Yankee Gal



3DVF : La lumière et les choix artistiques concernant les couleurs ont une grande importance dans votre film. Comment avez-vous travaillé sur ces parties ?


L’équipe : Du fait que le film parle de mort, nous ne voulions pas que les couleurs paraissent trop morbides et nous avons essayé de le rendre plus séduisant à l’aide de la palette de couleur.


Elle devait être à l’opposé du simple noir et blanc, être chaleureuses et chatoyantes. Des 90 plans, 60 ont fait l’objet de recherches spécifiques sur l’éclairage. Nous avons aussi voulu avoir deux palettes de couleurs bien distinctes pour les deux mondes décrits afin de distinctement séparer ces deux parties. Nous devions pouvoir passer rapidement d’un monde à l’autre sans perdre le fil de l’histoire et sans avoir à beaucoup revenir sur le choix des couleurs.

 

 


3DVF : Est ce que l’éclairage fur l’une des parties les plus difficiles à réaliser ?


L’équipe : Chaque partie de ce court métrage fut un défi et nous savions que la lumière devait être à la hauteur de nos attentes, et notamment ce que nous avions mis en place dans le scénario de base. Nous ne voulions rien perdre de ce que nous avions défini au départ. L’éclairage fut réglé de manière très simple, pas de contrôle d’exposition, mapping des tonalités, correction gamma durant le flux de travail, pas non plus d’illumination globale ou de gestion volumétrique. Nous avions grâce à cela un contrôle complet sur la colorimétrie et le contraste.

 

Nous nous étions mis d’accord sur le fait d’utiliser deux lumières d’ambiance seulement pour aplatir un peu l’image et donner plus de vie aux couleurs tout en mettant l’accent sur un style illustratif. La lumière de face fut calculée dans une passe séparée afin de mettre plus en avant le personnage. Le plus gros problème fut de trouver la bonne ambiance pour les couleurs rouges car aucune autre couleur ne venait s’ajouter à cette teinte, et au départ cela avait l’air vraiment horrible.


3DVF : Je pense qu’il est indéniable que nous pouvons ressentir une certaine virtuosité dans ce court métrage. Est ce quelque chose que vous souhaitiez insuffler dès les premiers plans ?


L’équipe : On peut le dire. La 3D est sans merci et il n’y a pas d’autres choix que de planifier chacun des plans à l’avance. Cela n’a rien à voir avec le fait de prendre une caméra et de se demander ce que l’on va pouvoir essayer dans la prochaine séquence. En 3D vous devez savoir quels plans utiliser à quel moment avant même d’avoir un seul plan de prêt. La prise de vue est en quelque sorte la dernière étape du processus. Nous avons travaillé très durement sur l’animatique, qui est une version basse qualité du film, sur laquelle vous avez encore le loisir d’expérimenter des choses. C’était certainement l’un des plus gros défis que de valider cette partie car on ne pouvait plus revenir en arrière après. L’animatique était comme une aire de jeu où nous testions nos idées.


D’un autre coté, cette préparation est la pièce qui nous a fait orchestrer tout le reste. Le film décrit une espèce de spirale descendante, et la caméra joue un rôle primordial dans les scènes de danse des personnages. Nous avons essayé de donner le meilleur de nous-mêmes pour que le spectateur pense que le film se déroulait de manière incontrôlable.




3DVF : Justement, en parlant des scènes de danse, avec vous utilisé des systèmes de capture de mouvements.


AP : Nous avons réalisé ces séquences de danse afin de correspondre à l’ambiance du film, qui va du swing au jazz en passant par des chorégraphies de Marilyn Monroe. D’un point de vue technique, nous n’avons utilisé aucun système de capture et tout est animé à la main. Je ne suis pas sur de toute façon que les résultats en auraient été plus satisfaisants. L’animation est en fait assez exagérée, pas si réaliste que ça. Nous nous sommes filmés nous-mêmes en train de danser pour avoir des références, et avons de plus eu la chance d’avoir de travailler avec Bob Bennet qui était notre professeur. C’est un vrai génie qui a collaboré avec les plus grands comme Richard Williams.


3DVF : Quel est à votre avis l’élément qui fait le succès d’un court métrage ?


AP : D’un point de vue artistique le succès dépend du fait de faire la bonne chose au bon moment. Le succès n’a quelquefois rien à voir avec la qualité, et une personne qui rechercherait le succès à tout prix peut ne jamais l’atteindre. Ce qui est important c’est de de comprendre et de bien savoir ce que vous aimez faire, et de le faire bien.


Du point de vue de la production, le succès est aussi un succès d’équipe découlant des compétences et de la cohésion entre ses membres ; c’est un rapport relationnel. Nous concernant, je ne parlerais pas de succès. « Yankee Gal » à reçu un accueil chaleureux, nous sommes fiers de son taux de partage sur Internet, mais le succès c’est quelque chose qui va au-delà de cela.

 

 


3DVF : Réaliser un tel projet est certainement une très bonne expérience concernant justement le travail d’équipe. Pouvez-vous en ressentir encore aujourd’hui les fruits ?

 

AP : Bien entendu, et nous sommes tous d’accord pour dire que c’est l’un des meilleurs atouts de Supinfocom. Tandis que nous étudions à Supinfocom, nous étions frustrés par le fait que l’on nous laisse quelquefois aller vers les problèmes. Vous vous attendez à ce qu’une école vous apprenne tout, mais vous comprenez que vous devez par vous-mêmes apprendre certaines choses. Au final tout cela donne du sens, car même si nous avons commis énormément d’erreurs durant la production, autant en termes techniques qu’émotionnels, en dernier lieu nous en sommes ressortis plus forts et plus efficaces que nous ne l’étions au départ.

 

 

 

3DVF : Quels sont actuellement vos projets personnels ?


L’équipe : La plupart d’entres nous avons déjà des projets en préparation, mais nous essayons de trouver le temps de nous en occuper. Céline et Antoine écrivent un nouveau court métrage et chercheront un producteur une fois le scénario et design terminés. Il y a de grandes chances que ce soit un cran au-dessus de Yankee Gal. De plus Gary a rejoint Clément Soulmagnon pour réaliser un autre film court. Ils y travaillent à plein temps alors surveillez cela de prêt !

Visuellement cela sera certainement proche de du film de Clément Gary, et certainement meilleur.


3DVF : Quels sont vos films courts préférés ?


L’équipe : Sans ordre de préférence :

The Grandmother (David Lynch), Hernando (Supinfocom 2004), La Queue de la Souris (La Poudrière), L’oeil du Cyclone (La Poudrière), Passion Ski (Les Gobelins 2008) , For Socks Sake (Les Gobelins 2008), Le Moine et le Poisson (Michel Dubock) ,Vincent (Tim Burton), Overtime (Supinfocom 2004, Oury Atlan), Please Say Something (David Oreilly), Rejected Cartoons (Don Hertzfeld), An Eye for Annai (Jon Klassen), Procrastination (john Kelly), Orgesticulanismus (Mathieu Labaye) and Jojo in the Stars (Marc Craste).

 

 


Yankee Gal, Site Web : www.yankeegal.com


Interview de www.itsartmag.com

 

 

 

 

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