Nik Collection
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Nik Collection 3 en test : DxO fait-il mieux que Google ?

Initialement développés en Europe, les produits de retouche et édition d’images Nik Software avaient été rachetés en 2012 par Google. Le géant du web ne s’intéressait malheureusement qu’à une petite partie du catalogue de l’éditeur, et avait totalement cessé le développement de la fameuse « Nik Collection », se contentant au final de la rendre gratuite.

Cet abandon était regrettable au vu des outils proposés : simulation d’optiques et films argentiques, réduction de bruit, traitement HDR, renforcement des détails, conversion noir et blanc… Autant de fonctions qui avaient rendu la suite populaire auprès des utilisateurs de Photoshop, en particulier en Amérique du Nord.

En 2017, surprise : DxO annonce le rachat de la Nik Collection. L’entreprise française est connue entre autres pour son outil DxO PhotoLab et le site DxOMark qui propose une notation technique d’appareils et objectifs photo. Restait donc à savoir si DxO saurait dépoussiérer la collections d’outils et développer le produit dans la durée : et justement, une version 3 est sortie il y a quelques semaines. Voici nos impression sur le produit, DxO nous ayant donné accès au logiciel.

Quelles avancées ?

Si vous connaissez déjà la Nik Collection, voici un résumé des nouveautés, que nous développerons plus bas :

  • refonte de l’interface Nik Selective Tool ;
  • nouveau plugin Perspective Efex ;
  • centre de messages pour suivre les actualités du produit ;
  • flux non destructif (via du Tiff multipages qui stock image de départ, paramètres et résultat sous Lightroom, et via des calques sous Photoshop).

Si vous ignorez tout du produit, pas de panique, nous allons justement revenir sur l’ensemble de ses fonctions.

Nik Collection est compatible Photoshop, Lightroom Classi, DxO PhotoLab et Affinity Photo, mais il est aussi possible d’utiliser ses outils de façon standalone.
En pratique, DxO indique que l’essentiel de la clientèle passe par Photoshop : c’est donc plus précisément ce workflow que nous avons testé.

8 outils, une barre pour les gouverner tous

Sous Photoshop, justement, une palette d’outils permet d’utiliser la Nik Collection sans passer par des menus. Elle prend la forme d’une interface flottante disponible en deux versions, dépliée (parfait pour débuter) ou compacte (quand vous saurez à quoi correspond chaque icône).

L’aspect coloré est une bonne idée qui facilitera la mémorisation. On apprécie aussi la compatibilité double écran et écrans haute définition : une nécessité absolue en 2020.

En pratique, le clic sur un des outils va lancer une nouvelle fenêtre avec une interface dédiée, un aperçu et des paramètres. Une fois les modifications terminées, un clic sur « ok » ferme l’interface, et un nouveau calque Photoshop stocke le résultat : l’image de départ reste disponible dans un calque séparé, le flux est bel et bien non destructif.

Point intéressant : un système de presets est proposé, avec un bouton permettant d’appliquer à nouveau les derniers réglages utilisés en un clic. Parfait pour éditer rapidement une série d’images, une fois que vous aurez trouvé les bons paramètres sur la première.

Perspective Efex : un nouveau plugin bienvenu

Nouveauté de cette version 3, le plugin Perspective Efex permet de corriger différents effets de déformation, qu’elles soient liées à l’optique (coussinet, barillet, fisheye) ou à la perspective (l’outil s’appuie alors sur les lignes droites pour corriger les déformations en trapèze.
L’outil pourra donc être utilisé pour les photos d’architecture, pour redresser une photo de projection powerpoint prise pendant une conférence, ou encore pour atténuer les déformations sur les bords d’une photo de groupe et ainsi redonner une allure naturelle aux visages s’y trouvant.

Cas d’utilisation 1 : correction de la perspective sur un bâtiment
Finalisation de l’image redressée, toujours avec l’aide de Nik Collection

On appréciera ici le mode automatique, et le fait que l’outil puisse s’appuyer sur la base d’analyse DxO Labs (qui a pu analyser des milliers d’appareils photo et optiques). Seul regret, l’outil n’a pas semblé réussir à appliquer un profil d’objectif avec bague d’adaptation (objectif Canon monté sur un appareil Sony), ce que permet pourtant Lightroom.

