Rencontre avec Philippe Faure

Philippe Faure
3DVF : Vous utilisez par ailleurs le scan 3D, par exemple avec « Corps Connecté »… Quelques mots à ce sujet ?

Philippe Faure : J’avais envie de travailler sur nos nouveaux comportements, nos postures de corps qui changent et qui évoluent face à ces sollicitations de connexion via les smartphones.
J’ai scanné des corps et des postures d’étudiants avec leurs smartphones en main, et j’ai pu réaliser ce que je nomme des sculptures binaires ; des identités digitales 3D visibles sur grand écran à led. Ce travail artistique témoigne d’un changement d’époque.

3DVF : Enfin, la notion de glitch semble vous inspirer : on le voit avec « Ego Glitch ». Que souhaitiez-vous évoquer avec ce projet ?

Pour moi le glitch est une forme esthétique qui découle de la vidéo et qui s’est déplacée dans le numérique. C’est sûrement la première forme esthétique virale du numérique, où le bug devient du « glitchart ».
C’est un travail qui parle de « visages-écrans », où des glitchs réalisés par des étudiants nous questionnent sur notre identité numérique, tel un autoportrait réactualisé et mis à jour par notre société (où le paraître est devenu un critère vital et social).

Corps connectés, Philippe Faure, 2015 from Philippe Faure on Vimeo.

Glitch

 

3DVF : Quel bilan tirez-vous de vos expériences dans les résidences d’artistes et dans les collèges/lycées ?

Je perçois avec plaisir de l’engouement pour ce genre de projet très spécifique car il y a une attente importante de la part de tous les acteurs de l’école dans le domaine de l’art numérique, et un partage réel avec les enseignants.

Ci-dessous : le projet Virus Informatique, avec des élèves de 5ème.

3DVF : Les enfants et étudiants prennent-ils facilement en main les outils numériques (modélisation 3D, impression 3D, 360°) ? Y a-t-il eu des réactions, initiatives qui vous ont surpris ?

Il y a une avidité de faire et une frénésie dans l’essai des ateliers proposés, ceci dû au médium numérique. Les élèves et étudiants sont plus dans un rapport au jeu, ils comprennent vite la nécessité d’une démarche artistique à installer pour aboutir à une création pertinente.
Il arrive assez régulièrement que des élèves en difficulté scolaire se libèrent de leurs complexes et de leurs inhibitions pour construire une pensée esthétique très probante : le médium numérique permet en effet à certains de se débarrasser de leur étiquettes (telles dyslexie ou dysgraphie) et de se révéler.

Virus

 

3DVF : De votre côté, lors de la supervision de tels projets, quelles sont les difficultés principales ?

Les enseignants sont des personnes de convictions et ils sont souvent très impliqués dans ce genre de projets. Les seules difficultés que j’ai pu percevoir restent lors de restitutions de résidences d’artiste où certaines institutions ont parfois des difficultés pour s’impliquer dans ces innovations technologiques et numériques par manque de moyens ou d’ambition.

3DVF : Pour finir, quelles nouvelles techniques ou domaines souhaitez-vous explorer dans les années à venir ?

Je m’intéresse à la mobilité de la robotique, des drones, à l’évolution des imprimantes 3D et de la VR. Je suis aussi très curieux de toutes les technologies émergentes (comme la biotechnologie, les objets connectés, les écrans flexibles…). Je souhaite aussi travailler, expérimenter en collaboration avec des scientifiques, des penseurs, des prospectivistes voir des « bidouilleurs » de l’extrême.

Pour en savoir plus

Le site de Philippe Faure : on y trouvera plus d’informations sur les différents projets évoqués ici, ainsi que de nombreux visuels.

Sa page Sketchfab, avec des modèles à visualiser en 3D temps réel.

 

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