CGIvod – Formation en ligne | Rencontre avec Jean-Yves Arboit

 3DVF – Pour en revenir à ton approche pédagogique pour le moins singulière, tu suis l’évolution de la discipline et des outils de plus de 25  ans, le paysage d’éditeur et d’outils à pas mal changé ces dernières années et continu de bouger encore aujourd’hui. Comment perçois-tu ces évolutions, et vers quoi se dirige-t-on selon toi ?

Jean-Yves Arboit : Concernant les supports d’apprentissage de logiciels, les éditeurs ( Autodesk, The Foundry, etc.) offrent déjà de très bons descriptifs et contenus pédagogiques autour de leurs outils. Il est tout à fait possible d’apprendre seul, mais le plus périlleux dans l’aventure de l’autodidacte moderne, c’est la jungle des tutoriaux maladroits, voire néfastes. L’apprenant doit faire face à une pollution de contenus de mauvaise qualité ou approche, au lieu d’apprentissage véritablement structuré. Ce n’est pas facile d’être autodidacte, que ce soit via les livres, ou les vidéos. Il manque souvent une structure, ainsi qu’un moyen accessible qui permet au débutant de se découvrir.

Jean-Yves Arboit : Suis-je fait pour la 3D ? Si oui, quel domaine ? L’architecture, le désign, le jeu vidéo, les vfx, l’animation, le setup. ? Tout semble si séduisant au début. Voilà une vaste question qui tente de faire oublier que devenir millionnaire en infographie demande avant d’être milliardaire 😉

Les moyens d’apprendre doivent donner une base solide, et mettre en échafaudage une charnière avec le milieu professionnel. L’apprentissage en ligne doit se structurer comme une école digne de ce nom, mais malheureusement, certaines écoles dites « traditionnelles » ne sont pas toujours dignes de porter le nom d’école. Alors je crains le pire pour ce qui est des structures « bankable d’apprentissage online »…

Je me demande si le plus dur, pour « l’étudiant », ce n’est pas d’apprendre avant tout chose, à discerner si l’apprentissage est constructif pour lui ou pas. Car 3 à 5 ans dans un centre de formation, ça passe trop vite et ça risque de couter cher aussi bien sur le plan humain que financier !

 

3DVF – La discipline a énormément évoluée, que ce soit du côté des outils ou des techniques de production. Pour toi, qu’est-ce qui change ou qui doit changer dans la manière d’appréhender l’imagerie numérique ?

Jean-Yves Arboit : IL FAUT CHANGER, ET VIIIITE !

Les structures et le schéma d’apprentissage sont généralement obsolètes. Si je prends un exemple, le cas de la 3D, qui est de plus en plus accessible, on doit l’apprendre le plus viiiiite possible, il va de même pour ce qui est du compositing ; après tout, les étudiants viennent pour ça ! Pour ce qui concerne mon approche, je commence mes cours avec l’apprentissage de la prise de vue (éclairages, cadrage, composition, formes et couleurs…), de l’analyse d’image et du vocabulaire.
Puis, je passe par un comparatif des outils disponibles au sein d’un logiciel 3D suivi d’une transposition du monde réel, pour terminer avec les manipulations des composants de l’image, une approche du compositing, analyse et reproduction des effets optiques, et leurs implications (déformations, etc.).  Voilà comment en 5 jours, j’arrive avec des gens qui n’ont jamais touché de logiciels à produire des images full CG qui tiennent la route.


Puis l’intégration sur une prise de vue réelle, explication des déformations (Lens distorsion) qui seront primordiales pour faire du trackings, etc. Sans perde de vue les règles de compo. On oublie trop vite que la technique est au service de l’image, pas l’inverse.
Certaines écoles n’ont pas changé leurs organisations de cours ni leur répartition depuis 20 ans !


3DVF – On te sait très justement très sensible à la narration et à la réalisation ; pour toucher un mot de l’actualité, que penses-tu de la réalité virtuelle et de la fabrication de contenus à 360° en relief ou non ?

