Retour sur Agent 327: Operation Barbershop et le Blender Animation Studio

Agent 327 : Operation Barbershop
 
 
3DVF : Grâce aux optimisations mises en place, les temps de rendu on pu chuter de façon importante. Avez-vous quelques chiffres à partager avec nous ? Combien de temps demandait une frame du teaser ?

Francesco Siddi : Les temps de rendu sont toujours intéressants ! En moyenne, nos temps de rendu finaux étaient de 7h environ. Avant l’optimisation de certains plans (ou l’amélioration du moteur de rendu Cycles) nous pouvions avoir des pointes de plus de 100h de rendu sur certaines frames !
Le rendu s’est fait sur du matériel très divers, de blades Intel Xeon 88 threads jusqu’à de modestes stations de travail de développeurs, avec des Core i7. La majorité du film a été rendue sur des double Xeon Phi 12 cœurs, avec coprocesseurs Xeon Phi.

 

3DVF : Avez-vous uniquement utilisé des outils open source pour le teaser, ou avez-vous également employé des solutions propriétaires pour certains points du workflow ?

Francesco Siddi : Pour la création des images nous avons principalement utilisé des outils libres et open source. Les seules exceptions sont les outils liés au montage son, au mastering/color grading, qui ont été gérés en dehors du studio.

 

Agent 327 : Operation Barbershop

 

Agent 327 : Operation Barbershop

 

3DVF : Au-delà de Blender et Cycles, le Blender Institute a travaillé sur d’autres outils open source : Flamenco et Attract. Ils sont sans doute beaucoup moins connus en dehors de la communauté Blender : pouvez-vous nous les présenter ?

Francesco Siddi : Attract est notre outil de gestion de production. Il gère les listes d’assets, plans et tâches, et permet de les lier entre elles pour permettre aux producteurs et artistes de planifier et suivre les tâches importantes.
L’une des fonctions les plus intéressantes est la génération de listes de plans, qui peut être gérée directement depuis Blender via l’add-on Blender Cloud. D’un clic, il est possible d’uploader tous les plans d’une production et de les avoir dans une interface web, avec les bons timings et le bon agencement. Pendant que le monteur travaille sur le projet, il peut mettre à jour la liste des plans avec un effort minimal.

 

Flamenco, de son côté, est notre outil de gestion de rendu. Son design modulaire en fait un choix intéressant pour les studios ou personnes qui utilisent un petit groupe de stations de travail sur leur réseau local, mais veulent avoir accès à une infrastructure de calcul externe pour les tâches de calcul lourdes (comme le rendu final). Flamenco est agnostique du point de vue logiciel : même si nous nous sommes focalisés sur Blender, ImageMagick et FFmpeg, n’importe quel programme peut être utilisé avec lui.

Nous avons travaillé à la fois sur Flamenco et Attract ces dernières années, et ils ont atteint une certaine maturité. C’est la raison pour laquelle nous les proposons désormais aux abonnés Blender Cloud.

Ci-dessous : présentation vidéo de Flamenco et Attract par Francesco Siddi.

 

3DVF : Le Blender Cloud, justement, a été un élément clé pour le succès du teaser, puisqu’il a servi de soutien financier. Les abonnés au Blender Cloud ont d’ailleurs été récompensés : ils peuvent accéder à des assets, fichiers de production, tutoriels, weeklies…
Le service de cloud sera-t-il aussi une des sources de financement pour les 14 millions d’euros de budget du long-métrage ? Si tel est le cas, certains assets du film seront-ils aussi proposés en open-source ?

 

Hjalti Hjálmarsson : Blender Cloud va nous aider à conserver notre indépendance, à explorer des idées et à avoir le plaisir de développer de courtes animations.

Nous aurons toujours en tête le but de partager du contenu sur le cloud, peut-être même des assets, props et décors du long-métrage.

 

 

Agent 327 : Operation Barbershop

 

Agent 327 : Operation Barbershop

 

3DVF : Blender est désormais utilisé sur des projets de grande ampleur, par exemple pour la série The Man in the High Castle avec les effets visuels du studio Barnstorm VFX (voir notre article sur le sujet).
Pensez-vous que Blender a atteint le « point critique » à partir duquel son adoption par le milieu professionnel va véritablement prendre son essor ? Quelles améliorations avez-vous en tête pour accélérer ce processus ?

Ton Roosendaal : Oui, c’est quelque chose que je constate même depuis un peu plus longtemps. Un processus lent mais inéluctable. C’était d’ailleurs vraiment passionnant de pouvoir à nouveau être au SIGGRAPH cet été : nous avons vraiment beaucoup de notoriété et considération, désormais.

Le principal frein à l’adoption reste l’obtention de service et support pour la mise en place de Blender. C’est pour cette raison que nous avons lancé le Blender Network, un programme de partenariat, mais nous voulons également utiliser le Studio pour mettre en place des projets qui aideront d’autres studios. Par exemple, des projets de co-développement pour des fonctionnalités précises, de la formation pour des développeurs Blender et TDs ou riggers, des services s’appuyant sur le cloud pour les assets, le versioning et le rendu.
Nous espérons cependant que d’autres entités mettront en place de véritables systèmes de support et service.

 

Pour en savoir plus

– le site du teaser ;
– le Blender Cloud, et la section dédiée au projet Agent 327 : Operation Barbershop (l’accès à une partie de ces ressources nécessite un abonnement) ;
– le site de Flamenco ;
– Flamenco et Attract sont disponibles via le Blender Cloud ;
– le site officiel Blender, et la Blender Conference.

Crédit pour les illustrations :
Licence Creative Commons (CC-By-SA) – (CC) Blender Institute, based on original characters (C) by Martin Lodewijk.

 

Agent 327 : Operation Barbershop
Chargement....

A Lire également