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Retour sur Agent 327: Operation Barbershop et le Blender Animation Studio

Agent 327 : Operation Barbershop
Au début de l’été, le Blender Institute et le Blender Animation Studio ont dévoilé Agent 327: Operation Barbershop, un teaser ambitieux dont l’objectif affiché était de proposer un rendu digne d’un long-métrage. Le but ultime du projet est d’ailleurs de trouver les fonds nécessaires à la réalisation d’un film d’animation.

Nous vous proposons aujourd’hui un retour sur ce projet, mais aussi sur la naissance du Blender Animation Studio, son avenir, les outils Flamenco et Attract ou encore l’adoption de Blender dans l’industrie 3D.

Ton Roosendaal (Chairman de la Blender Foundation, fondateur du Blender Institute et du Blender Animation Studio), Francesco Siddi (studio/pipeline manager), Hjalti Hjálmarsson et Coli Levy (co-réalisateurs) ont bien voulu se prêter au jeu, malgré un emploi du temps chargé entre le SIGGRAPH, la sortie imminente de Blender 2.79 et la future Blender Conference, rendez-vous annuel de la communauté.

Illustrations : Licence Creative Commons (CC-By-SA) – (CC) Blender Institute, based on original characters (C) by Martin Lodewijk.

 

 

 

3DVF : Agent 327 : Operation Barbershop a été mis en ligne il y a quelques semaines déjà. Quels ont été les retours ?

Hjalti Hjálmarsson, co-réalisateur : Les retours ont été encore plus positifs que ce que j’ai pu espérer. La licence sur laquelle nous avons travaillée, de même que le style d’animation et le ton, ont donné un aspect vraiment unique au résultat. Quelque chose qui n’essaie pas de suivre la masse des projets actuels.
La réaction à un tel projet pouvait aller dans les deux sens, je suis donc très heureux que les gens réagissent si bien.

3DVF : Quels étaient vos buts lors du lancement du projet, et pensez-vous qu’ils ont été atteints par l’équipe ?

Hjalti Hjálmarsson : Nous voulions prouver qu’une petite équipe pouvait partir d’une licence avec un style décalé et l’élever jusqu’à obtenir une scène dont la qualité soit celle d’un long-métrage animé. Un objectif secondaire était d’améliorer notre workflow et de créer un pipeline qui pourrait être réemployé et perfectionné sur de futurs projets.
Dans les deux cas, je crois que nous avons réussi mais ça n’a pas été facile et il a fallu beaucoup de travail d’équipe pour y parvenir.

 

Agent 327 : Operation Barbershop

Agent 327 : Operation Barbershop

 

3DVF : Pour ce projet, le Blender Institute a décidé de lancer son propre studio : le Blender Animation Studio. Avez-vous, à un moment donné, envisagé une collaboration avec un studio existant ?

Ton Roosendaal : La principale raison pour laquelle nous avons lancé le Studio était de séparer nos activités d’Open Movie et de formation/cloud de celles de projets de films commerciaux. Mais ça reste une seule entité et une seule équipe. Qu’il s’agisse de films commerciaux ou libres, nous continuerons à utiliser Blender et notre pipeline libre/open source !

Collaborer avec un autre studio sur un projet commercial est envisageable, mais il faudrait évidemment que Blender soit utilisé.

3DVF : Quelle a été l’étape la plus difficile lors du lancement du Blender Animation Studio ?

Ton Roosendaal : Le lancement est facile. Avoir le budget pour le faire, c’est le véritable défi ! J’ y travaille d’ailleurs toujours à l’heure où j’écris ces lignes…

3DVF : Quelle est la stratégie à long terme du Blender Animation Studio ? Peut-on s’attendre à des sorties régulières de long-métrages animés ? Le studio se focalisera-t-il sur l’animation, ou bien est-ce que vous avez aussi en tête l’idée de faire des VFX ?

Ton Roosendaal : L’objectif principal est d’être totalement indépendants, d’investir dans une équipe aux talents variés qui puisse fabriquer des films d’animation depuis le concept et l’écriture jusqu’au montage final. Nous ne souhaitons pas mettre en place une approche de service ou sous-traitance. En revanche, nous sommes ouverts à des projets occasionnels avec d’autres studios.
En ce qui concerne les projets VFX purs, nous n’en ferons probablement pas.

Agent 327 : Operation Barbershop
 
 
3DVF : Revenons sur le teaser. Vous avez fait le choix d’une co-réalisation, avec Hjalti Hjálmarsson et Colin Levy aux commandes. Comment vous avez-vous partagé le travail ?

Hjalti Hjálmarsson : Au départ, j’étais le seul réalisateur et j’ai mis en place le script, storyboard, l’animatique et le layout, tout en travaillant avec un directeur artistique sur le character design et le style d’animation. Nous avons montré notre avancée à Colin et il a indiqué qu’il avait envie de rejoindre le projet, ce que j’ai beaucoup apprécié. Nous avons eu des story sessions pour bien avoir la même vision, et nous avons beaucoup travaillé pour améliorer le layout.

Les résultats les plus importants de ces sessions ont été de focaliser davantage le projet sur la partie lobotomie de l’histoire, qui est devenu un thème majeur, et la décision de rallonger la fin du teaser.
Même s’il y avait beaucoup de parties communes entre nos responsabilités, il est rapidement devenu clair que nous avions besoin d’une animation de plus grande qualité. Mon rôle s’est donc élargi et je suis aussi devenu lead animator/animation director, tandis que Colin s’est davantage penché sur la musique, le lighting, le color grading et les améliorations du layout.
Evidemment, je simplifie un peu, mais en tous cas nous avons abouti à une belle collaboration ; nous avons chacun utilisé nos forces et beaucoup appris de l’autre.

 

Agent 327 : Operation Barbershop
Agent 327 : Operation Barbershop
 
 
3DVF : Il peut être difficile de trouver le bon angle pour un teaser, d’autant plus que vous deviez ici satisfaire à la fois les utilisateurs de Blender, la communauté de l’animation en général et, bien évidemment, les investisseurs nécessaires pour lancer la production du long-métrage complet. Comment avez-vous choisi ce que vous vouliez inclure ?

Hjalti Hjálmarsson : Le but initial était de rester sous les 90 secondes. Au final le projet fait un peu plus du double, nous avons donc clairement eu des difficultés sur la question de savoir quelle quantité d’éléments inclure ou laisser de côté. Je crois qu’on a réussi à avoir un bon équilibre en donnant aux personnages assez de temps et d’actions pour les connaître, tout en finissant sur un cliffhanger qui donne envie aux spectateurs d’en voir plus.

3DVF : Comment avez-vous réussi à transcrire l’univers 2D de la licence Agent 327, et en particulier le personnage principal, en 3D ?

Hjalti Hjálmarsson : Il y a eu beaucoup d’essais et erreurs. Vraiment. Le style particulier de la bande dessinée originale est très difficile à traduire en 3D, et a évolué d’un tome à l’autre : il n’y avait donc même pas de version figée, finalisée, que nous pouvions utiliser comme but ultime. Nous avons beaucoup expérimenté, avec des réunions internes et réunions avec l’auteur de la BD. L’adaptation finalement retenue doit presque tout à notre directeur artistique Andy Goralczyk qui a en permanence poussé les designs et a su naviguer dans la bonne direction au milieu des nombreux retours.

 

Agent 327 : Operation Barbershop

 

Agent 327 : Operation Barbershop

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