Interview : Gilbert Dutertre, président du Paris ACM SIGGRAPH
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Nous vous avons présenté récemment l’association « les algoristes », au travers de l’interview de Xavier Gouchet. Comme nous vous l’avions dit, cet article n’était que le premier d’une série concernant les associations françaises en lien avec la 3D.
Rappelons au passage que les associations intéressées par des interviews sont invitées à nous contacter : benoit –at- 3dvf.fr. |
3DVF : Bonjour Gilbert, pourrais-tu nous présenter brièvement Paris ACM SIGGRAPH ?
Gilbert Dutertre : Le Paris ACM SIGGRAPH est une association de professionnels dont le but est de promouvoir l’imagerie numérique sous toutes ses formes et sur tous ses aspects, de l’infographie aux techniques interactives, au travers de sa culture et de ses applications. |
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3DVF : Pourrais-tu expliquer la notion de « chapitre », pour les lecteurs qui ne sauraient pas ce dont il s’agit ? Quels sont les liens concrets entre Paris ACM SIGGRAPH et ACM SIGGRAPH ?
Le Paris ACM SIGGRAPH est le « chapitre » d’ACM SIGGRAPH, le « SIG » dédié au « Computer Graphics » qui organise depuis 1973 le SIGGRAPH, le plus important festival mondial. |
ACM SIGGRAPH est un sous-groupe d’ACM (Association for Computing Machinery) fondée en 1947 comme première association scientifique dans le domaine de l’informatique.
En fait, étant le seul « chapitre » français en fonctionnement, notre domaine d’intervention est principalement parisien et francilien, mais s’étend sur toute la France et quelques fois au-delà. |
2ème « Rencontre Start-up et recherche » Atelier-BNP Paribas (décembre 2009)
3DVF : Paris ACM SIGGRAPH existe depuis 1984, pourrais-tu nous donner un petit historique de l’association ? Quelles sont ses origines ? Gilbert Dutertre : En 1984, l’association a été baptisée ACM SIGGRAPH France et a été le premier « chapitre » à être créé en dehors du continent américain. Des pionniers se sont regroupés autour de Guy Fontenier (professeur à l’Université de Compiègne) pour satisfaire aux mêmes objectifs qu’aujourd’hui. L’association s’est développée rapidement dans le mouvement de développement de la 3D française (au sens Computer Graphics). Tout était à faire à l’époque ! Des outils au savoir-faire en passant par les productions et les connaissances. ACM SIGGRAPH France a eu son apogée en 1990 en organisant le salon professionnel PIXIM au Palais des Congrès/Paris. |
Dans les années 90, l’association a continué une activité moins soutenue, car comme la 3D était « à la mode », beaucoup de structures se sont opportunément montées. ACM SIGGRAPH France a été rebaptisé Paris ACM SIGGRAPH, car un chapitre s’est créé à Saint-Malo, aux côtés d’unités de production de films d’animation 2D.
L’éclatement de la bulle Internet ayant fait son effet de délaissement des « nouvelles » technologies, c’est sur le constat du manque d’un réseau de professionnels de la 3D qu’à l’initiative de Pierre Berger, artiste et ancien journaliste, notre groupe de professionnels a réinvesti l’association en 2006 pour la réactiver. |
3DVF : Il s’agit du premier chapitre du SIGGRAPH créé hors des USA. Pourquoi la France plutôt qu’un autre pays, selon toi ? Est-ce un pur hasard ou cela est-il révélateur d’une situation particulière de la France à l’époque ?
