Rencontre avec Sylvery Bolotte – VFX Creative Director chez PSOM/La Maison

3DVF : Pour évoquer un autre projet, que peux-tu nous dire sur le projet Gutterdammerung, dans lequel on peut voir apparaitre une belle brochette de grands noms du Rock ?

Sylvery Bolotte : Gutterdammerung est né de la rencontre avec mon producteur de l’époque, Louis Arcelin, et du réalisateur Bjorn Tagemose, photographe attitré des plus grands groupes de rock. Il  voulait créer un film sous forme de show musical, un conte de fées noir et gothique. L’idée consistait à raconter le voyage initiatique d’une jeune fille dans un univers peuplé par les plus grands noms du Rock’nRoll : Grace Jones, Iggy Pop, Henry Rollins, Motörhead’s Lemmy, Slayer’s Tom Araya, Mark Lanegan, Volbeat, Joshua Homme, Justice, Nina Hagen et Slash.

Il m’a confié la création de l’univers des effets visuels. Il voulait un film sombre inspiré des œuvres de Murnau et de Gustave Doré, revisité avec les dernières technologies 3D. Tout un programme !

Les séquences ont été entièrement filmées sur fond vert et les VFX ont été fabriqués sur an. Au final, nous avons produit 250 plans, soit 25 minutes de film.

3DVF :  Qu’en est-il du court The Dress, dans lequel on retrouve l’actrice Gwendoline Christie ?

Sylvery Bolotte :  L’idée du réalisateur Barnaby Roper, après sa rencontre avec la designer Iris Van Herpen, était de créer une robe vivante sur l’actrice. Il voulait “une robe du futur”, évoluant dans un environnement à la fois sobre et fantastique, mais crédible.

Très vite, on s’est rendu compte que le film allait très lourd au niveau effets visuels, mais ce qui primait avant toute chose pour moi, c’était de rendre crédible l’environnement.

C’est pourquoi avec mon superviseur compositing, Gaston Marcotti, nous avons décidé de ne pas tourner sur fond vert mais de créer en studio, un environnement lumineux très proche du resultat final du film. Ainsi, avec un peu de sable, nous n’avions plus qu’à rajouter quelques montagnes et quelques nuages par transparence. Je pense que c’est important dans ce genre de film très sensible, où les éclairages sur les corps et la peau jouent un rôle de premier plan, d’être le plus naturel possible. Il faut réussir à se positionner au plus proche d’une sorte de vérité.

Pour la partie VFX , nous avons proposé des références au réalisateur et j’ai créé des boards avec des relations nodales pour expliquer aux artistes et au réalisateur ma vision de l’animation des robes. Après cette partie de Ping Pong creative, nous avons commencé à faire des tests, à décortiquer les robes d’Iris qui nous servait de modèle, à essayer de comprendre comment elles pourraient s’animer, etc.

 

Nous avons aussi fait de nombreuses recherches pour la robe en résille, en utilisant notamment des systèmes de particules, mais nous nous sommes finalement rabattus sur un système de fur en utilisant Ornatrix. La robe noire a quant à elle a été générée en partie sur Houdini, avec un peu de Thinking Particles base sur un système de splines advectées (guidées) par un fluide.

3DVF :  Côté technique, que peux-tu dire sur la manière dont vous avez géré le tracking et la rotoscopie pour mélanger tous ces éléments ?

Sylvery Bolotte : Pour le tracking et la rotoscopie du corps, nous avons travaillé avec l’équipe du studio 3dmatchmovers. Nous avons tourné avec plusieurs caméras témoins genlocker et Autodesk nous a fourni un scan de l’actrice pendant le shooting. Ensuite, nous avons réalisé un rig accompagné d’un système de muscles basiques sur Maya. Nous avons administré le tout avec Track, car les équipes étaient dispatchées sur plusieurs sites, entre Londres, Madrid, Paris et Tunis.

Ce qui nous a vraiment compliqué la tâche, c’est le montage de Barnaby qui est très nerveux et découpé. C’est dans le Worlkflow que résidait le véritable challenge; il fallait que tout soit impeccable et devait pouvoir encaisser de nombreux remontages.

 

3DVF :  Quels-sont désormais ta panoplie d’outils actuels et pourquoi ces choix?

Sylvery Bolotte : Originellement, nous travaillions sur 3dsmax pour des raisons de souplesse et de rapidité, mais il nous sert de plus en plus de Hub car nous avons créé et adopté pas mal d’outils autour. Donc on intègre aussi du Maya, du Houdini et du C4D sans problème sur les gros films,  et nous utilisons FTrack pour l’administration , Nuke et Flame pour le compositing; rien de très original en somme. Pour moi l’important c’est les artistes et la bonne communication pas les logiciels.

3DVF :  Merci Syl pour ce tour d’horizon d’expériences et de projets. Pour en venir à ton actualité, où en es-tu et que peux-tu nous dire de tes derniers projets ?

Sylvery Bolotte :  Il y a un an, j’ai décidé de créer PSOM. Il s’agit d’un studio visant à développer des projets visuels qui me tenaient à cœur. Dans ce cadre, nous avons travaillé sur un film d’art pour l’exposition “On Air”de Tomas Saraceno au Palais de Tokyo et produit par Anna Lena Vaney Films. Nous avons aussi réalisé les effets visuels pour un clip Deezer, entièrement tourné en motion control avec des décors en 3D et produit par FrenchLabAgency.

Souhaitant développer mon action de façon plus large, j’ai eu envie de me rapprocher du studio La Maison, dont la politique créative et la dimension me correspondait pleinement.

Je profite donc de ton interview, pour annoncer la création du label PSOM, au sein de La Maison. C’est pour moi l’occasion de développer une relation privilégiée avec les réalisateurs, les créatifs, les agences et les marques. J’y propose une offre sur mesure, car nous sommes à la fois des directeurs artistiques, des réalisateurs et des superviseurs VFX.

3DVF : Justement, pourrais-tu rapidement définir ton rôle en tant que « Creative Director » ou plutôt « VFX Creative Director »?

Sylvery Bolotte : Les studios VFX sont de plus en plus sollicités pour créer du « contenu », c’est-à-dire que la demande va souvent au-delà de la simple exécution. On est souvent amené à réaliser ou à coréaliser les films avec notre team créative. C’’est là je j’interviens, avec des connaissances en réalisation et en supervision, donc il s’agit de s’impliquer de l’écriture à la mise en scène.

En ce qui concerne PSOM, j’essaie de garder une cohérence autant dans la forme que dans le sens.

3DVF :  Connaissant le passif créatif du studio, on ne peut que se réjouir de ce rapprochement et on en profite pour saluer Luc et toute l’équipe ! Pour terminer, aurais-tu un conseil qui reflète ton expérience à l’attention de nos lecteurs?

Sylvery Bolotte : Je dirais qu’il faut cultiver sa curiosité et tester les procédés. Certains pensent que tout à été déjà fait, mais personnellement, je m’étonne chaque jour de voir naître de nouveaux projets fantastiques !

3DVF :  Merci beaucoup Syl pour cet échange. On espère te retrouver très prochainement pour évoquer tes prochaines productions !

Pour plus d’informations sur Sylvery et Psom studio: www.psomstudio.com

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