3DVF : Pouvez-vous revenir sur le personnage de Colin, en termes de design, rigging et animation ?
Franck s’est occupé du design de Colin. On voulait un design mignon, gentil afin de contraster avec la mascotte Boko. |
3DVF : De même, quelle a été votre approche pour Boko, le sanglier ?
Jeremy s’est occupé de la conception graphique de Boko. Nous avions choisi le vaudou parodie de la publicité. Et Boko devait renvoyer l’image de la manipulation, c’est pour cela qu’il a été pensé en « sorcier ». Nous devions faire une mascotte de céréales vaudou et en même temps, cool et attrayante…. Le sanglier était parfait et jamais vu, cet animal est sauvage, poilu griffu et un peu sale, mais comme il est violet ça le rend sympa et magique. Nous avons rajouté des tatouages, un os sur sa tête, de petites feuilles un gros collier et Boko était né. |
3DVF : A partir de la 50ème seconde environ, le court-métrage comporte une séquence assez déjantée avec une sorte de grand huit. Pouvez-vous revenir sur ce passage, au niveau technique et artistique ?
Ce plan de « ride psychédélique » est une manière de faire vivre l’expérience « Boko Anana » au spectateur. Boko, le sanglier gave Colin de ses céréales industrielles sucrées, le faisant glisser brutalement dans une autre dimension, son univers tout en 2D et musical, une espèce de monde bizarre,vaudou aux spots colorés. On y voit des céréales qui chantent, des fruits, et des totems Tiki baignant dans un immense bol de lait, puis on retrouve cet immense Boko qui ne fait finalement qu’une bouchée du petit garçon. 3DVF : Quelques mots sur la partie rendu/compositing ? Pour ce qui est du Rendu, la tâche a été partagée entre Romain, Guillaume et Franck. Pour le rendu du film, nous sommes restés assez proche des grands standards Pixar mais aussi de Meindbender. Pour la première partie, la partie « jour », nous avons voulu que l’image soit assez chaude, colorée et douce. Ensuite pour l’arrivée de Boko nous avons dû trouver des solutions techniques pour rendre l’ambiance « cabaret vaudou fluo » que nous désirions. Le travail de Benoit Debie sur « Spring Breakers » a été une de nos inspirations. Romain qui a posé l’essentiel des lights 3D a su brillamment transposer en 3D le colorscript de Franck. |
C’est Guillaume qui s’est chargé des plans « pack shot » et « vague de céréales ».
Le plan packshot était un des plans clés car nous voulions vraiment que ce plan donne envie au spectateur de gouter aux céréales « Boko anana » ! Guillaume a fait un si bon boulot, que beaucoup nous demande si et où ils peuvent en acheter. Pour la « vague de céréales » Guillaume a dû créer deux réservoirs contenant des millions de céréales qu’il a fait se déverser dans la cuisine emportant Colin dans un autre monde. Ce fut un des plans les plus gourmands en ressource et des plus compliqués à rendre. Franck a ensuite récupéré les rendus et compositings de Romain et Guillaume pour y incruster toute la 2D. Il en a profité pour affiner les détails et la colorimétrie, ajouter des spots dans la séquence de nuit…. Etant la dernière personne à travailler sur le film il a aussi dû réparer au compositing tous les minuscules petits détails qui avait échappé à notre vigilance jusque là : les bugs de pénétration dans la 3D, les sautes de cloth, de hair, les effets oubliés, les éléments voire les fichiers manquants, les trous dans la colo 2D… |
3DVF : Quelles ont été les plus grosses difficultés rencontrées durant la production ?
La plus grosse difficulté que nous ayons rencontré a été le financement. Au début, nous avons tenté de passer par un financement classique, CNC, Cinéma 93, aides diverses… Nous avons reçu une aide de la mairie de Puteaux. Puis nous avons décidé de tenter le crowdfunding, via le site Touscoprod. Finalement 88 coprods ont crû au projet et aidé à financer le film. Lorsque l’on a peu de budget, le film devient plus familial, on s’entraide… Mais on doit surtout se plier aux disponibilités de chacun. Nous avons été confronté à la règle « pas de budget, pas de deadline ». |
Mais nous avons fait le maximum par nous-même, et donc nous avons dû multiplier les casquettes !
Nous avons aussi choisi de faire toujours au mieux pour le film, sans se soucier des difficultés techniques. C’est par exemple pour cela que le rythme du film repose entièrement sur la musique endiablée d’Olivier. Mais c’est aussi pour cela que le film mélange 2D et 3D, que les personnages parlent tous les deux, qu’il y a plusieurs ambiances, des vagues de particules et même un ride en 2D, ajoutant à chaque fois des difficultés supplémentaires. |
Présentation du projet « Boko Anana » from Boko Anana on Vimeo.
3DVF : Pour financer le court, vous avez lancé une campagne Touscoprod (dont la vidéo de présentation est visible ci-dessus), qui a rapporté près de 7800€. Comment avez-vous géré cette campagne ? Quels conseils donneriez-vous à d’autres artistes qui envisagent le financement participatif ?
Il faut avant tout que vous ayez bien conscience que, durant la campagne, vous n’allez faire que cela. Prenez également le temps de bien choisir le site qui hébergera votre campagne de crowdfunding. Ce choix s’effectue essentiellement en fonction des tarifs, et des prestations offertes, mais également en fonction de la visibilité/fréquentation de la plateforme et de sa ligne éditoriale. |
Avec cette campagne de crowdfunding, nous avons plus encore dû assumer plusieurs rôles : Nous n’étions plus que de simples réalisateurs, nous avons dû apprendre à êtres chargés de communication, et pour la réalisation des contreparties nous avons aussi dû apprendre à démarcher des prestataires, maquetter un ArtBook ou encore créer un DVD. Tout cela demande encore une fois beaucoup de temps.
Finalement la campagne nous a appris à communiquer sur un projet et surtout nous a permis de commencer à faire connaître « Boko Anana ».
3DVF : Pour finir, quels sont projets actuels ou à venir ? Après cette longue aventure en binôme, nous avons tous les deux des projets plus personnels que nous aimerions maintenant réaliser. |