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3DVF : Bonjour Lilian, pour commencer, pouvez-vous nous présenter le cursus d’ingénieur en Conception Numérique 3D que l’ESIEE Paris propose ?



L’an dernier, nous avons été fortement démarchés par deux types de sociétés : le BTP (qui est surtout axé 2D actuellement, mais le secteur souhaite passer à la 3D) et les pôles d’Innovation  & Recherche des entreprises du secteur automobile (qui ont une utilisation fréquente de réalité virtuelle).  


De plus l’ESIEE Paris est un acteur du pôle de compétitivité ADVANCITY – Ville et Mobilité Durables – projet dynamique consacré à « l’organisation de la ville, à l’habitat, à la mobilité des personnes, des biens et de l’information, le tout étant analysé sous l’angle du développement durable et des économies d’énergie ». La participation à ce pôle a permis de ressentir les besoins grandissant de certaines entreprises du secteur autour de la réalité virtuelle, de la maquette numérique et des outils de PLM.


A vu de l’expression des besoins de ces grands secteurs industriels, l’école a donc décidé de créer une filière spécifique en apprentissage en Conception Numérique 3D.

 

Nous avons aussi interrogé le secteur du jeu vidéo, mais l’alternance ne semble pas toujours bien s’adapter aux contraintes de production propre à leur métier.

D’autres secteurs d’application, comme le médical 3D (General Electrics, Siemens, etc…) et la visualisation scientifique (CEA, …), témoignent également d’un intérêt pour de tels profils.


Notre but n’est pas de créer une filière axée exclusivement sur un domaine comme le jeu vidéo, le cinéma ou le BTP, mais de réserver 3 années pour couvrir un maximum de  connaissances sur la 3D utilisée dans l’industrie. Quel que soit le secteur, jeu vidéo ou  BTP, un mesh reste un mesh !


Nous aborderons donc la partie temps réel (OpenGl, DirectX) comme la production offline (Maya par exemple), bref l’objectif est de rester généraliste.


Nous ne formons ni des infographistes, ni des opérateurs CAO, ni des designers, mais bel et bien des informaticiens spécialisés dans la 3D pour des applications industrielles.

 

L’idée n’est pas non plus de créer des experts en modèles d’illumination complexes ou en simulation physique.

 

Par contre, travailler directement avec les SDK des grands softs du commerce (gamme Autodesk ou Catia par exemple) pour rajouter des fonctions à un algorithme existant sera tout à fait dans leurs cordes : les ingénieurs seront capables d’implémenter des modèles mathématiques, ou de travailler avec des gens qui les manipulent, mais le but n’est pas qu’eux-mêmes soient les créateurs de ces modèles.


Ils auront aussi la capacité, par exemple, de prendre un algorithme existant et de le paralléliser pour du multicore, du GPU ou tout autre architecture spécifique. L’école a d’ailleurs été équipée d’un BladeCenter IBM très récemment pour la formation des étudiants aux calculs distribués.


Le but de la formation est notamment d’apporter une offre de développeurs professionnels pour les métiers de la 3D secteur où aujourd’hui on ne trouve essentiellement que des autodidactes et des indépendants. De plus, ce cursus sera un moyen d’offrir aux nouvelles générations de passionnés une vrai formation adaptée à leurs objectifs.



3DVF : Quels sont les débouchés d’une telle formation ?



A la sortie de l’école, les étudiants seront capables de travailler dans tous les secteurs ayant besoin d’une compétence informatique liée à la 3D : je pense par exemple au développement d’outils spécifiques dans Max/Maya, à l’ajout de fonctions dans CATIA, …, bref ils pourront rajouter des outils à l’existant ou les personnaliser.


Ils seront capables de mettre en œuvre des algorithmes pour le traitement de grands nuages de points. Le marché des scanners 3D a le vent en poupe depuis peu. Des millions de points sont acquis en quelques secondes à grande distance et ceci avec une très bonne précision (du mm pour les produits FARO) plus la possibilité d’enregistrer l’information couleur. C’est tout simplement révolutionnaire !

 

Les grands logiciels de 3D commencent à intégrer les formats natifs des différents constructeurs de scanners. Les choses bougent doucement, mais dans quelques années, ces outils seront des standards. Hors, il n’y a pas de formation aujourd’hui qui abordent ces problématiques de traitement de données géométriques de grande taille (plusieurs Mo par acquisition). 