Le mode manuel est de son côté plutôt efficace et intuitif. Il permet par exemple facilement d’extraire une image « propre » et redressée à partir de la photo d’une présentation sur écran/projecteur, même avec un point de vue initial loin d’être idéal.

Cas d’utilisation 2 : utilisation de la correction de perspective pour extraire une version redressée de la photo d’une présentation (ici, l’équipe Praxinos durant le Festival d’Annecy)

Effet miniature : oui, mais…

Perspective Efex propose également un sympathique outil « d’effet miniature ». Il s’agit ici de créer du flou sur une partie de l’image, pour rendre l’effet que l’on aurait si le sujet était réellement petit, et pris en photo avec un objectif macro, avec une profondeur de champ réduite.

Il est possible d’ajuster zone de netteté, forme du bokeh, intensité du flou. Des fonctions intéressantes mais qui ne remplaceront pas l’usage d’un objectif à bascule et décentrement (tilt-shift) ou, pour un rendu 3D, un vrai effet de profondeur de champ : en effet, on se contente ici d’appliquer du flou sans tenir compte de la distance réelle du sujet à la caméra.
Si l’effet « passe » pour un oeil peu entraîné ou un paysage avec un relief limité, les limitations se trahissent lorsque deux niveaux de profondeur très différents sont floutés de la même façon (par exemple une vue aérienne de Paris, avec la Tour Eiffel et, derrière elle, des immeubles situés plusieurs centaines de mètres ou plusieurs kilomètres plus loin).
Evidemment, rien n’empêchera l’artiste d’utiliser alors le système de calques de Photoshop pour atténuer l’effet là où cela est nécessaire, et ainsi obtenir un résultat plus cohérent.

Centre de messages

Si vous aimez les notifications, conseils et autres tutoriels, le « centre de messages » est fait pour vous. Concrètement, le haut du Sélective Tool vous proposera de temps en temps des notifications variées : annonce d’une mise à jour, d’un webinaire, etc.

Et les autres plugins ?

Profitons enfin de cette version 3 pour passer en revue certains des plugins déjà en place.

Notez que tous, à l’exception de Perspective Efex, s’appuient sur le système « U Point » de Nik Software, désormais développé au sein de DxO. Concrètement, il s’agit d’ajouter des points de contrôle au sein de l’image, qui vont permettre de sélectionner ou masquer des zones pour contrôler l’application des effets, sans avoir à dessiner un masque. DxO les présente ainsi :

« U Point » se lit « you point » et signifie que c’est vous qui cliquez sur une zone de l’image que vous souhaitez modifier. Après avoir défini un point de contrôle en un clic, vous ajustez sa taille pour étendre les changements aux pixels qui se trouvent dans cette zone lorsqu’ils sont similaires aux pixels du point de contrôle initial.

Vous pouvez créer un cercle de la taille que vous voulez autour du point de contrôle pour définir la zone où les changements seront appliqués en réglant des caractéristiques comme la luminosité, le contraste, la saturation et la structure. Les pixels à l’intérieur du cercle ne sont traités que si leurs canaux de couleurs, teintes, saturation et niveaux de luminosité sont similaires à ceux des pixels qui se trouvent dans le point de contrôle.

La beauté de la technologie U Point réside dans sa simplicité et le nombre illimité de points que l’utilisateur peut placer dans une image. Elle est donc idéale pour effectuer des sélections précises et prendre en compte uniquement les pixels qui correspondent à ceux du point de contrôle.

En pratique, ce système demande évidemment un temps d’adaptation et de prise en main avant d’en tirer la pleine puissance.

