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François Rimasson

Francois Rimasson, Infographiste 3D

 

 

3DVF : François, bonjour.
Pourrais-tu nous raconter ta découverte avec l’outil numérique? Celle-ci est venue grâce à une formation, où as-tu découvert la 3D ? En tant qu’autodidacte? Par hasard? Ou bien encore, par passion?


François : J’ai découvert l’informatique il y a une quinzaine d’années. J’ai tout de suite été attiré par l’outil, et la première machine que j’ai achetée était un Thomson To7. A l’époque sa puissance et ce qu’on pouvait faire avec étaient terriblement limités, ca se limitait quasi-exclusivement aux jeux vidéos, et j’ai eu envie de me lancer là-dedans. Ca a été le début d’une grande passion. Quelques années plus tard, j’ai travaillé comme freelance sur divers jeux comme Crazy Cars 3, Agony ou Super Cauldron, avant de me faire engager définitivement chez Kalisto.

 

 

3DVF : Tu fais donc partie des artistes précurseurs qui bossaient déjà pour des machines telles que l’AtariSt et l’Amiga500!
Que penses-tu de la considérable évolution qu’a subi l’informatique en général de cette période à aujourd’hui, sur le plan technologique mais surtout au niveau artistique et humain? En conséquence, as-tu un avis sur l’industrie qui s’est générée autour de ces « nouveaux outils » ?

 

François : C’est clair qu’il y a 10 ans, l’informatique était surtout une affaire de spécialistes ou de passionnés. Avec la chute des prix et la montée en puissance des machines et des logiciels, ca s’est mis à la portée de beaucoup de personnes. Il y a beaucoup d’artistes traditionnels qui regardent ca d’un peu plus près, qui s’y mettent de plus en plus, meme si c’est un peu par la force des choses, vu que le travail est surtout là, désormais. Tant mieux, d’ailleurs : Ca va également pousser les développeurs à simplifier leurs logiciels !

 

 

3DVF : Tu semble passionné de bande dessinée, (ton premier link sur ta page est celui du site de Bilal). D’ailleurs, ton aventure sur « Dark Earth » semble teintée de ce type d’influence, pourrais-tu nous en dire plus sur ce lien entre BD et 3D que l’on perçoit dans ton art?




François : C’est en 95 que j’ai commencé à travailler sur Dark Earth, un jeu d’aventure sur PC retraçant l’histoire d’un personnage quelconque se retrouvant confronté à des forces qui le dépassent. Ca a été l’occasion idéale pour moi de commencer à faire réellement de la 3D en travaillant sur les décors du jeu. J’y avais déja touché auparavant, mais là, l’univers du jeu-postapocalyptique et steampunk à souhait, visuellement un mélange entre celui de Jules Vernes et de Schuitens, un beau délire graphique, qui a permis de pousser énormément la qualité graphique. Tout y était vieux et sale, déliquescent, les décors fabriqués à partir de bric et de brac, un mélange de métal rouillé et de pierre. Je pense qu’ils tiennent visuellement encore la route aujourd’hui…
Après quelques mois à la réalisation des décors avec 3d studio, j’ai eu l’occasion de travailler avec Softimage sur les 20 minutes de cinématique du jeu. Le challenge était de taille, car même si nous travaillions avec une société externe (Animaré) qui a sous-traité la modélisation et l’animation des personnages, il fallu que j’apprenne totalement le logiciel au cours de la prod…
Je ne suis pas passionné exclusivement de bande dessinée, j’aime juste l’art en général. En fait, je suis d’ailleurs plus attiré par le côté visuel d’une BD que par son côté narratif, à de rares exceptions près comme Gummn, SkyDoll ou le Gitan de Marini.



3DVF : Définitivement amoureux des ambiances futuristes à tendance post-apocalyptique?

François : Pas forcément. J’ai beaucoup aimé l’univers, et j’y replongerais volontiers, mais il y a tant d’autres choses intéressantes à faire…

 

 


3DVF : Pour en venir à ton art, François, tes techniques de modélisation et mapping de personnages (surtout tes visages) sont vraiment impressionnantes. Cela est dû à un énorme travail de ta part, mais as-tu eu une formation artistique ou tous tes dessins et oeuvres numériques sont le fruit de ta passion? Aussi, pourrais-tu nous parler un peu plus concrètement des outils que tu utilises?