 

Nous sommes plusieurs enseignants spécialisés dans le traitement de grands nuages de points (conversion vers des meshs, recalage, simplification etc). Nous pensons que ces applications autour des scans 3D vont générer beaucoup d’activités dans les années à venir.

Certains secteurs sont déjà en pleine explosion outre-manche (dentaire, bijouterie, prothésistes, contrôle, patrimoine). La vague arrive sur nous. Les imprimantes 3D sont aussi en plein essor.


Bref, les domaines d’application sont donc très variés, qu’il s’agisse des entreprises utilisatrices de logiciels 3D, d’éditeurs de logiciels, de concepteurs de hardware…


Du jeu vidéo au BTP, l’éventail est très large.

Le fait de rester généraliste dans l’approche 3D permet surtout aux étudiants de ne pas se retrouver pris au piège si pour une raison ou une autre, un secteur précis se retrouve en pleine crise et n’embauche plus, comme cela a pu être le cas récemment dans l’automobile, par exemple. Et puis d’une année sur l’autre, certains secteurs ont plus le vent en poupe que d’autres, il faut être prêt pour répondre à la demande.

  Le directeur Dominique Perrin.



3DVF : Comment et par qui le programme a-t-il été défini ?



Nous avons évidemment défini le cursus en lien avec les entreprises ; il nous a cependant fallu faire la part des choses, le but n’étant pas, comme je l’ai dit, de se spécialiser dans une filière particulière : faire un cours pour un corps de métier particulier était donc exclu.


La formation est axée sur les points centraux, la colonne vertébrale du secteur : nous ne souhaitons pas former les élèves à un soft précis (et donc d’avoir des élèves trop spécialisés, incapables de s’adapter) ou de voir 100% des logiciels, mais bel et bien de leur donner un bagage suffisant pour pouvoir s’adapter à des logiciels très différents.

 

3DVF : En quoi les formations d’ingénieurs classiques sont-elles insuffisantes, et pourquoi pensez- vous que cette nouvelle formation répond à ces lacunes ?



Les formations actuelles ont deux limites possibles :


– dans certains cas, la formation est très spécialisée (orientation mécanique / production / CAO par exemple) et elle ne permet pas de s’orienter par la suite vers certains secteurs de la 3D


– quant à la plupart des cursus, ils proposent une thématique autour de la 3D mais qui reste limitée (un module de 50h par exemple) et ne permet donc pas une couverture suffisante.

 

La formation que nous proposons comporte 900h dédiées à la 3D sur les 3 ans de formation soit 300h sur les logiciels et les librairies spécifiques et 600h sur l’informatique et les applications à la 3D.

Ils possèderont donc un solide socle de compétences techniques en 3D et ils auront également une connaissance des chaînes de production des différents métiers.


3DVF : Pourriez-vous justement nous donner quelques détails supplémentaires sur le programme lui-même, au cours des trois années de formation ?


Concrètement, le cursus comprend environ 1/3 d’anglais, sciences humaines et matières généralistes.

 

Répartition en pourcentage des matières.

 

Il y aura 40% d’informatique, sachant que le but est de toujours faire le lien avec la 3D dans les exercices et TP. Cela permet d’ailleurs de motiver les étudiants, en leur montrant toujours les applications pratiques des cours.

Enfin, 20% sont totalement orientés  3D, avec Maya, CATIA, OpenGL etc.


3DVF : Quels langages et API seront enseignés ?


Les cours porteront sur C/C++, DirectX et OpenGL pour le temps réel. Les élèves utiliseront aussi des langages de script, comme Mel pour le scripting sous Maya.



3DVF : La plaquette de la formation évoque des thématiques qui font beaucoup parler d’elles en ce moment : scan et impression 3D.

Comment ces sujets seront-ils abordés durant la formation ?


Le scan 3D est un secteur en plein boom actuellement ; du point de vue ingénieur, les connaissances à acquérir portent sur la manière de traiter les données 3D : comparer deux pièces pour savoir si elles sont identiques, chercher une pièce dans une base de données 3D, traiter les nuages de points…

 

3 personnes dans l’équipe pédagogique (dont moi) sont d’ailleurs spécialisées dans ce type de traitement.


Concrètement, il y aura à la fois des cours et des TP sur le sujet : c’est vraiment la partie innovante de la filière.


Nous avons aussi des liens avec certains utilisateurs de ces technologies, je pense par exemple à la gendarmerie scientifique, qui fait du scan 3D pour les scènes de crimes, et qui pourront intervenir dans le cadre de conférences.