  • Color Efex Pro 4 : plusieurs dizaines de filtres et effets créatifs, de nombreux paramètres pour chaque : un bon moyen de donner une tonalité à vos images, tout en conservant un contrôle artistique.
  • Silver Efex Pro 2 : la conversion noir et blanc ne se limitant évidemment pas à une simple désaturation, l’outil pourra vous aider à affiner cette étape. On appréciera le système de vignettes qui facilite les choix, ainsi que la simulation de pellicules argentiques. De quoi vous permettre de donner un côté rétro ou tout simplement monochrome à vos photos et même rendus 3D, de façon simple et sans excès.
  • Analog Efex Pro 2 : dans la même lignée que la simulation de pellicules n&b argentiques de Silver Efex, Analog Efex Pro permet de simuler des appareils, objectifs et pellicules anciens.
    Argentique, collodion, flou de mouvement, fuites de lumière, bokeh, saletés, … Les combinaisons sont nombreuses, et là encore le mélange de contrôles et d’effets non destructifs vous permettra de doser le résultat final efficacement.
    Le tout est convaincant et personnalisable à loisir, bien plus finement qu’un simple filtre basique.
Ci-dessus et ci-dessous : Analog Efex Pro, testé ici sur un duo de danseurs capturés lors du Salon de la Photo 2019 sur le stand Canon.
  • Viveza : des outils pour ajuster colorimétrie et tonalité. Si vous l’utilisez pour appliquer des retouches globales sur l’image, l’intérêt sera évidemment limité par rapport à ce que proposent Photoshop ou Lightroom. En revanche, le plugin prend tout son sens avec le système U Point de DxO. Concrètement, vous pourrez placer des points de contrôle pour ajuster différemment certaines zones : de quoi retoucher uniquement ciel ou feuillage, ajuster la tonalité de la peau, changer la couleur des yeux, etc.
  • HDR Efex Pro : il s’agit ici de fusionner différentes expositions pour obtenir une image tonemappée ou un fichier TIFF 8 voire 16 bits.
    HDR Efex Pro se décline en deux sous-outils, selon que vous souhaitez fusionner plusieurs images exposées différemment (avec bien évidemment système d’alignement et de gestion des fantômes/éléments qui bougent entre les clichés) ou travailler à partir d’une image unique : dans ce dernier cas, il s’agira d’obtenir un « effet HDR » (au sens d’effet de tonemapping) à l’aide d’un algorithme dédié.
    Le tout est donc pensé pour un usage photo, pas pour le traitement direct de rendus .exr.
Cas de photo comportant une dynamique élevée. HDR Efex Pro ne permet évidemment pas de récupérer les valeurs saturées (irrécupérables quel que soit le logiciel), mais peut être employé pour faire en sorte de déboucher les ombres, d’atténuer les hautes lumières ; ci-dessus, l’image brute, ci-dessous le résultat obtenu.
  • Sharpener Pro : un plugin en deux parties, qui permet d’un côté d’extraire un maximum de détails à partir d’un fichier photo brut (format RAW), de l’autre d’optimiser la netteté selon l’usage final de l’image (impression, écran, etc). Le système U Point permet d’appliquer le renforcement de la netteté de façon sélective.
Exemple d’usage de Sharpener Pro, sur des photos macro de frelon asiatique. Bien évidemment, doser l’effet avec parcimonie est primordial.
  • Dfine : un plugin de réduction du bruit numérique qui propose des contrôles manuels mais aussi un mode automatique.

Bilan, modèle économique et version démo

Cette nouvelle version de Nik Collection rassure : après Google qui avait remisé le produit aux oubliettes, DxO propose de vraies avancées, et montre sa volonté d’investir dans la durée.
En parallèle, les outils proposés complètent efficacement l’arsenal proposé de base sous Photoshop. Si vous utilisez déjà aussi Lightroom, certaines fonctions sont redondantes, mais l’approche avec calques et U Point vous conviendra peut-être davantage que la philosophie d’Adobe : à voir selon vos préférences, donc.

La Nik Collection est disponible sous forme de licence perpétuelle. Pour vous en faire une idée concrète, le mieux est encore de tester les plugins : une version d’essai 30 jours est justement disponible.

Nik Collection 3 est compatible macOS et Windows (8.1 et supérieur), Photoshop CS5 et supérieur, Lightroom 3 et supérieur, Sérif Affinity 1.8 et supérieur. Photoshop Elements est aussi pris en charge.

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