Les Pingouins de Madagascar : retour sur l’animation du film

Les Pingouins de Madagascar
Avez-vous eu des difficultés liées au physique des manchots, par exemple avec leurs ailes courtes ?

Oui, leurs ailes courtes nous ont posé pas mal de limites mais nous les contournions en agrandissant les ailes lorsque nous en avions besoin. L’idée était de faire notre scale change pendant les mouvements rapides (et en 2 ou 3 frames seulement) pour ne pas voir le changement de taille et ne pas distraire l’audience.
 

Nous avons aussi joué avec les limitations que de tels personnages fournissent et essayé d’en tirer de l’humour et de pousser la comédie à travers ce qu’ils ne peuvent pas faire comme il faut 🙂

 

Les Pingouins de Madagascar
Crédit : 20th Century Fox / DreamWorks Animation.

 

Les Pingouins rencontrent en chemin une autre équipe d’élite, North Wind, composée d’un loup, un phoque, une chouette et un ours. Quelle a été votre approche sur ces différents personnages ?

Oui, nous avons créé 4 nouveaux personnages pour l’équipe du North Wind. C’était intéressant de créer et développer 4 nouveaux personnages et d’arriver à les intégrer dans l’univers des Penguins.
Nous avons fait plusieurs tests d’anim pour développer leur style et leur gamme d’expressions. Une des difficultés rencontrées est le fait que leurs proportions et body shapes sont tellement différents des Penguins que nous ne pouvions pas les animer de la même manière. Ils ne pouvaient bouger de façon aussi « snappy », brusque, sinon ils paraissaient trop légers. On a donc dû ajuster notre style d’anim pour les rendre un peu plus lourds mais appartenant au même univers. 

 

Les Pingouins de Madagascar
Crédit : 20th Century Fox / DreamWorks Animation.

 

Dr. Octavius Brine, enfin, est une pieuvre dotée de tentacules. Son animation est particulièrement cartoon : beaucoup de déformations, des tentacules très agiles, un visage particulièrement expressif. Peux-tu revenir plus en détail sur ce personnage et votre approche ?

Brine/Dave était un énorme défi pour tout le monde impliqué.
Tout le monde nous disait que ce personnage avec un design pareil serait impossible à manipuler et à animer pendant tout un film mais nous avons eu envie de relever le défi et de le mettre sur le grand écran.

 

Puisqu’il était un personnage complètement nouveau et différent dans sa forme et le fait que c’était un mollusque, on s’est dit que c’était l’occasion de pousser l’anim bien plus loin qu’on le fait avec les autres personnages. Par exemple son range d’expression est très ample et permet de couvrir des expressions très variées et très poussées.
Le fait qu’il n’a pas d’os et d’anatomie proprement dite nous a aussi permis de pousser son body mouvement très loin et de bénéficier dans l’anim d’avoir un design si osé et complexe.
C’était une véritable joie de voir tous les animateurs pousser leurs plans si loin et ajouter de la « physical comedy » d’eux mêmes, parce que le personnage les inspirait.

 

Les Pingouins de Madagascar
Crédit : 20th Century Fox / DreamWorks Animation.

 

Quel bilan gardes-tu de ce projet ?
De quoi es-tu le plus fier ?
C’était une expérience très enrichissante et très gratifiante. Ce dont je suis le plus fier c’est d’avoir aidé notre équipe en Inde à se développer à travers ce projet et de la voir délivrer une superbe animation sur ce long métrage.Depuis le mois d’octobre, tu as changé de poste : tu es toujours Head of Character Animation, mais à Shanghaï, chez Oriental DreamWorks. Pourquoi cette évolution ?Oui j’ai récemment déménagé à Shanghai pour développer nos équipes d’animation pour notre nouvelle société Oriental Dreamworks.
J’ai toujours envie d’apprendre quelque chose de nouveau et de différent et de me remettre en question à travers de nouveaux challenges. La Chine s’inscrit parfaitement dans cette idée.

Peux-tu déjà nous dire sur quel projet tu travailles ?

Je travaille actuellement sur le premier long métrage d’animation que le studio sortira.

Pour des raisons de confidentialité, je ne peux pas en dire plus pour le moment.

 

Les Pingouins de Madagascar
Crédit : 20th Century Fox / DreamWorks Animation.

 

Tu as donc travaillé chez DreamWorks Animation aux USA, en Inde et depuis peu en Chine. Les méthodes de travail varient-elles d’un site à l’autre ? Quelle est l’influence de la culture locale ?

Les méthodes sont plus ou moins identiques mais le personnel est différent. Ça donne des sensibilités différentes et des interactions nouvelles par rapport à ce que tu trouverais aux USA.

La culture locale peut avoir une très grande influence selon le film sur lequel on travaille.

Dans le cas de ODW, nous travaillerons sur des films pour le marché chinois et c’est certain que la culture locale va nous influencer et énormément enrichir le projet.

Avec de tels déplacements, il peut être délicat de conjuguer vie professionnelle et vie privée… As-tu des conseils à ce niveau, pour les artistes qui hésiteraient à changer de pays ?

C’est un grand pas de changer de pays. Je l’ai maintenant fait 3 fois, pour aller de la France aux USA, puis USA vers Inde, puis Inde vers Chine.
C’est peut être déroutant et difficile au premier abord, mais ça permet de vivre des expériences culturelles et personnelles incroyables et très enrichissantes qu’il ne serait pas possible de vivre en restant chez soi. Cela permet aussi d’être toujours engagé et challengé par ton travail et les nouveaux défis qui t’attendent, par le simple fait que tu te retrouves à travailler avec d’autres personnalités, d’autres cultures, parfois même dans d’autres langues.
Pour finir, y a-t-il un film que tu as vu récemment et dont l’animation t’a particulièrement marqué ?

J’aime beaucoup l’animation sur le film Raiponce. Je le trouve bien exécuté et l’animation apporte un vrai plus, en ajoutant du divertissement aux plans.

 

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