux sociaux, services de streaming. La transposition de cette directive en droit français, assez technique, aura évidemment un impact fort sur tout le secteur.
Jean-Yves Mirski (FESAC) a souligné qu’il existe encore beaucoup d’inconnues, puis évoqué des sujets connexes comme la publicité pour le cinéma à la télévision.

Stéphane Le Bars (SPFA), tout en admettant la complexité du sujet, s’est dit plus confiant. En ce qui concerne les nouveaux acteurs concernés par ce texte (Netflix, Disney+ et autres grands groupes de streaming), il a rappelé que Netflix paie sans difficulté et depuis quelques années une taxe qui vient financer le CNC (taxe qui va d’ailleurs augmenter).
Il a indiqué ne pas être pessimiste, ajoutant que même si ces opérateurs défendront leurs intérêts, il serait sans doute possible de faire rentrer ces nouveaux venus dans le système.

Laurent Blois (CGT), enfin, a notamment évoqué l’impact potentiel de cette évolution du secteur sur les salaires et conditions de travail.

Chronologie des médias, éco-responsabilité, secteur public ont aussi été évoqués en fin de conférence, avec notamment sur ce dernier point la concurrence entre l’animation issue du service public et les contenus d’acteurs tels que Disney+.

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