 

Nous avons de très bons contacts avec FARO (constructeurs de systèmes de scan 3D, qu’il s’agisse par exemple de scanners à bras ou laser), situés à proximité de l’école.


Pour la stéréovision/les lunettes 3D, c’est beaucoup moins complexe dans le sens où du point de vue 3D, cela revient surtout à utiliser deux caméras dans OpenGl, par exemple.


L’impression 3D est un aspect plus mineur du point de vue de l’ingénieur, le gros du travail se situant en amont, lors du travail sur les meshes et nuages de points.



3DVF : Entre la 3D temps réel, la réalité virtuelle, le scan et l’impression 3D que nous venons d’évoquer, ou encore des logiciels liés à la 3D allant de CATIA et AutoCAD à Maya et 3ds Max, on compte de nombreux thèmes abordés au cours de la formation nécessitant des investissements et une infrastructure conséquents.

Comment avez-vous fait pour dimensionner le matériel nécessaire, la configuration des machines ?

 

Nous nous sommes appuyés sur les connaissances de l’équipe pédagogique ; je n’ai pas eu trop de problèmes, ayant déjà une certaine expérience sur ces questions (je fais notamment un peu d’animation sur les forums hardware.fr & choixpc.com).



 

J’ai opté pour des stations de travail haut de gamme HP avec double écran, confortables en terme de puissance, le but n’étant pas évidemment d’avoir la renderfarm d’un studio, mais d’avoir des outils apportant un bon contexte pédagogique.


Au niveau soft, c’est relativement facile ; en utilisant la gamme éducation, Progiss fournit la totalité de la gamme Autodesk pour une somme raisonnable, il n’y a donc pas de contrainte au niveau du choix, à ce niveau. Nous avons aussi Catia V5, et je réfléchis actuellement à l’achat de softs de la gamme Adobe.

 

3DVF : Pourquoi avoir choisi d’opter pour une formation par alternance, et non pour un système plus « classique » de stages de fin d’année ?

 

L’apprentissage, c’est avant tout un système qui rompt avec les méthodes d’enseignement classique trop scolaires pour certains étudiants. En effet, les jeunes très attirés par la technique et la technologie, même s’ils ont les capacités scolaires suffisantes, finissent par s’ennuyer dans un cursus classique et risque de décrocher.

 

Combien de jeunes brillants après un Bac+2 technique décident d’intégrer la vie active car pour eux, << continuer les études>>, ils ne voient pas à quoi cela sert car ils savent indirectement qu’ils ne vont pas être formés au métier qu’ils désirent. L’alternance, c’est mettre en avant l’adéquation entre formation et entreprise.

Vue de dessus de l’école.

 

 

 

L’école apporte les connaissances centrales à la fois techniques et théoriques (programmation, algorithmique, etc) et l’industriel apporte la connaissance métier que l’école ne peut amener. Je pense que c’est réellement un aspect innovant, une manière de fournir aux élèves une double compétence : l’informatique et la maîtrise d’un corps de métier spécifique.

 

De plus, un avantage important pour l’apprenti est d’être rémunéré. Il est directement intégré dans le tissu industriel, ce qui n’est pas le cas pour les cursus sans alternance. C’est assez utile pour les secteurs assez spécialisés qui demandent une première expérience dans le domaine comme le cinéma ou le BTP. Comment intégrer un tel milieu juste avec son diplôme d’informaticien en poche ?

 

Avec l’apprentissage, au bout de 3 ans on est directement opérationnel et on a déjà une très bonne expérience. Sans compter que bien souvent, une entreprise satisfaite par son apprenti qu’elle a elle-même formée à ses métiers et à ses outils internes est très motivée pour l’embaucher dès sa sortie de l’école.



3DVF : A qui s’adresse cette formation, quels profils d’étudiants recherchez-vous ?


Nous recrutons principalement des DUT informatique et GEII, mais nous restons ouverts : licence professionnelle par exemple, ou autre du moment que leur dossier en maths, informatique et anglais est assez suffisant.



3DVF : Comment se fait le recrutement ? Sur dossier, sur concours ?

 

La première phase du recrutement par l’école se fait sur dossier suivi d’une épreuve écrite de mathématiques et d’anglais.

 

Après cette première sélection, l’équipe pédagogique reçoit les candidats pour une audition technique et un entretien de motivation. C’est à l’issue de l’ensemble de ce processus que le jury d’admission se prononce.


