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Régis Hervagault




3DVF : Pour commencer, pouvez-vous vous présenter aux lecteurs de 3DVF qui ne connaissent pas encore votre travail et nous parler de votre parcours scolaire et professionnel ?


Régis Hervagault : J’ai 35 ans, un DUT Informatique et un DU Image Infographie Communication. Je suis graphiste à Laval, après un parcours professionnel riche de multiples expériences en tant que créatif ou technicien au service de l’éducation et la culture.






3DVF : Comment s’est déroulé votre rencontre avec les outils de création numériques ?


Régis Hervagault : Comme beaucoup de collégiens des années 80, je me suis intéressé à la micro-informatique avec l’arrivée des ZX spectrum, C64…

 

Le déclic créatif s’est produit dans la scène démo où l’on pouvait admirer d’incroyables animations en temps réel à partir d’exploits techniques poussant ces machines 8bits dans leurs derniers retranchements. et puis… Il y a eu l’Amiga !

Je me souviens des nuits blanches passées à taper et corriger des lignes de code indigeste pour animer des sprites, jouer un son, etc… Et synchroniser le tout sur la fréquence de balayage de l’écran.




3DVF : Quels logiciels vous permettent de les réaliser  ?


Régis Hervagault : After effects, blender, modo et zbrush. avec ces 4 là, il y a un potentiel assez incroyable pour donner vie rapidement à ses idées et en expérimenter de nouvelles en chemin. avec quelques scripts pour les inter-connecter, on s’organise un workflow très intéressant.

 


 




3DVF : De quelle manière définiriez vous vos œuvres et votre approche créative en général ?


Régis Hervagault : Aujourdhui, la panoplie de logiciels disponibles est vertigineuse et les possibilités créatives bien plus vastes, j’essaye donc de ne rien trop définir pour ne pas me limiter.

Mais je garde cette mentalité de bidouilleur au sens noble du terme : expérimenter ce que la machine/le programme a dans le ventre, baliser leurs limites et faire du beta-test créatif en détournant l’outil de son usage premier pour mieux se l’approprier…

C’est une activité quotidienne très stimulante. chaque projet donne l’occasion de se renouveller, tenter de nouvelles choses, chercher des solutions.


 

 

 

3DVF : Parlez-nous de votre approche créative, du lien avec la musique de vos travaux ?


Régis Hervagault : Il est essentiel. Depuis toujours, je travaille surtout l’image en mouvement et/ou en relation avec le sonore. Après avoir fréquenté pendant longtemps les circuits alternatifs et participé à l’éclosion de la scène locale de musiques électroniques, j’ai eu la chance de travailler à l’Institut international de Musique Electroacoustique de Bourges où la démarche expérimentale est au coeur du processus de création. A notre époque dominée par le périssable, c’est un luxe que de pouvoir tester son projet sur la durée, prendre le temps de multiplier les approches, épanouir les concepts.

Là-bas, j’ai appris à peaufiner le geste et affirmer l’intention dans un soucis de clarté, sans tomber dans le perfectionnisme. Avec une approche radicalement différente de l’écoute depuis cette expérience, c’est la richesse des textures et l’interaction des fréquences qui prime aujourd’hui dans ma soif de sons nouveaux et des images qui vont avec. Celà dit, je retourne souvent à un bon vieux autechre :).



 

3DVF : Vos créations sont d’un genre peu répandus, on pourrait même les qualifier d’expérimentales. Quels sont les retours que vous pouvez collecter de la part du grand public, mais aussi des professionnels de l’image numérique, de l’animation, voir du film en général ?


Régis Hervagault : Ils sont plutôt bons et m’encouragent à perséverer dans cette voie.

 

C’est beaucoup plus facile aujourd’hui.

La démocratisation de logiciels comme photoshop a ouvert les yeux des gens sur le numérique et la génération MTV débroussaillé le terrain avec une surenchère d’images sur-vitaminéess. Il y a donc tout un public qui en redemande sur internet et c’est tant mieux pour les jeunes créateurs qui peuvent ainsi exister en marge des circuits traditionnels qui restent encore frileux, il faut bien le reconnaitre.

 


 

 

3DVF : Pour votre film « Spheres », combien de temps à durer la production et quels étaient les moyens mis à votre disposition ?


Régis Hervagault : La version initiale de cette animation a servi de décor virtuel sur un écran de 16 mètres pour la scène du théatre de Laval le 15 janvier 2008 pendant la performance robotique et musicale du groupe Urban Orchestra qui invitait pour l’occasion le duo parisien « something à la mode ».

J’ai exploré plusieurs pistes graphiques et proposé deux animatiques avant de développer ce concept pendant le mois de décembre autour du logiciel groboto.

Pour chorégraphier le ballet des sphères et

 

leurs variations lumineuses, j’ai mis à contribution plusieurs méthodes d’extraction de données à partir d’enregistrements audio transmis par le groupe puis ajusté manuellement tous les mouvements et transitions entre chacune des configurations géométriques majeures.

Le projet m’a occupé pendant environ 3 semaines dont 11 jours de rendu sur 2 PC Core2duo E6600 overclockés à 3GHz pour l’occasion.

Un premier PC calculait différentes passes 3D reprises par le deuxième ordinateur pour les multiples couches d’effets 2D.

L’export final a eu lieu dans after effects avec les merveilleux plugins trapcode que beaucoup auront reconnus.


 

 

3DVF : Le film est-il entièrement réalisé avec des outils de création 2d ou 3d, ou y a-t-il également des éléments réels composités ?


Régis Hervagault : Oui, tout est 100% synthétique.





3DVF : Vous semblez apprécier non négligemment l’utilisation de fractales et de particules; pouvez-vous nous en dire plus sur ces choix ?


Régis Hervagault : Effectivement, tous ces univers mathématiques sont autant de paysages fascinants à explorer.

La visualisation est un domaine en pleine expansion avec des outils comme vvvv ou processing qui ouvrent des perspectives exaltantes…

Il y a des gens qui créent des choses vraiment magnifiques avec et c’est toujours un régal de discuter du dernier apophysis ou trapcode particular :).

 


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