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Article d’opinion – John Adams d’Autodesk

 

 

L’heure de la transformation ?

 

Selon John Adams d’Autodesk, la récession économique mondiale pourrait représenter un tournant pour le secteur de la construction.

 

Autodesk

 

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Ces dernières années, les ingénieurs des services de construction dans les secteurs de la mécanique, l’électricité et la plomberie ont été en première ligne des changements survenus. Ils ont dû adapter leurs conceptions aux recommandations et aux réglementations sans cesse plus rigoureuses en matière de réduction des émissions de carbone. Cependant, il semble que les méthodes de travail aient peu évolué au cours des vingt dernières années.

 

Tout d’abord, une récente enquête d’Autodesk dans ces secteurs en Europe a montré que 64 % des sociétés d’ingénierie utilisaient encore du papier et des stylos pour leurs communications internes. Ceci pourrait surprendre certaines des plus grandes multinationales de ce secteur, lesquelles ne sauraient vraisemblablement fonctionner sans e-mail aujourd’hui.

 

Dans le monde de la conception, l’informatique est, pour beaucoup, comme une seconde nature. Pourtant, certains ingénieurs continuent de réaliser des croquis ou des annotations à la main avant de les remettre à un technicien en Conception Assistée par Ordinateur. S’ils utilisent un système de CAO traditionnel, les concepteurs et ingénieurs des services de construction visualisent mentalement la conception 3D et transfèrent celle-ci dans une représentation en 2D. Certains systèmes, spécifiquement développés pour la conception en mécanique, en électricité ou en plomberie, permettent de modéliser la géométrie d’un système en 3D. Mais comme le modèle n’est pas « calculable », les éléments et les systèmes ne savent pas comment interagir.

 

De toute évidence, les services de construction préfèrent, de manière générale, travailler selon une méthode traditionnelle, plus sûre et plus fiable.

Il y a peut-être une explication simple à cette attitude. Avant la récession économique, le travail ne manquait pas. Ceci signifiait que tout le monde était occupé en permanence. Les incitations immédiates ne suffisaient pas pour envisager et mettre en oeuvre de nouvelles stratégies de grande envergure. Après tout, les méthodes de travail traditionnelles ont évolué avec l’expérience et les connaissances. Le changement est rarement une fin en soi, surtout qu’il entraîne souvent, dans son sillage, perturbations et interruptions.

 

 

En revanche, lorsque le travail se raréfie, les entreprises doivent trouver des façons de devenir plus efficaces et plus compétitives. Le changement devient impératif. C’est une question de survie. Selon le bureau de recherche Euroconstruct, la récession a été plus sensible dans le secteur de la construction en Europe occidentale que dans l’économie dans sa globalité, avec une baisse de la production de 8,8 % en 2009. Si les ingénieurs ne ressentent pas le besoin de réexaminer leurs pratiques de travail aujourd’hui, ils ne le feront jamais.

 

 

Une excellente façon d’améliorer l’efficacité est de renforcer l’intégration entre les différents acteurs du processus de conception/construction. En d’autres termes, les différentes disciplines doivent collaborer plus étroitement, en équipe, et partager leurs modèles du bâtiment.

 

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Un groupe sinternational de sous-traitants pluridisciplinaires a déjà commencé à mandater la modélisation des données du bâtiment (BIM) sur ses projets. À l’instar de la BIM pour la construction et la conception structurelle, la BIM pour les services de construction est une méthodologie de la conception qui se caractérise par la création et l’utilisation d’informations cohérentes et coordonnées sur la conception d’un bâtiment en mécanique, en électricité et en plomberie. Ces informations aident à la prise de décisions, la production d’une documentation précise, la prédiction des performances, les estimations de coûts et la planification de la construction, ainsi que pour la gestion et l’exploitation du bâtiment tout au long de sa durée de vie.

 

Pourtant, selon les recherches d’Autodesk, de nombreux ingénieurs demeurent imperméables à l’influence des grands sous-traitants ou des architectes et ingénieurs structurels avec qui ils travaillent comme partenaires de projet. Un tiers des ingénieurs interrogés a déclaré qu’il n’était absolument pas influencé par des sources extérieures dans ses décisions stratégiques.

 

Sous de nombreux aspects, les services de construction ont beaucoup à gagner de méthodes de travail plus collaboratives. Les résultats de l’enquête réalisée par Autodesk ont montré de façon indéniable que les changements de dernière minute représentaient les problèmes les plus difficiles à gérer pour les ingénieurs. Les services de construction sont souvent à la merci des architectes et ingénieurs structurels, coincés entre eux et le client. Tout changement requiert une coordination exemplaire entre les différentes parties.

 

Le problème s’aggrave encore si les ingénieurs et les techniciens, ou les ingénieurs entre eux, ne travaillent pas en étroite collaboration, surtout s’ils sont éloignés les uns des autres – dans les bureaux ou, pire encore, sur des sites différents.

 

Sans surprise, les recherches ont montré que l’attitude était différente dans les entreprises où le travail s’effectuait en équipe. Lors de l’enquête Autodesk, une personne interrogée nous a expliqué : « Avant, les bureaux étaient cloisonnés, les ingénieurs et les techniciens travaillaient chacun de leur côté.

 Aujourd’hui, ils sont restructurés, les ingénieurs et les techniciens travaillent en groupes, en « familles », par exemple la santé, le résidentiel, etc., un peu comme un studio d’architecture. Il ne faut pas sous-estimer l’impact de ce changement sur les attitudes et les pratiques. »

 

Le travail en équipe sur un même modèle numérique génère de nombreuses synergies et la conception des services de construction peut être élaborée dans le contexte du bâtiment tout entier. Par exemple, comme les systèmes électriques et mécaniques se « connaissent », un ingénieur électricien peut contrôler les besoins de l’équipement mécanique en termes d’alimentation, comme le prévoit la conception. Le logiciel peut ainsi configurer les charges électriques appropriées.

 

L’objectif est loin d’être le changement pour le changement. En effet, il apparaît que ces opérations en équipes sont motivées par la nécessité d’améliorer leurs services et de rester compétitifs, plutôt que par le désir d’acquérir de nouvelles technologies simplement parce que celles-ci sont disponibles. « Nous avons mis en oeuvre la BIM parce que nous savons qu’elle va améliorer nos résultats », a précisé une personne interrogée. Une autre nous a expliqué : « Lorsque la charge de travail remontera, le changement va s’opérer et les concepteurs/dessinateurs de détail seront de plus en plus en vogue. Une fois la récession terminée, les embauches seront différentes. Nous rechercherons des utilisateurs de Revit ayant des qualifications en ingénierie. »

 

La bonne nouvelle, pour le secteur, c’est que cette situation représente une opportunité majeure. Ceux qui sont prêts à « rompre avec la tradition » et à expérimenter ces nouvelles méthodes de travail collaboratives bénéficieront d’un avantage réel sur les entreprises qui resteront attachées à leurs vieilles méthodes.

 

Les nouvelles idées ne sont pas toujours les meilleures. Mais de temps en temps, un concept novateur apparaît, un concept pertinent et pratique. Comme nous l’a souligné une des personnes sondées lors de l’enquête Autodesk : « Nous essayons juste d’améliorer notre efficacité et de réduire nos coûts pour survivre à la récession».

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