 

François : Il y a beaucoup de travail, principalement anatomique et artistique. A chaque fois que je commence à travailler sur un projet, je cherche à voir ce que je peux améliorer. C’est une recherche continuelle de qualité, une poussée des détails. C’est aussi pour ca que je fais si peu de choses. Tout ca prend énormément de temps. A chaque nouvelle image, j’essaye quelque chose de différent. J’ai commencé par modéliser des visages, j’aime leur côté expressif, leur subtilité, l’émotion qui peut s’en dégager. En ce moment, je travaille sur la modélisation d’un modèle féminin, comme tu as pu le constater. J’essaye de tout gérer, de simuler les déformations musculaires du personnage lorsqu’il bougera (!), et je vais petit à petit l’intégrer dans des décors…
Les outils que j’utilise sont souvent très simples. Mes plus anciens modèles ont été faits en polygones avec Maya.


Je pars le plus souvent d’un cube que je divise en utilisant le ‘cut polygon tool’, je tire des points, je divise… et le modèle prend forme petit à petit. Je travaille de plus en plus en nurbs. Les outils de maya sont franchement puissants, et même si la procédure de modélisation est un peu plus ardue – principalement pour garder le lissage des différent patches entre eux ça en vaut la peine.
Pour travailler l’éclairage, IPR me facilite énormément la vie. Je lance un premier calcul, je peux modifier mes différentes lumières, en rajouter, et le rendu est mis à jour en temps réel. Facile, quoi !



3DVF : L’éclairage de certaines de tes images est tout simplement époustouflant, on dirait de la photo n/b de nu, voir presque de la peinture!
Ces images sont les résultats de recherche que tu avais fait ?


François : J’ai commencé a modéliser un modèle fémimin il y a quelques mois, et j’ai voulu commencer à en faire des rendus. Comme il était loin d’être fini, j’ai cherché un look, un style, qui permettait à la fois de mettre le modèle en valeur (Je trouve ça dommage, des artistes qui font un boulot de modélisation et de textures formidable, et qui font des rendus ou leur modèles sont perdus dans l’espace, avec un éclairage sans grand interêt…) mais également de cacher les parties manquantes et les défauts. Ce genre de choses a déjà été fait en photo classique, mais je dois dire qu’en 3D j’ai encore peu vu ca. C’est assez amusant de voir les réaction de certaines personnes. Certains se posent toujours des questions sur la manière dont a été faite l’image, d’autres ne regardent plus que le côté artistique, et c’était le but recherché. Ca correspond à mon envie de sortir un peu d’un certain ‘look’ 3D trop classique qu’on retrouve souvent.





3DVF : Tu disais tout à l’heure que tu étais chez kalisto, depuis combien de temps? Tu peut nous parler de tes projets en cours?

 

François : Je suis resté chez Kalisto 7 ans. L’évolution a été gigantesque, ne serait-ce qu’à cause des progrès techniques. Le premier projet sur lequel j’ai travaillé, Furry of the Furries était un petit jeu PC en 16 couleurs. Le dernier, un jeu playstation avec de la 3D précalculée, en collaboration avec Square. J’en suis parti justement à cause d’un ras-le-bol sur ce projet, dû à un certain manque de moyens, de compétences… et Square était un sacré gros morceau, il fallait pouvoir discuter avec eux, malgré des problèmes de compréhension culturelle. Les dernières années m’ont appris àrester zen et à savoir ce que voulait dire une interprétation rigoureuse d’un design ! Ex Mach a dû certainement avoir les mêmes problèmes sur la prod de Final Fantasy X récemment….


En ce moment, je finis de travailler sur un dessin animé traditionnel avec des personnages en 3D rendus de façon cartoon. Il s’agit d’une version légèrement modifiée de Tristan et Iseult. D’un côté, les moyens sont extrêmement limités, 3dsMax, sur lequel on travaille principalement est loin d’être l’outil idéal pour ce genre de prod et il y a eu énormément de problèmes de tous genres et de l’autre, il y a eu un boulot incroyable de fait au niveau des décors, de l’anim de certaines modélisations (qui ont été faites par Luc Warnant, un ex-dessinateur de BD qui avait créé Soda il y a une douzaine d’années !) , bref j’ai hâte de voir le résultat. Ce qui m’avait amené sur ce projet, ça avait été l’émotion qui se dégageait du tout 1er trailer, fait il y a quelques années…


3DVF : François, merci de nous avoir accordé cet agréable moment. Et en attendant de voir de nouvelles créations de ta part, exellente continuation!


site internet : https://pagesperso-orange.fr/rimasson/






3DVF
Le 7.02.2001

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