Jean-Yves Arboit : Le relief a toujours fonctionné en dent de scie dans l’histoire de l’imagerie. Je le compare souvent aux expériences baroques de la quadriphonie, une immersion artificielle marrante… La réalité augmentée ou virtuelle est pour moi une autre forme d’expérience et d’aventure pour nos sens, ouvrant de nouvelles perspectives constructives pour nos neurones, au sein même des applications artistiques. C’est amusant, mais je ne suis pas convaincu des applications pour le grand public à domicile, cela me semble compromis, nous verrons…

 

On parle de plus en plus de qualité, alors que la majorité écoute des MP3 et regarde des films en streaming, en grand format, mais complètement compressés. Il s’agit là d’une immersion peu heureuse dans la compression numérique. J’ai l’impression que le numérique de masse a tué l’éducation de la qualité, au profit de la sensation, de l’accessibilité et de la quantité. Là aussi, il y a une véritable éducation à donner aux apprentis infographistes… Sous prétexte que leur téléphone film en 4K, ils dénigrent complètement les optiques et les boitiers, sans rien comprendre à cette confusion relative à la taille et la qualité.

Par contre la rapidité avec laquelle on est capable de donner une immersion à une structure 3D au sein d’une prise de vue, ou l’inverse, m’amuse et confirme le fait, que la technologie sera de plus en plus facile d’accès, et surtout que l’apprentissage pour produire du contenu ne doit pas se tromper de camp.

3DVF – Dans quelle mesure penses-tu que ces évolutions technologiques vont faire évoluer les techniques de production ?

Jean-Yves Arboit : À mon sens, il est évident que cet arsenal va donner l’illusion de la facilité, et donc il faut s’attendre à une déferlante de tripotage de pixels sans intérêt… Certains vont s’engouffrer dans ce semblant de modernisme séducteur, tout comme par exemple  à l’époque de la motion capture, et plus récemment avec les imprimantes 3D qui fonctionnent un peu comme des machines à pain.


Très peu seront capables d’enrichir la production au service de l’image. Pour cela il faut, à l’instar de la formation, avoir une « métavision » sur les objectifs. Ceux qui réussiront seront ceux qui équilibreront les ingrédients de technicité au service du spectateur.

3DVF – Pour terminer, revenons rapidement à ta nouvelle plateforme de VOD, comment pourrais-tu la définir en quelques mots et donner envie aux lecteurs de 3DVF de venir en profiter que ce soit en tant qu’apprenant ou que formateur ?

Jean-Yves Arboit :

Pour les apprenants :
– Concernant l’envie d’apprendre, si déjà vous l’avez, vous avez à mon sens le plus sacré des ingrédients !  Nous essayerons de vous donner les clés pour mieux dompter les techniques de production, afin qu’un jour vous aussi, vous puissiez produire des images diffusables et en vivre. Notre objectif consiste à rendre accessibles de manière constructive les outils de l’imagerie numérique. Sachant pertinemment, que tout le monde ne peut venir au cours de Belgique (au sein de CGItrainer), nos VOD c’est un peu l’école, mais chez vous, et 24h/24h. 

Pour les formateurs :
-Pour tous les auteurs de didacticiels, amoureux du concept d’apprendre à apprendre à apprendre , contacter moi directement par mail pour discuter de vos envies et idées.

3DVF – Jean-Yves, un grand merci pour ces précisions et sur ta précieuse vision de la pédagogie.
Nous te souhaitons encore une fois bonne chance pour cette nouvelle aventure !

Pour accompagner le lancement de la plateforme VOD du CGItrainer, Jean-Yves vous propose une offre spéciale 3DVF :

Pack CGIvod/3DVF
« 3DS MAX – ESSENTIAL » + « NUKE – ESSENTIAL » + « NUKE – ADVANCED – 3D level 1 »
( plus de 17 h de cours ! ) à
150 €


Pour en savoir plus sur le CGItrainer et la plateforme CGIvod :
CGIvod > https://www.cgivod.com
CGItrainer > https://www.cgitrainer.com
Page Facebook CGItrainer > https://www.facebook.com/CGItrainer

Pour se faire une idée de formations proposées, voici quelques exemples en vidéo :
3ds Max – Essential : https://vimeo.com/161279123
NUKE – Essential : https://vimeo.com/161279122
NUKE – Advanced 3D Level 1 : https://vimeo.com/161279125

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