Oeil pour Oeil : les pirates de l’ESMA à l’assaut des VES Awards (MAJ : court disponible !)

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3DVF : L’ambiance sonore (voix, musique) joue évidemment un rôle important : comment avez-vous abordé ce point ?

L’équipe du film Oeil pour Oeil : Nous savions que nous voulions une musique dans un style jeu vidéo mais sans excès. Nous avons pu trouver le bon style avec le compositeur.
Pour les voix on a eu la chance de travailler avec un ancien étudiant de l’ESMA, nous pensions juste l’enregistrer pour les tests et voix initiales mais il a été si bon que nous avons tout gardé. Il interprète à la fois le capitaine et l’équipage.
La tenancière de la taverne est jouée par une amie.

3DVF : Que pouvez-vous nous dire sur le rendu et l’utilisation de RenderMan ?

Nous avons appris RenderMan dès la 2ème année, nous avions donc l’habitude de l’utiliser même si comme avec tout logiciel il y a eu quelques problèmes. Nous avons eu la chance d’avoir un professeur en communication étroite avec l’équipe et la communauté RenderMan sur les forums officiels : dès que nous avions un souci il était vite résolu.
Globalement, faire nos études sous RenderMan a été d’une grande aide pour ce court. Par ailleurs notre worflow de textures assez simple n’a pas nécessité trop d’ajustements. Nous n’avons pas eu de problème particulier pour passer de Substance Painter à RenderMan.
Au niveau des temps de rendu nous étions sur 1h, 1h30 en moyenne ; nous avons même été surpris de ne pas avoir des rendus trop longs. Ca a été très utile, on a pu faire beaucoup de retakes.
Nous nous sommes aussi bien organisés : nous avons rapidement identifié les plans à rendre en priorité, ceux qui risquaient d’être les plus longs à calculer.

3DVF : Au final, qu’est-ce qui a été le plus difficile techniquement ?

Les deux gros défis ont été le rig et les FX.

3DVF : Quelle aide vous a apporté l’équipe pédagogique durant la production ?

Une enseignante en animation venait deux fois par semaine, et allait voir chaque équipe une à une. Elle prenait bien le temps de regarder les travaux, de faire des retours.
Pour le rendu, là encore un très bon enseignant avec une relation amicale.
Nous utilisions l’outil de gestion de projet ftrack et les enseignants nous faisaient des retours toute la journée, parfois même la nuit ! Les courts leur tiennent à cœur autant qu’à nous, en fait. Certains sont même venus à l’école sur leur temps libre, le week-end ! Avec le recul, les professeurs ont eu un rôle de superviseur, et nous ont vraiment permis d’avancer.
Tous les mois ou tous les deux mois, nous avions aussi un jury pour faire le bilan de notre travail, voir si la direction prise était bonne.

3DVF : Comment vivez-vous la sélection aux VES Awards ?

Le court avait obtenu le 1er prix au jury de fin d’année, nous nous attendions à être sélectionnés en festival et les retours extérieurs nous avaient fait énormément de bien après un an de travail.
La sélection aux VES nous a évidemment davantage surpris : il y a 6 mois nous étions devant nos ordinateurs à faire des blagues, et là nous nous apprêtons à aller à Los Angeles présenter notre film lors d’un évènement prestigieux, c’est dur de réaliser, c’est irréel !

3DVF : Où en est l’équipe actuellement ?

Alan Guimont et Malcolm Hunt sont chez DNEG à Londres, François Briantais est character animator chez Illumination Mac Guff, Robin Courtoise fait du rigging chez Ubisoft Montpellier,
Thomas Boileau va bientôt commencer chez Mikros Animation Montréal et Mathieu Lecroq cherche un emploi en France.

Nous avons également interviewé un membre de l’équipe pédagogique de l’ESMA, Anthony Voisin, qui a directement suivi les élèves durant le projet.

3DVF : Anthony Voisin, comment vivez-vous cette sélection aux VES Awards ?

Anthony Voisin – responsable section « Cinéma d’animation et effets spéciaux » à l’école ESMA de Nantes : C’est une grande surprise et un grand honneur de participer à cette remise de prix. En tant qu’école, c’est la première fois qu’un de nos films étudiants est sélectionné aux VES Awards, et en tant qu’enseignant c’est une grande fierté, cela montre que l’équipe pédagogique a fait du bon travail. J’apprécie tout particulièrement la sélection car il s’agit de la première promotion que j’ai pu suivre de bout en bout, dès la première année.
Le travail de nos étudiants, leur univers, leur écoute a permis de créer un film honorable.

