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Rencontre avec Sylvery Bolotte – VFX Creative Director chez PSOM/La Maison

3DVF : Sylvery, on se connait depuis les débuts de 3DVF, pas loin de 20 ans déjà, et c’est un immense plaisir de prendre enfin le temps de présenter tes travaux et partager un peu de ton expérience avec la communauté! Pour commencer, peux-tu nous raconter ta rencontre avec l’image, et plus particulièrement avec les outils de création numérique ?

Sylvery Bolotte : Avant tout merci de m’inviter sur vos pages! Il est vrai Olivier que nous nous connaissons depuis longtemps! En fait, mon parcours n’a pas été des plus classique. Plus jeune, j’ai commencé à fabriquer des films en 8 mm dans le grenier d’un ami. Je faisais aussi beaucoup de dessins et de peintures. En fait, j’ai découvert très tôt l’outil numérique avec un programme de peinture pixel par pixel et évidemment cette première rencontre avec l’outil s’est révélée source d’une grande frustration. J’ai ensuite suivi des études scientifiques en biologie, suivie d’une école d’art et de graphisme, puis un bref passage à Supinfocom.

Ensuite, j’ai commencé à travailler en tant que graphiste généraliste 2D/3D dans le secteur de la publicité, car ce domaine exigeant en termes d’image m’intéressait. J’ai alors été embauché par Première Heure, société de production dont l’environnement était composé de réalisateurs et de photographes de renom.

Pendant une quinzaine d’années, j’ai pu y développer mes compétences, trouver mes préférences et forger mon univers personnel, tour à tour graphiste, directeur artistique et superviseur VFX… J’ai eu aussi l’occasion de réaliser une dizaine de films publicitaires.

3DVF :  Depuis tes débuts, l’univers CG a beaucoup changé. Comment as-tu vu évoluer les outils et le domaine en général tout au long de ces années ?

Sylvery Bolotte :  Il est vrai que nous avions au début une approche très artisanale, une époque particulièrement grisante . Depuis, le secteur s’est industrialisé, c’est devenu un job presque comme un autre.

Techniquement, il y a peu de temps encore, tout posait problème : eau, feu, lumière , poils… Désormais,  les questions sont davantage de l’ordre de la qualité artistique, le débat s’est enfin déplacé! Je trouve l’outil beaucoup plus intéressant aujourd’hui, plus accessible. On peut davantage penser en termes d’images ou de production, le champ créatif s’est élargi.

3DVF :  En découvrant ta démo, on remarque très vite l’exigence de tes mises en scène, l’importance de la lumière et l’esthétique des atmosphères.  Peux-tu nous parler de ton processus créatif et de ce que tu recherches en tant qu’artiste visuel ?

Sylvery Bolotte :  En fait, je passe beaucoup de temps avec les réalisateurs, les clients et les équipes, à définir un look pour le film, à réfléchir à un nouveau concept. J’essaie toujours de replacer les effets visuels, les animations dans le contexte du film, de leur donner du sens.

J’aime les choses qui fonctionnent à l’œil et à la caméra. J’ai moi-même passé pas mal de temps à filmer des éléments, des moments. L’imprévu est toujours un élément magique qui vient interagir avec nos propres projections.
La photo est une grande source d’inspiration, les travaux de Salgado ou d’Irving Penn me touchent particulièrement. J’aime la simplicité et l’évidence.

Mes expériences sont souvent faites de contraintes et cela permet parfois d’être plus créatif. Moins vous avez d’outils, plus vous devez penser, rêver, pour aboutir à quelque chose d’unique. Mais il y a toujours une limite. Personnellement je trouve qu’il n’y a rien de plus compliqué que la « page blanche » ou de travailler pour soi-même, c’est-à-dire de créer un projet sans aucun brief, ni référence, un projet qui vienne de soi, par exemple lorsque l’on fabrique un projet personnel. C’est donc étrangement reposant de travailler pour quelqu’un d’autre.

3DVF :  Tu as aussi beaucoup bossé pour des projets en lien avec la mode ou le luxe. Était-ce source de liberté ou de contrainte ?

Sylvery Bolotte : Une «liberté» perçue par un artiste peut être une contrainte pour un autre.
Aucun projet n’est identique, les limitations, l’espace varient souvent. J’aborde chaque projet avec la même vision. Je connais les outils disponibles, et ça permet de former un chemin. Mais chaque projet est un peu un nouveau voyage.

L’art et la mode sont des terrains de jeu incroyablement créatifs. Les artistes et les créateurs sont friands d’innovations et s’avèrent très exigeants quant à l’exécution de l’objet final. De fait, cela qui oblige à envisager les outils numériques autrement, et d’une manière souvent détournée.

3DVF : Peux-tu nous en dire plus sur Ventoline, ton projet de court-métrage expérimental ?

Sylvery Bolotte : Ventoline est un projet personnel, la transposition d’une histoire familiale. C’est un questionnement sur le temps, le monde invisible, la violence.

On a passé beaucoup de temps à tester toutes les techniques numériques permettant de gérer des fluides. Après des échanges avec un chef opérateur et un roboticien, nous avons créé un système d’aile de marionnette transparente et nous en avons fabriqué plus de 300.

Nous avons effectué beaucoup de tests avec des liquides, mais c’est la vitesse très lente et la résistance plastique du celluloïd qui donnent l’effet de battement des ailes. Le tout a été filmé en caméra Phantom haute vitesse avec robot.

Du point de vue du rendu , je voulais une image très sharp avec des arrières plans defocus, presque scientifique, un peu à la manière d’un documentaire animalier.

3DVF : En plus de ce défi technique, l’ambiance sonore semble constituer lui aussi une part importante de la narration ?

Sylvery Bolotte : Oui c’est vrai, j’avais un son, une musique en tête, quelque chose d’harmonique et de sourd à la fois.

L’artiste Goran Vejvoda a réalisé la musique du film avec un important travail sur les basses fréquences. Je voulais que le son et l’image se respondent, et en même temps qu’il y ait une Dualité.

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