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Hervé Trouillet, réalisateur du projet Citeria

 

 

Interview de Hervé Trouillet
Concepteur du projet Citeria

 

 

Nous avions rencontré Hervé Trouillet pour la première fois il y a un peu plus de 2 ans au Festival d’Annecy / Mifa. Au côté de Nicolas Mazière, il y présentait le film pilote des Puceaux, un projet de série d’animation complétement déjanté, mais terriblement efficace.

Hervé nous dévoile aujourd’hui Citeria, un projet de long-métrage d’animation sur lequel il travail depuis déjà plusieurs mois. Il profite également de cette interview nous faire partager sa vision de l’animation francophone, les contraintes liées à la mise en place d’un projet de cette envergure, et les réticences chroniques rencontrés chez certains producteurs et investisseurs concernant l’animation pour adulte. Si le marché anglophone a dépassé ce stade depuis des lustres, il reste encore beaucoup de chemin à parcourir pour les auteurs francophones souhaitant sortir du carcant de l’animation pour la jeunesse…

Le site officiel de Citeria : www.citeriathemovie.com
La bande-annonce : www.rvanim.com/citeria 

 

 

3DVF : Hervé, peux-tu te présenter aux lecteurs de 3DVF et nous parler de ton parcours ?

RV : Je m’appelle donc Hervé Trouillet, j’ai 29 ans et j’habite actuellement à Marseille. Mon parcours est un peu atypique puisque je n’ai pas vraiment suivi d’école d’animation, je suis plutôt autodidacte. En réalité je viens de la publicité, j’ai fait un BTS expression visuelle, suivi des cours à la fac en Arts Plastiques pour atterrir un peu par hasard dans l’animation, et là, j’ai de suite compris que c’est exactement ce que je voulais faire. Avec un camarde qui venait du monde du web nous avons eu l’idée de faire de l’animation pour le Web, c’était en 99 et nous avons créé au sein de la société TV-UP : Toon’s-up, une cyber chaîne d’animation. J’ai appris beaucoup de choses à ce moment là. Et puis quand la nouvelle économie s’est effondrée, j’ai décidé de continuer sur ma lancée en allant encore plus loin.

3DVF : Comment s’est déroulé ta rencontre avec l’art et les outils de création numérique ?

Je pense depuis le début que bien que, par définition, ces deux conceptions sont totalement différentes, l’artistique par rapport à la technique sont, en fait, étroitement liés ; beaucoup plus que ce que l’on pense. Et bien que la technique représente incontestablement l’existence concrète d’un film, il n’en reste pas moins que le plus important avant toutes choses c’est l’artistique : qu’avons-nous à raconter… que veut-on transmettre… Cela dit, tout en gardant cela en tête, la différence fondamentale avec la conception de Citeria c’est qu’en construisant l’univers et le scénario j’avais en tête la faisabilité technique de ce film. Au début on pense que cela nous restreint dans notre travail, après tout, avoir beaucoup de financement pour un film permet toutes les folies artistiques. Mais très vite j’ai compris à quel point cet « handicap économique » ou cette « restriction » m’a permis de creuser bien plus profondément dans l’univers pour trouver des astuces qui sont devenues des piliers du scénario. En gros en cherchant l’économie, j’ai trouvé la créativité.

Je dirai pour conclure qu’aujourd’hui  je ne fais plus très bien la différence entre l’artistique et les outils à ma disposition pour travailler, chaque élément est au service de l’autre, la technique est là pour « montrer » de la meilleure façon possible ce que nous voulons raconter, et l’artistique ne peut vraiment exister sans une parfaite connaissance de ces outils techniques. Aujourd’hui nous avons beaucoup d’outils techniques à notre disposition, à nous de savoir les utiliser au bon moment et ne pas se fermer bêtement sur telle ou telle technique tout cela pour servir une seule chose : la narration du film.

 


3DVF : Raconte nous la génèse de Citeria…

RV : Citeria et les teasers que l’on peut voir sur mon site sont en fait le fruit d’une réflexion technique qui symbolise l’union du monde de l’animation traditionnelle tel qu’on le connaît depuis vingt ans, et celui de la nouveauté et de la technologie que représente celui du web.

Mais avant toute chose ma première conviction a toujours été, bien que les décideurs n’en aient pas encore tout à fait conscience, que l’animation pour adulte allait devenir un véritable enjeu dans les prochaines années.

Notre génération (les 20/35ans) et celles qui suivent ne considèrent plus ce moyen d’expression comme exclusivement réservé aux enfants. Pour nous, l’animation 2D comme 3D est un moyen tout à fait crédible de raconter des histoires et ce quelles qu’elles soient. Nous sommes réceptifs au graphisme et à la mise en scène.
Bref, une bonne histoire couplée à l’apport que peut représenter graphiquement l’animation intéressera forcément ces amateurs d’images numériques.  

3DVF : Peux-tu nous en dire davantage sur l’univers et l’histoire de Citeria ?

RV : Il y a beaucoup d’infos sur le site concernant l’histoire mais je peux vous dire deux choses. La première c’est que bien qu’elle puisse paraître au premier abord celle d’un film commercial elle n’en reste pas moins, je pense, celle d’un film d’auteur.  J’utilise des codes que nous connaissons tous et qui peuvent certaines fois paraître « légers » non pas pour reproduire lourdement le schéma du film d’action mais plutôt pour réussir à complexifier l’histoire tout en ne la rendant pas indigeste.

 

 


 


J’utilise des clichés certes mais j’en pourfends d’autres. L’apparence de ce film à aussi un autre rôle c’est qu’il est incontestablement au service du message de fond. Pour résumer en une phrase, je dirai : « on ne juge pas un livre par sa couverture » ou celle-ci bien plus connue : « si on s’était fié aux apparences on n’aurait jamais bouffé d’oursin. »  

La deuxième chose, c’est que je ne me suis jamais autocensuré. C’est aussi le principal problème du financement de ce film qui est du coup trop commercial pour les uns et pas assez pour d’autres, enfin c’est un dessin animé et les dessins animés, vous comprenez, c’est fait pour les enfants… Vous voyez le topo.

Ce film est clairement pour adulte et n’est absolument pas adapté pour les enfants. Le scénario a été construit comme celui d’un film « live » (d’ailleurs il pourrait être un film « live ») et je pense que le temps (3ans) m’a permis de bien mûrir l’univers pour offrir une intrigue vraiment à la hauteur du film. Dans tous les cas vous pouvez être sur que j’y ai mis toutes mes tripes.

 

 

 

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