Retour sur Laval Virtual 2019

Recto VRso

Innovation récente du salon, Recto VRso est une exposition internationale d’art et réalité virtuelle organisée pendant Laval Virtual. Disons le tout net : il s’agit d’une des meilleures évolutions de l’évènement ces dernières années, avec un programme riche et varié. De l’oeuvre surprenante à la réflexion profonde en passant par des performances émouvantes, Recto VRso est clairement devenu un des temps forts du salon. En voici un aperçu au travers d’une sélection d’oeuvres.

Recto VRso
Conscious Existence : un voyage planant et mystique

Situé quelque part entre séance de relaxation contemplative, voyage spirituel et transe symbolique, Conscious Existence enchaîne les scènes et ambiances tout en nous proposant un message simple : la nécessité de pouvoir continuer à regarder le monde comme un enfant.

Scènes cosmiques, ballet de méduses, paysages surréalistes sont au menu de ce court-métrage immersif qui invite à se laisser porter. Le lieu de l’expérience était particulièrement bien choisi : dans un petit parc à l’écart du bruit et de l’agitation du coeur du salon, le spectateur se trouvait libre de plonger dans cette douce expérience.

Ci-dessous : la bande-annonce du court immersif.

CONSCIOUS EXISTENCE | Cinematic VR – Trailer #2 from EpicScapes on Vimeo.

Victeam : une réflexion sur la guerre

L’exposition Recto VRso a eu la bonne idée d’inviter quelques projets étudiants ; Victeam VR en faisait justement partie.

L’installation nous plonge en réalité virtuelle dans un monde détruit par un conflit meurtrier. Deux univers sont positionnés l’un au-dessus de l’autre et un tourbillon de particules nous guide et nous invite à réfléchir sur les notions de destruction et construction, chaque action sur un des deux mondes ayant un impact sur l’autre.

Le projet a été créée par un trio en Master I Création Numérique à l’université de Savoie Mont-Blanc à Chambéry : Aysu Mese (cheffe de projet), Emeline Blanc de Oliveira (graphiste 3D) et enfin Hsin-Yi Fu (communication).

Medusa : hybridations est exploration

Toujours en ce qui concerne les projets étudiants, on pourra citer Medusa, un concept signé Eliott Ruty (Chef de projet), Justine Bertrand (Modélisatrice 3D), Isabelle Rabin (Programmeuse) et Emilie Tran (Responsable de communication).

Cette équipe issue de l’Université Savoie Mont-Blanc, en Master Création Numérique, proposait de visiter un cabinet de curiosités au début du 20ème siècle. Les visiteurs pouvaient même hybrider leur propre corps avec des membres humains ou animaux.

Medusa

IVAPA : Archiver les performances artistiques pour les revivre

Athina Kanellopoulou et Nikolaos Belomatis, de leur côté, nous invitaient avec International Virtual Archive of Performance Art à vivre en réalité virtuelles des reconstitutions de performances artistiques. Il s’agissait par exemple de s’immerger dans le concept mis en place en 1997 par les artistes Marina Abramovic et Ulay : Imponderabilia. Dans cette oeuvre, les deux artistes se tenaient nus, face à face et de chaque côté de l’entrée d’une exposition, forçant les visiteurs à se faufiler entre eux et provoquant des réactions variées : tentatives d’évitement, détournement du regard, décision de se tourner vers l’un ou l’autre des artistes… L’idée étant que le spectateur lui-même devient un acteur de la performance.

La scène était donc reproduite ici en 3D, provoquant curieusement le même type de réactions chez l’utilisateur qui cherchait par exemple à éviter le contact physique… Alors même qu’il n’y avait aucun contact possible, tout étant virtuel.

Une performance en est-elle encore une si elle sort du présent pour passer dans l’archive, le virtuel ? Cela dépend-il du type de performance, de l’implication ou non du spectateur dans le concept ? Que penseraient les artistes d’origine de cette idée d’archiver en réalité virtuelle une oeuvre par définition éphémère ? Nous repartirons sans réponse ferme, d’autant qu’Athina Kanellopoulou et Nikolaos Belomatis nous ont précisé ne pas avoir pu présenter leur projet à Marina Abramovic et Ulay. Les perspectives et questions soulevées n’en restent pas moins fascinantes.

Tentacle
Plus loin, dans un autre espace d’exposition, nous avons pu découvrir d’autres concepts : Levitation de David Guez et Bastien Didier invitait les volontaires à enfiler un casque neuronal puis, une fois plongé dans un monde 3D, à tenter de faire léviter un cube par la pensée.

Levitation

Levitation

Tentacle Flora d’Akira Nakayasu, de son côté, était une sculpture mobile à contempler. Inspirée par une colonie d’anémones de mer et grâce à des actionneurs en alliage à mémoire de forme, l’entité luminescente agitait lentement des tentacules.

Tentacle

Doubles Autres
Citons également Doubles Autres, une série de portraits interactifs créés par Cédric Plessiet.

Chaque tableau reprenait un élément que l’artiste associait à la personne au travers de son histoire personnelle, pour aboutir sur des résultats surprenants : tête pivotante de l’un, regard impossible à éviter d’un autre, utilisation de la voix, etc.

Doubles Autres
Laval Virtual 2019
Une danse immersive et émouvante

Revenons pour finir sur la performance qui a sans doute provoqué le plus d’empathie : Eve Dance In An Unplaceable Place, de Margherita Bergamo et Daniel Gonzalez.
Tout repose ici sur l’immersion et l’incarnation : le spectateur se voit plongé dans une performance de danse en vue à la première personne, tandis qu’une performance bien réelle a lieu autour de lui. La synchronisation des performances virtuelles et réelles, les contacts physiques, les sensations sonores ou même le vent provoqué par les mouvements de danse achèvent de créer un pont entre ces deux mondes, comme si ce que voyait le spectateur dans son casque avait réellement lieu.

La performance était ici présentée en mode duo (un spectateur de l’audience et une danseuse), mais une déclinaison existe aussi sous forme plus étendue, avec trois spectateurs et quatre danseurs.

Pour le public ne participant pas directement à l’expérience, la poésie du concept restait au rendez-vous : le point de vue externe permettait de suivre la performance réelle tout en ayant un aperçu, via projecteur vidéo, de la performance virtuelle.

Cette oeuvre qui transcende les limites de la réalité virtuelle a su créer l’émotion, et fut de notre point de vue le concept le plus mémorable de l’exposition.

Ci-dessous : aperçus de l’oeuvre dans ses deux déclinaisons (2 et 7 personnes).

Eve, dance is an unplaceable place from Telma Ha / Compagnie Voix on Vimeo.

Eve, dance is an unplaceable place from Compagnie Voix on Vimeo.

Plus globalement, cette édition 2019 du festival Recto VRso proposait une sélection eclectique, du rire à l’émotion, de la contemplation à l’incarnation. Loin des problématiques industrielles et des innovations technologiques présentées dans l’espace principal du salon, Recto VRso se présente comme une bouffée d’air frais entre réflexion et évasion. Le dispositif vient donc compléter à la perfection les piliers historiques de Laval Virtual que sont le monde de l’entreprise et de la recherche, et nous ne saurions trop vous recommander de vous y aventurer lors des prochaines éditions, que ce soit en repérant dans le guide les installations qui vous semblent prometteuses ou tout simplement en plongeant au hasard dans les différents espaces de l’exposition.
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