Les candidats sélectionnés s’engagent ensuite dans une recherche de mission d’apprentissage. Cette étape est assimilable à une recherche d’emploi et contribue à mettre à l’épreuve leur motivation. Une fois le CV du candidat-apprenti retenu par une entreprise, le processus d’embauche se poursuit  donc classiquement par un entretien avec un responsable RH et un responsable technique de l’entreprise.

 

Au final, le candidat devra donc avoir validé au minimum 4 entretiens (2 par l’école, 2 par l’entreprise).

 

Ce processus contribue à la réussite du projet pédagogique et professionnel du futur apprenti.


L’école peut par ailleurs aider les entreprises dans leur recherche de profils adaptés à leurs besoins.  Trois grands moyens leur sont offerts : un forum apprentissage de rencontre entreprises-candidats en mai ; une cv-thèque en ligne des cv des candidats retenus par le jury d’admission ; la communication d’un petit échantillon de cv qui nous semblent pouvoir répondre aux besoins exprimés par l’entreprise. Chaque contact entreprise disposera en outre d’un correspondant identifié au sein de l’école qui sera chargé d’accueillir ses demandes et autres questions.



3DVF : Pouvez-vous nous parler de l’équipe pédagogique ?


Il y a une vingtaine d’enseignants généralistes en informatique, et sept personnes réellement axées 3D, qui font déjà de la recherche et des cours dans le domaine.


Les enseignants généralistes pourront aussi faire le lien entre leurs compétences et la 3D, comme ceux qui font de la topologie, ou les enseignants en architecture informatique : ils ne sont pas spécialistes en 3D mais leurs compétences sont connexes à ce domaine.

 

3DVF : Si une entreprise est intéressée par cette formation, comment peut-elle se manifester ?


Pour une entreprise, embaucher un apprenti-ingénieur dont la formation va s’étaler sur 3 ans suppose une perspective. L’apprenti devra en effet progressivement passer d’un niveau de technicien à celui d’ingénieur.

Le développement de compétences que cela suppose doit s’appuyer sur une vision RH et une montée en puissance du niveau des missions techniques confiées.

Compte tenu de la présence alternée en entreprise – selon des rythmes longs pour ce qui est de cette formation –

 

ce sont probablement les entreprises de taille moyenne ou grande et les secteurs dont les projets s’inscrivent dans le long terme qui trouveront le  plus intérêt à cette formation.


Rappelons par ailleurs qu’une entreprise embauchant un apprenti se doit de contribuer au coût réel de la formation par sa taxe d’apprentissage.


Pour plus d’informations sur la formation, les entreprises peuvent me contacter directement l.buzer@esiee.fr , responsable de la filière, ou pour la dimension relation entreprise : Anne-France de La Bourdonnaye af.delabourdonnaye@esiee.fr .



3DVF : Si des lecteurs sont intéressés par ce projet de nouvelle filière, comment peuvent-ils vous aider ?

 

L’investissement humain & matériel de l’école dans ce projet innovant est loin d’être négligeable. Vous pouvez notamment aider à son développement en reversant votre taxe d’apprentissage à l’école. Si vous êtes expert dans un domaine très pointu propre à la 3D et que l’idée d’enseigner à des ingénieurs vous attire, vous pouvez me contacter pour m’expliquer votre projet pédagogique. Vous pouvez aussi m’envoyer un mail pour me donner votre avis, votre ressenti ou un simple message de soutien sur ce projet !!!

 

3DVF : Quand ouvre la première année ?

 

Départ pour l’embarquement prévu pour le 1er septembre 2010 ! Les candidats-apprentis ont connaissance de leur admission mi-mai et sont donc immédiatement disponibles pour des propositions de mission d’apprentissage.

 


 

3DVF : Pour finir, est-ce qu’il y a un sujet que je n’ai pas abordé et dont vous auriez aimé parler ?

 

Ce qui me frappe en étudiant les entreprises intéressées par le projet de filière, c’est que les applications sont très variées et novatrices, parfois à la limite de la SF : à côté de projets très « classiques » dans le BTP, on a des domaines comme la police scientifique, les nouvelles applications du scan 3D, la 3D dans le médical…  C’est assez passionnant de voir l’évolution du secteur et ce qui préfigure le futur de la 3D.



 

Pour plus d’informations :

 

Visiter l’ESIEE Paris :

 

Visite virtuelle

Pour les industriels

 

Plaquette entreprise

décrivant aussi le contenu de la formation

Information sur le recrutement

Pour les étudiants

 

La plaquette étudiant

Informations sur la filière

 
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