Les Croods – Nicolas Weis, visual development artist

Les Croods - Nicolas Weis

3DVF : Tu as travaillé sur les paysages inspirés de récifs coralliens. Quelle a été ton approche sur cette partie ?

Nicolas Weis : Le « Coral field » est l’un de mes décors préférés du film, c’était l’occasion de faire quelque chose d’onirique et de vraiment unique. J’ai travaillé comme d’habitude, en essayant de trouver des silhouettes et des formes originales.

Puis j’ai appliqué des textures photo de nacre, de coquille ou de coraux que j’ai retravaillées sous Photoshop. Nous avons essayé de les concevoir comme les arbres de la jungle, avec des grandes formations « parasitées » par une multitude d’éléments plus petits. Comme des récifs coralliens « normaux » en fait.

Les Croods - Nicolas Weis
Nicolas Weis pour DreamWorks Animation.

 

Une fois de plus, plus nous cherchions l’inspiration dans la nature, plus on découvrait que des formes poussées et incroyables existaient déjà, des formes qui, si nous les avions

incluses dans le film, nous auraient valu des commentaires dubitatifs de pas mal de gens j’en suis sûr.

 

Les Croods - Nicolas Weis
Nicolas Weis pour DreamWorks Animation.

 

3DVF : De même, quelle a été ton approche sur les arbres du désert, ou sur les baobabs et leurs formes presque animales ?

N.W. : Les baobabs dont tu parles c’est une histoire particulière. Les vrais baobabs sont des arbres tellement extraordinaires que je ne voyais pas très bien ce que je pouvais apporter de plus. Après plusieurs essais infructueux, j’ai décidé de tout recommencer à zéro et de chercher l’inspiration ailleurs. Et je l’ai trouvée dans une vieille pomme de terre germée qui trainait dans mon bac à légumes. C’était à la fois proche au niveau de la forme et grotesque juste ce qu’il fallait. Ensuite, je me suis dit que ça serait intéressant de les faire poser comme des animaux.

À l’origine, le « thicket » était un décor inquiétant et dangereux, d’où leurs postures quelque peu menaçantes. Je tiens à tirer mon chapeau au passage à l’incroyable équipe de modeleurs qui ont su retranscrire à la perfection en 3D ce que j’avais dessiné dans mon carnet. Et les surfaceurs ont ensuite fait des merveilles pour inclure toutes les subtiles griffures, coulures, et autres brulures qui constellent leur écorce. Je ne pensais pas qu’on pouvait sauter au plafond et tomber de sa chaise dans un même mouvement, pourtant c’est ce qui m’est arrivé en voyant le résultat de leur travail.

Les Croods - Nicolas WeisNicolas Weis pour DreamWorks Animation.

 

Les Croods - Nicolas Weis
Nicolas Weis pour DreamWorks Animation.

 

Les Croods - Nicolas Weis

Les Croods - Nicolas Weis

Pour ce qui concerne les autres arbres du désert que tu évoques, il s’agit en fait de plusieurs designs pour un arbre particulier ou les Croods allaient cueillir des fruits dans une version antérieure de l’histoire (le « gathering tree »). L’inspiration principale vient des cyprès de la côte californienne près de Monterey et la pose est censée magnifier l’arbre pour en faire un exemplaire unique et majestueux dans l’univers aride et désolé des Croods.

 

Les Croods - Nicolas Weis
Nicolas Weis pour DreamWorks Animation.

 

Les Croods - Nicolas Weis
Nicolas Weis pour DreamWorks Animation.

 

Les Croods - Nicolas Weis
Nicolas Weis pour DreamWorks Animation.

 

3DVF : Toujours en ce qui concerne la végétation, tu as créé des concepts aux formes parfois rectilignes et complexes, assez symétriques ou au contraire très torturés. D’autres, enfin, sont tortueux, mais accueillants ou proches d’un univers fantastique.
Peux-tu revenir sur ces différentes approches ?

N.W : C’était souvent une histoire d’échelle d’abord. Les premiers arbres que tu évoques faisaient partie d’un décor qui a été coupé au montage, avec un arbre creux gigantesque de plusieurs centaines de mètres de haut. Je pouvais difficilement le faire tournicoter dans tous les sens sans avoir d’autres problèmes.

Les Croods - Nicolas Weis
Nicolas Weis pour DreamWorks Animation.


J
e me suis pas mal inspiré des bonsaïs du Huntington garden à San Marino pour les autres arbres. Outre le fait qu’ils sont beaux à pleurer, leur petite taille était l’occasion unique de pouvoir appréhender facilement l’arbre dans son entier.


Et le mélange entre le côté « arbre miniature » et les feuilles à taille normale donnaient déjà un côté « cartoon » qui semblait supplier d’être inclus dans Croods. Et moi, quand on me supplie comme ça je ne peux pas résister longtemps.

 

Les Croods - Nicolas Weis
Nicolas Weis pour DreamWorks Animation.

 

Pour le dernier exemple que tu évoques, il faut remettre ça dans son contexte. On était au tout début de la production et

je voulais savoir jusqu’où je pouvais aller dans les formes, d’où son côté quelque peu extra-terrestre.

 

Les Croods - Nicolas Weis
Nicolas Weis pour DreamWorks Animation.

 

3DVF : On a l’impression que ta liberté créative est presque totale lorsque tu te lances dans un concept… Quelles limites étaient imposées ou suggérées sur ton travail, et de quelles ressources (descriptions, images, etc.) disposes-tu avant de te lancer sur le développement visuel d’un objet ?

N.W. : C’était assez simple et à la fois très compliqué. Il fallait que les formes soient uniques sans pour autant quitter notre réalité.

 Il ne fallait pas que le spectateur oublie que les Croods évoluent dans un passé relativement plausible de notre bonne vieille terre. Il ne fallait pas basculer en permanence sur une autre planète.
Au sujet des ressources on était très libres, je ne crois pas me souvenir qu’on nous a donné comme point de départ une image quelconque. Les descriptions étaient assez sommaires, tant au niveau du script que du storyboard, ce qui était à la fois une bénédiction et un véritable casse-tête.

 

Les Croods - Nicolas Weis
Nicolas Weis pour DreamWorks Animation.

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