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Crowdfunding : Dans les Bois

Dans les Bois

L’équipe du film Dans les Bois (The Faun of Healwood) vient de lancer une campagne de crowdfunding pour financer leur projet : un conte en live-action mêlant effets traditionnels et VFX.

Nous vous proposons de revenir plus en détail sur ce futur film atypique et ambitieux. Nous avons pu rencontrer une partie de l’équipe : Stéphane Artus (réalisateur), Lucile Jaillant (actrice qui joue le rôle principal), Franck Carle (producteur, société La Terre Tourne).

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Le Synopsis du film

C’est l’entre-deux guerres.
Devant l’église de son village, entourée de convives, une jeune femme en tenue de mariée attend son fiancé.
Alors que celui-ci arrive, triomphant, monté sur un magnifique cheval, une voiture le désarçonne. Le jeune homme tombe à terre et se blesse grièvement.
Le médecin du village tente de soigner le maleheureux, mais il n’y a que peu d’espoir.

La grand-mère de la jeune femme donne alors à celle-ci le moyen de se rendre dans une partie secrète des profondeurs du Bois-Guéri, non loin du village, à la recherche d’un élixir capable de sauver son fiancé.
La quête de la jeune femme la mènera à franchir l’orée d’un monde magique, où elle rencontrera une créature ambigüe et fascinante.

 

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Un conte mythologique, dans le fond et la forme

Derrière un scénario ancré dans le réel, Dans les Bois bascule rapidement dans le conte et mythologie.

Le contexte historique choisi et la thématique ne doivent rien au hasard. Contrairement à beaucoup de contes populaires centrés sur un homme (avec par exemple un personnage de Prince Charmant), le film se focalise sur une jeune femme, qui tente de secourir celui qu’elle aime. L’objectif, nous a indiqué Stéphane Artus, était de renverser les codes du genre. Pour autant, il ne souhaitait pas retomber sur l’archétype de la femme guerrière, qui a déjà été très utilisé. En conservant pour son personnage des caractéristiques traditionnellement féminines, Stéphane Artus entend singulariser le projet. Une poignée de films seulement ont pris ce parti, à l’image de Maléfique des studios Disney.

La structure du scénario de Denys Corel (basé sur une histoire coécrite avec Stéphane Artus) reprend le parcours du héros théorisé par Joseph Campbell (auteur du célèbre Héros aux mille et un visages). La quête de l’héroïne dans le court lui permettra donc d’avancer et de se construire.


L’aspect « conte » a également un impact sur la forme. Stéphane Artus nous a ainsi indiqué qu’il avait réfléchi à des transitions entre les plans (métaphores pour les pages tournées), mais aussi à des plans larges et plans en vue de dessus qui rappelleront la position du lecteur, témoin de ce qui se passe, en surplomb par rapport au livre.

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Ci-dessus, extrait du storyboard, avec une vue à la verticale.

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Un autre élément traditionnel du conte a été repris pour le film. Dans un conte classique, les personnages ne s’expriment pas directement, c’est le narrateur qui tient une place centrale. Le schéma retenu ici est identique : les acteurs seront silencieux (pas de dialogue), et la musique tiendra le rôle de narrateur.

Ce silence des personnages a également un second sens : le fait que la jeune femme ne parle pas fait écho à la situation de l’époque. Les femmes n’avaient pas encore pu s’émanciper, et n’avaient pas voix au chapitre dans de nombreuses décisions de leur vie. Stéphane Artus compte bien explorer cet aspect du personnage dans le film, et le présente même comme un « conte féministe assumé ».


Le film propose donc une forme au service du fond. Stéphane Artus explique cette démarche en évoquant l’analyse de Jean-Baptiste Thoret, historien et critique du cinéma. Pour ce dernier, le film de genre américain a souvent eu tendance à « avancer masqué », à proposer une vraie réflexion et un message derrière un projet en apparence anodin et axé sur le divertissement.
Une approche qui a manifestement plu au réalisateur. Ici, derrière un conte mythologique, le film évoquera donc des thématiques telles que l’émancipation féminine.


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storyboard

 

Plus globalement, Stéphane Artus et l’équipe du film cherchent à mettre en valeur la culture populaire, les contes et légendes européens délaissés par le cinéma français.

Pour Stéphane Artus, ce patrimoine est bien plus riche que ce que l’on croit souvent, et il nous a renvoyé aux travaux de Claude Seignolle, qui a durant des années écumé les régions françaises et collecté les histoires issues de leur folklore. Fantômes, sorcellerie, loups-garous, histoires fantastiques ou terrifiantes… Les thèmes abordés, comme les créatures, sont d’une diversité vertigineuse.

Il y a là, assène Stéphane Artus, un univers entier dont nous nous sommes coupés, un terroir qui mérite d’être creusé et exploité.

Lucile Jaillant, l’actrice principale, a également eu une influence sur cet aspect du projet : lors des recherches autour de l’écriture du scénario, elle a découvert les travaux de Maureen Murdock, élève de Joseph Campbell. Alors que ce dernier s’est surtout focalisé sur les héros masculins, Murdock a fait des recherches sur les héroïnes féminines. Déesses et héroïnes légendaires ont en effet elles aussi connu des parcours héroïques, bien souvent été récupérés par la suite pour des héros masculins.

 

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L’état actuel du projet et son financement

Une première levée de fonds sur Ulule (3200€) avait permis de tourner deux bandes-annonce du projet, utilisée pour annoncer cette nouvelle campagne bien plus ambitieuse. Le tournage a aussi servi de laboratoire pour les effets spéciaux/visuels et de préparer la réalisation du court.

En plus du crowdfunding, d’autres sources de financement sont recherchées, notamment auprès du CNC.
Plus original, Franck Carle nous a indiqué que du placement de produit était prévu, avec par exemple un parfum créé pour l’occasion. Evidemment, la cohérence et la crédibilité du film primeront. Hors de question de promouvoir un soda anachronique, les produits envisagés sont ceux qui auront une place « naturelle » dans le court.
Enfin, nous le verrons plus loin, plusieurs sociétés apportent leur concours au projet pour qu’il puisse prendre vie.

Le storyboard est bien avancé : près de 600 cases réalisées. Travailler sur cette partie avant la levée de fond a été essentiel. Stéphane Artus, le réalisateur, a souligné que cela permettait d’avoir une base solide pour définir le budget du film.

Le court durera 18 à 20 minutes (générique exclus).

Côté planning, l’objectif est de finaliser le court d’ici la fin janvier 2016 : la partie VFX sera lancée dès le bouclage de la campagne de levée de fonds.

A noter enfin, le but n’est pas de faire un court et d’en rester là. L’équipe souhaiterait prolonger l’univers, par exemple en explorant le lieu du film à d’autres époques ou au travers d’autres personnages. Long-métrage, série ? Il est encore trop tôt pour en parler publiquement, mais les concepts et idées fusent déjà.

Côté distribution, Franck Carle de La Terre Tourne compte bien faire le tour des festivals, un domaine qu’il connaît bien : son précédent projet a été projeté dans une cinquantaine de festivals.

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