Studio Ghibli – Ponyo sur la Falaise



NOTES DE PRODUCTION
Magicien moderne, poète unique qui allie les idées les plus originales aux images les plus oniriques, Hayao Miyazaki revient enfin, et nous offre une de ces fables bouleversantes dont il a le secret.

 



Quatre ans après LE CHÂTEAU AMBULANT, Hayao Miyazaki a choisi de réaliser son nouveau film d’animation, PONYO SUR LA FALAISE, entièrement à la main et sans ordinateur, dans un style graphique simple et épuré qui donne à ses personnages et ses décors un aspect familier et une énergie que l’on ne trouve que dans le cinéma d’animation traditionnel. Sa vision du film étant née alors qu’il observait l’océan pendant une tempête, Hayao Miyazaki a prêté une attention toute particulière au rendu de la mer et des vagues, et a créé un monde qui va bien au-delà de ce que le public pourrait imaginer. Pour concevoir ce film, le maître s’est entouré de ses plus fidèles collaborateurs.

 

Le poste de superviseur de l’animation a été confié à Katsuya Kondo, qui avait déjà travaillé à ce même poste avec Hayao Miyazaki sur KIKI LA PETITE SORCIÈRE. Le directeur artistique est Noboru Yoshida, un des piliers du département des décors et des fonds du Studio Ghibli depuis PRINCESSE MONONOKE, un artiste dont le style personnel unique proche de celui des livres illustrés pour enfants a donné au film un style léger et rafraîchissant. Le directeur de l’imagerie numérique Atsushi Okui et le coloriste Michiyo Yasuda, un collaborateur de longue date de Hayao Miyazaki, ont aussi joué des rôles importants dans le processus de création d’un style graphique spectaculaire qui sert l’intensité dramatique


 

 


“Mer, notre mère”

Paroles de WAKAKO KAKU et HAYAO MIYAZAKI
Musique composée et arrangée par JOE HISAISHI
Chant : MASAKO HAYASHI

Cette chanson est inspirée de “Sakana”, un poème de Wakako Kaku. Au Japon, les chansons sur la mer décrivent souvent celle-ci comme un paysage ou un monde en soi. Comme on le chante dans la chanson “Umi”* qui est enseignée aux écoliers, “la mer est vaste et infinie”.

 

Mais pour PONYO SUR LA FALAISE, Hayao Miyazaki voulait une chanson qui parle de la mer d’une façon complètement nouvelle. Le réalisateur désirait une chanson sur la mer chantée par la mer elle-même. Un jour, il découvrit un poème de Wakako Kaku dans lequel la mer prenait la parole. Frappé par cette découverte, il s’inspira du poème pour écrire les paroles de “Mer, notre Mère”. Plus tard, le compositeur de la musique du film, Joe Hisaishi, trouva dans les notes que Hayao Miyazaki avait écrites à son intention un message qui accompagnait les paroles de “Mer, notre Mère” : “Cette chanson est basée sur le poème “Sakana” (Poisson) de la poétesse Wakako Kaku, qui figure dans son recueil de poésies “Umi no Youna Otona ni Naru”**. Ainsi naquit “Umi no Okaasan” (“Mer, notre Mère”), une nouvelle chanson sur la mer créée par Hayao Miyazaki, Wakako Kaku et Joe Hisaishi.


Soseki Natsume
Après avoir achevé LE CHÂTEAU AMBULANT, Hayao Miyazaki s’est plongé dans les oeuvres complètes du romancier japonais Soseki Natsume. Cet intérêt a eu une influence étonnante sur PONYO SUR LA FALAISE. Le nom du personnage principal du roman de Soseki Natsume “The Gate” (le troisième d’une trilogie qui inclut “Sanshiro” et “And Then”), est Sosuke, celui qui vit “dans une maison sous une falaise”. Bien que sa transcription en caractère kanji ne soit pas parfaitement exacte, le lien avec le personnage principal de Hayao Miyazaki, Sosuke, est clair.

 

“Ophélie”, John Everett Millais (1852)
Un des premiers romans de l’auteur, “Kusamakura” (“The Three-Cornered World”), lui a été inspiré par un tableau qu’il a contemplé au Tate Museum quand il était étudiant à Londres, “Ophélie” de John Everett Millais, et contient de nombreuses allusions à cette oeuvre. Hayao Miyazaki s’est alors intéressé à cette peinture si ensorcelante, à tel point qu’il s’est rendu à Londres pour la voir de ses propres yeux. Stupéfait par la beauté du tableau, le maître décida de “changer de cap et de passer d’un style sans cesse plus mature à un style plus simple et naturel”. D’une certaine façon, on peut dire que PONYO SUR LA FALAISE a vu le jour grâce à Soseki Natsume. Autre coïncidence amusante, Soseki Natsume est né le cinquième jour du premier mois de l’ancien calendrier lunaire, et Hayao Miyazaki est né un 5 janvier (nouveau calendrier solaire).

