Nous vous avions récemment parlé du générique du film Splice, de Vincenzo Natali, et de la bande-annonce du jeu Driver San Francisco. Ces deux projets sont issus du studio Chez Eddy, qui a bien voulu nous accorder une interview ; nous avons donc interrogé Jean-François Bourrel, cofondateur de la société. |
Une des dernières créations de Chez Eddy : le générique du film Splice
3DVF : Bonjour Jean-François, et merci d’avoir accepté cette interview. Est-ce que tu pourrais pour commencer nous faire un bref historique du studio ?
En 1995, Jérôme Calvet (mon associé) et moi avons fait le Centre national de la Bande Dessinée et de l’Image à Angouleme. C’était une formation de 9 mois pendant laquelle nous avons appris à utiliser le logiciel Explore (Ancêtre de Maya). A cette époque la seule plateforme qui nous permettait de faire de la 3D était la Silicon Graphic (son prix était exorbitant). A la fin de cette formation, chacun de nous a présenté un film d’animation full 3D, nous avions eu 3 mois pour le faire.
On a ensuite été représentés par des boîtes de production dans le secteur de la pub, en tant que réalisateurs. En 2001, après le 11 septembre, on a eu 9 mois sans travail ; il n’y avait pas de boulot à Paris. On a continué faire de l’autoproduction, sur un second court-métrage. Nous avions aussi un projet de série dont le nom était… Eddy ! |
On a continué à faire de la réalisation, et en parallèle nous faisions de la post production 3D pour la boîte de post-prod avec laquelle nous étions associés ; ils nous donnaient une grande partie de leur 3D à faire.
Ils nous on permis de passer le relais, puisqu’avant leur arrivée Jérôme et moi faisions tout. Au fur et à mesure nous avons pu étendre le champ de nos clients (essentiellement à l’international), nous travaillons aujourd’hui énormément pour la Belgique qui est un pays que l’on adore. Ensuite, nous avons décidé de ne pas se limiter à la Post-Production et en 2006, alors que nous étions les seuls réalisateurs de la société, nous avons décidé de devenir Producteur. Nous avons alors élargit notre offre de réalisateur, nous avons rencontré d’année en année plusieurs réalisateur et la famille s’est agrandit au fur et à mesure ! Notre schéma était d’avoir une production étant en mesure d’attirer des projets via notre offre réalisateur et un studio qui se renforce automatiquement par l’apport de nouvelles productions en plus de notre travail de Post-Production. Actuellement, une grosse partie du boulot du studio de post-production vient des productions de Chez Eddy. |
Demoreel 2010 du studio
3DVF : Combien de personnes composent l’équipe ?
En fait, c’est très fluctuant puisque l’on travaille avec des intermittents. On peut considérer que le « noyau dur » se limite à 10 personnes, après on peut monter jusque 40 ou 45 selon les projets. |
45 personnes ça fait beaucoup, parfois même trop : je suis tellement débordé ces derniers temps que je n’ai pas le temps de descendre tous les jours passer dans l’équipe, du coup certains nouveaux demandent qui je suis ! |
3DVF : Ce n’est pas trop difficile d’avoir de telles fluctuations dans les équipes ? Est-ce qu’il y a des formations de prévues pour que les nouveaux puissent s’adapter au pipeline interne ?
C’est en effet un problème, on a un pipeline déjà mis en place, qui n’est pas très compliqué mais qui demande tout de même une certaine méthodologie de travail.
L’idéal est d’avoir des gens déjà formés, ce qui n’est pas forcément le cas quand on grossit soudainement. |
Nous avons la chance d’avoir trois superviseurs qui connaissent bien le pipeline, du coup tout nouvel arrivant sera formé une journée. De plus, nous venons d’investir dans un intranet très développé, qui permet à n’importe quelle personne venant chez nous de trouver ses marques après quelques heures de lecture… Ensuite, on bosse sous Maya, ça reste simple, mais on a développé un système de scripts qui nous permet d’avoir une continuité dans la gestion du projet du début du modeling jusqu’à la fin. Ca nous permet aussi de parer aux soucis de Maya (notamment dans le système de référence), qui sont quand même assez récurrents. L’avantage que nous avons aussi c’est que les gens qui bossent chez nous sont assez fidèles ; on a 15-20 personnes avec qui on a l’habitude de travailler. |
Production ChezEddy / Teletoon : Étucékoi?, réalisé par Fraggleboo
3DVF : Le site du studio met fortement en avant les réalisateurs, en différenciant les travaux de chacun dans différentes rubriques ; peux-tu nous expliquer cette stratégie ?
En fait, c’est totalement lié à notre vision du marché 3D : je ne crois pas trop à la post prod pure et dure, du moins à notre échelle.
Les boîtes de production ont commencé à intégrer la chaîne de post production, voyant qu’il était possible de faire des affaires avec une mise de départ peu importante.
Il y a donc de moins en moins de travail en post prod. Evidemment, il y en a encore : Mikros, BUF, Mac Guff peuvent faire des projets que personne d’autre n’est en mesure de réaliser dans les boîtes de production. Mais on voit tout de même une concentration en interne dans les boîtes de production, du fait de ces coûts moins élevés. |
Bref, même s’il y a encore du boulot dans ce secteur, il y a tout de même un rétrécissement du marché. Pour revenir à la question, je voulais donc scinder sur le site les réalisateurs et le studio : mettre uniquement le studio donnerait une image floue, les gens ne comprendraient pas forcément exactement ce que fait Chez Eddy. J’ai donc vraiment séparé les deux départements, avec d’un côté les réalisateurs (originaires de France, des USA, d’Allemagne, de GB, …) qu’on représente en France et qu’on a en exclusivité sur la France, et à côté le studio qui nous permet de récupérer du boulot d’autres réalisateurs. Le studio peut aussi travailler pour le cinéma, la télévision, etc.
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3DVF : Quelle est la proportion actuelle entre production complète et postprod, dans vos travaux ? Comment vois-tu l’évolution de Chez Eddy d’ici 5 ans ?
En moyenne on est à 50-50, mais on peut monter à 60% de production selon la période. En ce qui concerne l’évolution, elle se fera sur trois axes :
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Il nous faut par contre chercher davantage de réalisateurs ayant des capacités à gérer un tournage live avec effets spéciaux en production ; Dans cette optique, on a signé avec Jonhatan Broda récemment, qui fait typiquement ce genre de chose. Il faudra que l’on renforce cet aspect, en trouvant encore de nouveaux réalisateurs.
– La postproduction, comme actuellement ;
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3DVF : Sur quelques années, le studio a grandi très vite, je suppose qu’il a fallu investir au niveau matériel : est-ce que tu peux nous parler de l’évolution de l’équipement du studio ?
Le problème d’une boîte comme la notre, c’est que c’est un investissement permanent : le hardware est rapidement obsolète, on investit donc chaque année. Au niveau softs, classiquement, le système de licences annuelles avec Autodesk crée aussi de l’investissement… |
Au départ, pour les machines on avait pris que de l’intégré, et on a été très déçus par la solidité de l’intégration ; au bout de 5 ans environ on est passés sur du non intégré, autrement dit des marques, et ça allait déjà mieux, mais sans plus. Récemment on a fini par aller vers HP (via Progiss), et c’est probablement la meilleure solution : le fait d’avoir un prestataire tiers est un vrai plus puisqu’on n’a pas à gérer les problèmes nous-même, et c’est rapidement résolu. Finalement le confort c’est surtout d’avoir un prestataire qui connaît les besoins. |