3DVF : Les réalisateurs expliquent avoir voulu sortir des classiques, s’éloigner de leur zone de confort et avoir été encouragés dans ce choix par l’équipe pédagogique ?

Oui, nous avons essayé de pousser leurs univers, chacun ayant un univers particulier. Nous voulions sortir des codes du court-métrage étudiant, que ce soit pour le character design ou le reste, pour obtenir un film un peu décalé.
Ils avaient déjà ça en eux mais on les a poussés dans cette direction, il y a eu beaucoup d’échanges pour pousser les curseurs en fonction de leurs compétences et nos capacités.

3DVF : Comment choisissez-vous les outils logiciels utilisés pour enseigner aux élèves ?

Nos choix se font en priorité par rapport aux outils utilisés dans l’industrie, le but étant que nos étudiants soient prêts au marché du travail dès la sortie.
Le second facteur est lié aux films de fin d’année, selon les besoins spécifiques on aura tendance à privilégier un outil plutôt qu’un autre.
Par exemple nous avons intégré Houdini il y a quelques années ; pour le moteur de rendu nous avons choisi un moteur de rendu physique, RenderMan. Nous l’avons retenu pour ses capacités, et il nous a aussi permis d’unifier nos choix : il y a quelques années nous utilisions plusieurs moteurs différents, nous voulions n’en retenir qu’un afin que les élèves restent avec le même logiciel sur tout leur cursus pour mieux le maîtriser.

3DVF : Comment se passe la supervision des élèves durant la réalisation des courts ? Êtes-vous là, justement, en supervision ? En soutien ?

Les enseignants ont un rôle de superviseur, chacun dans son domaine, de l’écriture du scénario jusqu’au montage et compositing final. Nous supervisons de A à Z tout l’aspect technique, graphique.

Nous avons des étapes de validation tout au long de l’année, tous les 2 mois environ avec un jury. On les suit très régulièrement, on les guide, on les aide pour l’organisation et le planning. Et en cas de souci, ou quand il y a trop de retakes, on les aide parfois directement.

Plus largement, on essaie de leur faire profiter de notre expérience, puisque nous venons tous du monde professionnel. On essaie de fonctionner comme un studio.

3DVF : Pendant la réalisation des projets, arrivez-vous à anticiper quels films ont des chances de remporter des sélections et prix ?

C’est difficile ! Dans l’idéal on aimerait que tous soient récompensés.
On ne peut pas vraiment deviner quels projets auront des sélections et prix, par contre on peut au fil de l’année prendre conscience qu’un film fonctionne bien et risque d’être bien accueilli, surtout si toute l’équipe pédagogique a le même ressenti. On peut alors espérer qu’il recevra des récompenses !
Pour Oeil pour Oeil, durant le jury de fin d’études, un premier visionnage est organisé le matin, généralement très silencieux : le jury prend des notes, ne parle pas. Or pour Oeil pour Oeil, et pour la première fois en 25 ans, le jury entier a applaudi !

3DVF : Qu’est-ce qui fait la force de l’ESMA en tant qu’école ?

Nos enseignants sont liés à l’école du début à la fin du cursus, par exemple j’ai passé 4 ans avec ces étudiants. Cela permet de mieux travailler, on se connaît bien, on arrive à bien former les équipes pour les courts.

La volonté de fonctionner comme dans un studio est un gros atout également.

Nous sommes à l’écoute, nous n’avons pas peur de remettre en question le programme, les exercices tous les ans ou dès que quelque chose ne va pas.
Année après année, nous consolidons la formation.

Pour en savoir plus

– La page Facebook du court-métrage ;
– Le site de l’ESMA, la fiche ESMA Nantes dans la rubrique Formations de 3DVF ;
– Les profils LinkedIn de Thomas Boileau, Alan Guimont, Robin Courtoise, Mathieu Lecroq, Malcolm Hunt, François Briantais ;
– Les VES Awards auront lieu le 29 janvier 2020 en Californie.

1 commentaire

charlyman61 19 janvier 2020 at 17 h 57 min

Film d animation réalisé a ESMA de Nantes , faut le précisé car il y a de bon prof 😉

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