 

Richard Wagner et l’Opéra “La Walkyrie”
En travaillant sur l’intrigue du film, Hayao Miyazaki écoutait souvent “La Walkyrie” de Richard Wagner, expliquant à ses collaborateurs que cette musique faisait circuler de l’adrénaline dans ses veines. L’opéra a donc lui aussi eu une certaine influence sur le film. Le vrai nom de Ponyo, Brünnhilde, est celui de l’aînée des neuf soeurs Walkyries, celle que son père Wotan en colère endort à jamais d’un baiser magique. Un autre aspect du film de Hayao Miyazaki est directement inspiré des Walkyries, et de leur monde où les Dieux sont sur le point de mourir : comme Wotan, le chef des dieux, le père de Ponyo, Fujimoto, tente d’empêcher la fin du monde.

 


 

 

L’héritage du Musée Ghibli et de ses courts métrages
L’expérience accumulée au cours des nombreuses expérimentations visuelles réalisées pour les six courts métrages produits pour le Musée Ghibli se reflète aussi dans le film. On y retrouve notamment le style rappelant les livres d’images des décors de “Koro’s Big Day Out”, qui est projeté au musée depuis 2001. C’est dans ce court métrage que ce style chaleureux et un peu nostalgique créé par le directeur artistique Noboru Yoshida a été utilisé pour la première fois.

Les scènes sous-marines très détaillées de PONYO SUR LA FALAISE rappellent “Mon Mon the Water Spider”, projeté au musée depuis 2006. Les arbres, l’herbe et le vent dessinés à la main de “House Hunting”, projeté depuis 2006, ont inspiré ceux de PONYO SUR LA FALAISE. On retrouve aussi des éléments de “The Whale Hunt”, qui est projeté au musée Ghibli depuis son ouverture en octobre 2001. Quant aux objets brillants en trois dimensions, ils ont été créés comme ceux de “The Day I Bought A Star”, sans infographie ni ordinateur. Grâce à ces expérimentations, Hayao Miyazaki a conçu PONYO SUR LA FALAISE sans utiliser d’images créées par ordinateur, contrairement à la plupart des films d’animation d’aujourd’hui qui ne se dessinent plus à la main et font appel aux ordinateurs pour les tâches les plus fondamentales, pour créer les décors et les personnages et ajouter les couleurs et des effets de lumière. Tout ce qui bouge dans PONYO SUR LA FALAISE a été animé à la main, renouant ainsi pour le plus grand plaisir des spectateurs avec la force vitale pétillante des anciens dessins animés entièrement créés par la main de l’homme.

 


 

 

L’influence mystérieuse de la lune
La présence de la lune est très forte dans le film. Elle est gigantesque, et devient plus grande encore chaque fois qu’elle apparaît. Selon Hayao Miyazaki, ce phénomène est dû au fait que l’équilibre du monde a été rompu. En s’approchant de la Terre, la lune affaiblit la gravité et provoque une montée des eaux qui engloutit la ville de Sosuke et Lisa.

 

Il y a aussi dans le film un autre symbolisme lié à la lune. La lune a longtemps été perçue comme un symbole de la féminité. La mère de Ponyo, Gran Mamare, apparaît pour la première fois dans le film pendant la nuit et semble toujours baignée par la clarté de la lune. On dit que la lune affecte l’esprit humain, et qu’il se produit plus de suicides les nuits de pleine lune. Les phases de la lune, et les marées qu’elle provoque, sont censées avoir une influence sur nos humeurs et sur la vie et la mort des hommes. D’une certaine façon, l’homme est donc un être vivant assujetti à la lune et ses changements.

 

 

 

Le retour de “la ville engloutie”
Le thème de la ville engloutie revient fréquemment dans les films de Hayao Miyazaki. La ville romaine qui apparaît à la fin du CHÂTEAU DE CAGLIOSTRO (1979), et la ville de Mimi submergée par une pluie battante dans “Les Aventures de Petit Panda” (1973), court métrage d’Isao Takahata écrit par Miyazaki, en sont quelques exemples. Dans PONYO SUR LA FALAISE, la cité de Sosuke et Lisa disparaissent elles aussi sous les eaux.Toutes les villes englouties de Hayao Miyazaki ont en commun de ne pas disparaître sous une eau boueuse et sale, mais dans une eau claire et limpide. Après avoir vu le film d’animation FANTASIA 2000 des studios Disney, Hayao Miyazaki a déclaré : “C’était presque parfait. Si j’avais fait ce film, j’aurais fait danser les flamants roses sur la mer avec en dessous d’eux la ville de Venise sous les eaux.” Récurrente dans l’oeuvre du maître, l’image de la ville engloutie ne cesse de passionner Hayao Miyazaki.

 

Un attachement particulier pour les glaïeuls
On peut voir dans le film des glaïeuls fleurir à Sunflower, dans l’école de Sosuke et dans la maison de retraite qui se trouve
à côté. Le glaïeul a plusieurs significations dans le langage des fleurs, dont “amour passionné”, “souvenir”, “effort”, et “oubli”. Peu de fleurs symbolisent autant d’idées à la fois. Alors qu’il travaillait sur les décors avec son directeur artistique pendant la phase de préproduction, Hayao Miyazaki exprima son désir de faire figurer des glaïeuls dans le film. Il désirait qu’ils soient les témoins de l’amour simple et passionné de Ponyo et des efforts que fait Sosuke pour surmonter l’épreuve qui se présente à lui, mais aussi un symbole, après que tous les événements du film soient terminés, de l’oubli qui s’empare des personnages quand ils reprennent leur vie ordinaire comme si rien ne s’était passé, comme si tout n’avait été qu’un rêve.

 


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