Cité du Cinéma : rencontre avec Digital Factory

Digital Factory

3DVF : Est-ce que l’animation est un domaine que vous envisagez ?

Bruce Guerre-Berthelot : Pourquoi pas, mais pour les longs-métrages ce sont clairement de très gros projets, et il ne faudrait pas brûler les étapes. Nous allons tout d’abord nous concentrer sur la montée en puissance du côté VFX, sachant qu’une partie du matériel et des logiciels sont communs, ce qui nous permettra par la suite de mettre le pied dans l’animation 3D.

Évidemment, il y a un investissement massif à fournir pour travailler sur des longs-métrages animés ; il faut donc un solide line-up de plusieurs films de façon à amortir l’investissement.

Une autre possibilité serait de faire un partenariat avec des structures extérieures ; nous sommes totalement ouverts à cela.

 

Cité du Cinéma

Vue d’architecte de la Cité du Cinéma (à droite) et des Studios de Paris (à gauche, bâtiments verts).
L’entrée principale de la Nef, d’où ont été prises nos photos panoramiques de l’ensemble du complexe, est située en haut à droite.

De part et d’autre de l’axe de la Nef, on retrouvera notamment Digital Factory, l’Ecole Nationale Supérieure Louis-Lumière,
L’Ecole de la Cité mais aussi le siège d’EuropaCorp. En bas, on découvre en coupe l’espace de restauration.

 

 


Ateliers

3DVF : Nous l’évoquions plus haut, une partie des activités de Normandie ont déjà été rapatriées à la Cité du Cinéma. A terme, est-ce que tout sera transféré ?

B. G.-B. : Pas du tout. En fait la Normandie a fait un « pas en arrière » temporel : il y a quatre, cinq ans, on avait en Normandie les mêmes structures qu’aujourd’hui après le transfert d’une partie des activités. En fait nous avons volontairement développé certaines activités ces dernières années pour pouvoir ensuite les transférer à l’ouverture de la Cité du Cinéma. Mais le concept normand reste le même, avec un site résidentiel très haut de gamme, des studios pour la musique, l’étalonnage, le mixage… Nous disposons d’ailleurs du plus grand studio d’Europe avec la plus grande console de mixage. C’est un site qui reste au goût du jour, n’a pas vocation à être transféré et qui reste ouvert à tous, pas seulement à EuropaCorp. 

A noter d’ailleurs, nous pouvons désormais proposer plusieurs gammes de services selon les besoins : une gamme medium à la Cité du Cinéma, avec un auditorium de taille « normale », et du très haut de gamme en Normandie, avec du luxe et un auditorium gigantesque. De la même façon, on dispose à la Cité du Cinéma de deux salles d’étalonnage : la salle master fait 100 m² avec un écran de 6 mètres de base, l’autre est moitié plus petite.

Le but pour nous est de pouvoir proposer différents outils selon les moyens et ambitions de chaque projet. Nous pouvons donc répondre aux besoins d’un maximum de gens, quelle que soit le type de film.

Ci-contre et ci-dessous : ateliers situés en face des plateaux des Studios de Paris, destinés à la création de props et décors.

 

Ateliers

 

Ecole Nationale Supérieure Louis Lumière
L’Ecole Nationale Supérieure Louis Lumière, située dans la Cité du Cinéma.

3DVF : Progiss [partenaire de 3DVF, NDLR] a été choisi pour équiper la section effets visuels. Pourquoi ce choix, et comment s’est déroulée cette collaboration jusqu’ici ?

B. G.-B. : Nous les avons choisis pour la qualité de leur service, leur compétence, leur suivi, leur connaissance du milieu. Ils ont su répondre à nos besoins et apporter les conseils nécessaires. Durant la collaboration des liens se sont créés, ils sont compétents, ouverts, honnêtes, et nous allons continuer à travailler avec eux, car nous sommes pleinement satisfaits.

Logo Progiss

 

3DVF : Quelle est votre perception du marché VFX en France, et la position des studios français par rapport à l’international ?

B. G.-B. : Comme la structure est jeune et n’est pas encore une grosse entité, je ne pense pas que nous puissions déjà avoir un avis pertinent à ce niveau. Nous progressons et apprenons, tout en restant dans ce que nous savons faire : nous n’avons évidemment pas les moyens, aujourd’hui, de gérer une grosse production américaine. Mais nous souhaitons y arriver et nous comptons bien nous développer avec cet objectif.  Il y a de très bons éléments en France, d’ailleurs l’étranger recrute massivement en France… Des français qui bien souvent souhaitent revenir quelques années plus tard, mais l’absence de grosse structure en France les bloque évidemment. Il faut dire que les crédits d’impôt n’aident pas…

3DVF : Justement, ces subventions plus importantes à l’étranger peuvent handicaper le développement du studio…

B. G.-B. : Oui, clairement. J’espère que l’État nous aidera à ce niveau ; ils ont fait un premier pas, mais je souhaite que le soutien continue. Aujourd’hui, quand on voit ce dont disposent les Belges ou Canadiens, il est difficile de lutter. Sans parler de compétence, avec plus d’aides la France pourrait clairement travailler sur des projets plus imposants ; 50% de crédit d’impôt, c’est la possibilité pour certains studios de proposer des tarifs moitié moindres. Il faut aussi rappeler que les 3/4 du budget des studios sont consacrés à la masse salariale.

Ci-contre et ci-dessous : la Cité du Cinéma comporte des loges classiques mais aussi une série de loges VIP, véritables chambres d’hôtel haut de gamme toutes équipées : salon, coin cuisine, terrasse.


Loge VIP

 

Loge VIP

 

3DVF : Le secteur des VFX semble subir une crise généralisée, avec de nombreuses fermetures ou réductions d’effectifs : avez-vous des appréhensions de ce côté-là ?

B. G.-B. : On a pris le parti d’une structure malléable, avec des frais fixes réduits. En cas de coup dur nous pouvons sans problème réduire les dépenses et faire le dos rond le temps que le marché s’améliore. La structure VFX peut vraiment s’adapter en fonction des évolutions de la demande et des projets. 

3DVF : Malavita, le prochain film de Luc Besson, est prévu pour le mois d’octobre. Est-ce que Digital Factory a participé au projet ?

B. G.-B. : Digital Factory a réalisé l’intégralité des effets : effacements, stabilisation, remplacements de fonds verts, inserts d’écrans, explosions ou création de quelques objets 3D. Nous avons travaillé dessus durant 3-4 mois, avec 10-15 personnes. Ce n’est pas un long-métrage uniquement porté par les VFX, mais il y a de nombreux effets présents au service du film.


Malavita
Photo de tournage de Malavita, le prochain film de Luc Besson, ici entouré de Robert De Niro (à droite) et Tommy Lee Jones (à gauche).
Photo Jessica Forde – EuropaCorp – TF1 Films Production – Grive Productions

 

3DVF : Pour revenir sur le recrutement : cherchez-vous déjà de nouveaux profils ?

B. G.-B. : Tout à fait. Nous cherchons tous les profils, seniors comme junior, et nous sommes déjà en train de mettre sur place un vivier d’artistes à qui nous pourrons faire appel pour nos projets.  

3DVF : Que pensez-vous du niveau des jeunes diplômés sortant des écoles d’infographie/VFX françaises ?

B. G.-B. : Leur niveau est bon, mais rien ne vaut l’expérience. Nous essayons de panacher les équipes en embauchant à la fois des jeunes et des artistes plus expérimentés, de façon à faire progresser rapidement ceux qui manquent encore d’expérience.

Pour en savoir plus

Le site de Digital Factory.

 

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