Rencontre avec l’illustratrice Diane Ozdamar


Quels sont pour vous les différents processus à mettre en oeuvre pour réussir une image?


Diane Özdamar : Je pense que pour réussir une image, le plus important est d’être passionné et motivé. Et de beaucoup, beaucoup travailler… Ensuite, il est important de comprendre comment fonctionne l’impact des lumières sur un objet, et de prendre parti quant à la composition. Une composition très particulière peut très bien fonctionner, même si elle n’est pas forcément recommandée, tant qu’il y a des éléments forts qui guident l’œil du spectateur, et qu’elle est totalement assumée et accentuée.


Je pense qu’une bonne observation du monde qui nous entoure peut beaucoup aider, et aussi le fait de cesser de dessiner ce que l’on sait, mais plutôt ce que l’on voit. Par exemple, beaucoup de personnes ont tendance à utiliser du blanc pour dessiner le blanc des yeux. Or, il n’est jamais, ou du moins quasiment jamais blanc! Il s’agit que la lumière soit faible et chaude pour que le blanc des yeux ait une couleur grise-orangée, etc… Il est vraiment très important de désapprendre ce que l’on sait et de se concentrer sur ce que l’on voit réellement. Il faut aussi rester humble, accepter la critique et essayer d’apprendre de ses erreurs autant que possible.



Comment définiriez-vous votre style graphique ?


Diane Özdamar : pas forcément par le fait que je sois une femme, mais plutôt par mon vécu. J’ai vécu pendant de longues années à la campagne, à passer mes journées au bord d’un lac ou dans les forêts, et j’ai développé une certaine sensibilité par rapport aux éléments naturels. Depuis que j’habite en ville, j’ai souvent tendance à m’orienter vers des personnages plus urbains et « robotisés ».



Une autre artiste féminine a une forte présence sur CG Gallery, Nikolai Alexander. Comment voyez-vous votre travail par rapport au sien ?


Diane Özdamar : Tout d’abord, j’apprécie beaucoup son travail! Je trouve que son approche est assez traditionnelle et m’évoque souvent la peinture à l’huile. Son travail me semble en un sens beaucoup plus « réaliste » et « atmosphérique » que le mien, qui a tendance à être plus illustratif (moins « vaporeux ») et agressif. Je pense que c’est lié en grande partie aux cadrages très serrés et aux ombres très contrastées que j’affectionne, tandis que les travaux de Nikolai Alexander sont beaucoup plus « doux », avec plus d’espace et un travail de lumières beaucoup plus éthéré à mon sens. Ses œuvres sont très belles.



Pensez-vous que votre travail a pris de nouvelles directions ces derniers mois?


Diane Özdamar : Je pense qu’il prend de nouvelles directions en permanence, en fonction de mon humeur et des choses que j’apprends. J’ai notamment envie d’explorer des compositions plus larges avec plus de personnages et des ambiances différentes, mais cela évoluera certainement avec ma technique et mes acquis… et je ne pense pas cesser d’apprendre un jour. Je ne suis pour l’instant qu’aux balbutiements de mon travail.



Quels sont vos outils préférés ?


Diane Özdamar : Mes outils préférés pour le travail numérique sont Photoshop et ma tablette graphique (wacom intuos3 A4), bien que je travaille aussi sous illustrator et que je me sois essayée à Painter. J’affectionne particulièrement ces outils parce qu’ils me semblent très simples d’utilisation.


En effet, je travaille avec Photoshop depuis la version 5 (à l’époque, je dessinais des voitures à la souris et j’effectuais de petites – et mauvaises – retouches photographiques, j’avais 15 ans) et j’ai appris à l’employer de manière relativement intuitive à force d’en explorer les menus.


Je me suis réellement mise à la peinture numérique en février 2006, mais tout cet apprentissage préalable m’a permis d’emblée d’utiliser Photoshop aisément et je me suis donc maintenue sur ce logiciel.


Pour ce qui est du travail traditionnel, un simple crayon, une gomme mie-de-pain et n’importe quelle feuille de papier feront l’affaire. Les supports trop nobles me font « peur », j’ai souvent peur de les gâcher.




Quelle est votre vision de cet art (numérique) et en quoi pensez-vous produire un travail artistique?


Diane Özdamar : J’avoue que le mot « artistique » me dérange un peu, sachant que le terme « art » porte diverses significations. J’ai plus l’impression de produire un travail d’illustration qu’un travail artistique au sens où l’on enseigne l’art dans les écoles d’art (celui-ci devant être vecteur de concepts forts, de messages, souvent critique…).


Je pense que ce que l’on nomme art numérique est extrêmement vaste et peut être regroupé en un très grand nombre de catégories. Si l’on considère la catégorie « concept art » (création de personnages, univers, etc…), à ce compte-là, en effet, il me semble produire un travail artistique. En revanche, si l’on se base sur une définition souvent donnée dans les écoles d’art (notamment françaises), il s’agit plus d’un travail de divertissement et d’illustration.


Je pense de toute façon que l’art numérique en général a beaucoup d’avenir, au vu de l’évolution des outils et de l’engouement qu’il génère.



Quelles sont pour vous les clefs de la réussite pour un artiste numérique?



Diane Özdamar : Malheureusement, beaucoup de marketing, qui consomme énormément de temps, souvent au détriment de la pratique. Mais sinon, énormément de pratique (quotidienne!) et beaucoup de passion. Il ne faut pas non plus hésiter à demander divers avis et à accepter les critiques, même les plus rudes. Toute critique constructive est bonne à prendre, même si elle peut décourager. Je considère que les communautés artistiques en ligne m’ont permis d’évoluer au moins dix fois plus rapidement que si je n’avais jamais osé poster mes croquis et mauvais dessins pour demander des avis.

 

Chargement....

A Lire également