Gilbert Dutertre : Ce n’est effectivement pas un hasard. Les plus jeunes ne se rendent pas compte que la France a joué un rôle de précurseur dans le développement de l’image de synthèse au niveau mondial, on parlait de « nouvelles images » alors, et ceci malgré l’absence de proximité avec les industries de l’informatique de la Silicon Valley et du film à Hollywood. Nous pouvons dater à 1983 le début de cette formidable aventure en France au travers de la réalisation du premier court métrage scénarisé en image de synthèse : « Maison Vole » réalisé par André Martin et Philippe Quéau et produit par l’Ina et la Sogitec. |
Toute la décennie suivante a porté au plus haut niveau mondial les couleurs françaises par exemple au travers d’un des logiciels de création 3D les plus vendus au monde (Explore/TDI), de l’attribution d’un Emmy Award à Fantôme pour la suite de la première série d’animation 3D « Insektors », de l’existence d’un des plus importants festivals internationaux Imagina, créé par l’Ina en 1981…
Aujourd’hui, la création française est toujours présente et reconnue internationalement au travers des studios de création, de la recherche, de l’industrie du jeu vidéo et des écoles supérieures spécialisées dans lesquels les studios américains et anglais viennent chaque année faire leurs « courses ». |
Maison Vole, 1983 : réalisation André Martin / Philippe Quéau, production Ina / Sogitac Audiovisuel
3DVF : Quels sont les buts de l’association ?
Gilbert Dutertre : Les principaux buts portés par l’association sont de : – révéler les talents, qu’ils soient animateurs, artistes, étudiants, chercheurs, développeurs, entrepreneurs… , – favoriser les échanges et les contacts professionnels, – de développer les connaissances et de contribuer à construire une réflexion dans ces domaines d’activités. |
Le Paris ACM SIGGRAPH est la seule association a offrir à la communauté française de l’imagerie numérique une rencontre entre tous les métiers de ses spécialités artistes, enseignants et chercheurs, professionnels et industriels, institutions et médias. |
3DVF : Pourrais-tu nous parler des activités concrètes proposées aux membres ?
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Stand Paris ACM SIGGRAPH durant Laval Virtual 2008 |
3DVF : Quelles sont les conditions d’adhésion ? Quel est l’intérêt d’adhérer pour un individu ou une entreprise, sachant que beaucoup d’évènements sont en accès libre pour les non-membres ?
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Aujourd’hui, une petite centaine de membres nous soutiennent ainsi que l’Atelier, BNP Paribas, Sony, ArtFx, Isart Digital, la Cité des Sciences et de l’Industrie, l’ISD, Gobelins, Cap Digital. Mais c’est aussi plus de 2 000 professionnels et étudiants qui reçoivent nos annonces.
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Avec (de gauche à droite) Claude Méchoula/ex-Sogitec, Jean-Charles Hourcade/ex-TDI, Georges Lacroix/ex-Fantôme, Jerzy Kular/ex-Ex Machina, Rodolphe Chabrier/Mac Guff Ligne |
3DVF : Y a-t-il un profil type des membres ? Combien sont-ils ?
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3DVF : Pourrais-tu d’ailleurs évoquer ton parcours personnel ?
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Enfin, lorsque l’Ina s’est retiré de l’organisation d’Imagina en 2000, en constituant au sein du Dépôt Légal de la radio-télévision, le Fonds de création audiovisuelle contemporaine pour garder au patrimoine national les témoignages de la création audiovisuelle. Depuis 2005, cette mission s’est élargie aux archives audiovisuelles de la création théâtrale française.
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3DVF : Quels sont les projets actuels et futurs de l’association ? À quelles manifestations et évènements l’association va-t-elle participer durant l’année 2010 ?
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3DVF : Pour finir, y a-t-il un sujet que je n’ai pas abordé et dont tu aurais aimé parler ?
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d’excellente qualité. Les étrangers le reconnaissent au travers de leurs embauches et même de la délocalisation d’écoles (par exemple Supinfocom en Inde).
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Pour en Savoir plus : – Commenter l’interview sur le forum ; – Site officiel du Paris ACM SIGGRAPH ; – Wiki dédié à l’Histoire de la 3D française ; – Groupe Facebook de l’Histoire de la 3D française. |
« Projection du Best of du Computer Animation Festival de Siggraph 2009 » à Parisfx 2009/Espace Pierre Cardin (décembre 2009)
Benoît Rogez – 3DVF.com 2010