Sébastien Wojda – Animateur chez DreamWorks Animation



3DVF – Peux-tu revenir un peu plus sur ton expérience chez DreamWorks Animation India ?

 

Sébastien Wojda : J’ai passé 2 ans et demi en Inde. À l’époque, le studio était encore jeune et avait besoin de beaucoup d’animateurs. Je suis arrivé là-bas en même temps que 3 autres animateurs européens, 2 Français (dont ma femme) et un Espagnol. Le but était d’essayer de montrer un peu l’exemple, et effectuer un travail qui puisse inspirer et motiver l’équipe sur place. Au final, on s’est retrouvé a apprendre énormément les uns des autres, car il y avait beaucoup de personnes talentueuses au studio, du coup j’ai beaucoup appris de mes collègues et superviseurs.

 

Pour moi, cette expérience était un peu comparable à une école, c’est là où j’ai vraiment appris ce que c’était de travailler sur des films de cette qualité avec un haut niveau d’exigence. Je voyais mes superviseurs d’animation un peu comme des professeurs ; je remercie d’ailleurs Nicolas Chauvelot et Denis Couchon, pour tout ce qu’ils ont pu m’apporter, j’ai pu passer un cap dans la qualité de mon travail grâce à eux à travers cette expérience.



3DVF – En termes de méthodes de travail, y a t-il des différences avec l’équipe américaine ?

 

Sébastien Wojda : Les façons de travailler restent globalement les mêmes, vu que le pipeline et tous les outils sont les mêmes que chez le studio américain.  La principale différence est que, à part pour Scared Shrekless, le réalisateur n’était pas sur place.

 

Avec un décalage horaire de 12h, on avait pris l’habitude d’envoyer nos plans le soir, les dailies avec le réalisateur se faisaient pendant la nuit (donc pendant le jour en Californie), et elles étaient filmées, pour qu’on puisse visionner la dailies le lendemain matin avec le head of animation. Ça demandait un peu plus d’organisation, pour que mes plans soient prêts vers 17h tous les soirs, mais l’avantage était que comme les dailies étaient filmées, je pouvais les revoir autant de fois que nécessaire, ce qui est très utile.

Mais c’est vrai que l’avantage de faire les dailies avec le réalisateur sur place, comme je le fais maintenant, c’est qu’on peut lui poser des questions directement, si on a besoin d’avoir plus de précisions sur des notes.


Sinon, je ne pense pas que la culture indienne ait eu beaucoup d’impact sur la façon de travailler dans le studio, comme je le disais précédemment, les outils sont les mêmes qu’à DreamWorks Animation en Californie, et toute l’organisation du studio reste identique, afin que les échanges entre studios se fassent le plus facilement possible.

 

Bien sûr, les fêtes traditionnelles indiennes étaient célébrées dans le studio, et il y a toujours des choses qui nous rappellent qu’on est en Inde, mais la différence de culture se faisait surtout sentir à l’extérieur, dès qu’on sortait dans la rue.



3DVF – Tu as aussi travaillé sur des projets plus courts, comme « Madagascar à la folie », « Shrek, fais-moi peur ! ». Quelles sont les différences entre un long-métrage et ce type de projet ?

Sébastien Wojda : C’était parmi les premiers projets sur lesquels j’ai travaillé à DDU ; ils ont permis à toute l’équipe de se familiariser avec les personnages DreamWorks Animation ainsi qu’avec le logiciel d’animation. Les quotas étaient d’ailleurs un peu plus bas.

 

L’avantage d’avoir un projet plus court, c’est d’avoir moins de changements au niveau de l’histoire par exemple. Je pense aussi qu’il y a moins de pression pour les spéciaux TV que pour les longs métrages, et un peu moins d’exigence en terme de qualité, même si le résultat reste très convenable. Mais je n’ai pas l’impression d’avoir travaillé en équipe beaucoup plus réduite que sur un long métrage ; il y avait tout de même 20 à 30 animateurs sur les courts.

 

Par contre, l’équipe est toujours la même, donc l’ambiance de travail est différente, plus conviviale, le studio emploie moins de 200 personnes, alors qu’à Glendale, ils sont plus de 1000 !

3DVF – Pour avoir commencé ta formation en France, quel est ton regard sur les formations françaises en animation ?


Sébastien Wojda : C’est difficile de parler des formations françaises en général ; les écoles sont très différentes les unes des autres, mais il en existe de très bonnes, et c’est d’ailleurs pour cette raison qu’il y a beaucoup de Français chez DreamWorks Animation. Je pense que les formations donnent de très bonnes bases pour commencer dans le métier ; le point fort des étudiants français est qu’ils ont accès depuis tout petit à une culture artistique, graphique et visuelle plus riche et diversifiée que dans beaucoup d’autres pays, ce qui se révèle être un atout dans ce milieu. C’est aussi ce qui fait la bonne réputation des écoles françaises à l’étranger.


Pour mon cas je suis passé par l’EMCA avec une formation plutôt axée sur la dimension artistique et auteur, et ma 3e année aux Gobelins était consacrée à la réalisation d’un court métrage. Les deux se sont finalement bien complétées.


Ensuite je pense qu’il faut beaucoup de travail personnel si on veut vraiment progresser, surtout au niveau technique, car en arrivant chez DreamWorks Animation j’ai dû pratiquement réapprendre tout ce que je pensais savoir sur l’animation.

3DVF – Sur quel projet travailles-tu actuellement et quelles sont tes envies pour l’avenir ?

 

Sébastien Wojda :  Actuellement je travaille sur un film qui s’appelle B.O.O (Bureau of Otherworldly Operations), un peu dans l’esprit de Ghostbusters, avec des fantômes. On se fait vraiment plaisir sur l’animation parce que c’est vraiment beaucoup plus cartoon que ce que fait le studio depuis quelques années.

 

Il ne faut pas hésiter à mettre du stretch et du squash ; ça faisait longtemps que je n’en avais pas fait et ça fait très plaisir ! On peut pousser des poses à  l’extrême, et le mot d’ordre c’est de faire des choses fun ! C’est aussi très agréable de commencer sur un film depuis son début, on a davantage le temps de comprendre les personnages, comment les développer tout en s’améliorant sur leur animation.

Depuis que je suis arrivé à DreamWorks Animation, je suis toujours arrivé sur des projets en cours de fabrication, à l’exception de Me & My Shadow, ce qui représente cette fois un peu plus de challenge.


Je fais partie de l’équipe qui anime les méchants fantômes, dont le chef est joué par Bill Murray, et  c’est quand même classe ! On est une petite équipe de 5 animateurs, dont le superviseur est encore un Français, Alexis Wanneroy. On se réunit régulièrement pour se donner des idées sur nos plans, le travail d’équipe se fait encore plus sentir, et c’est quelque chose de vraiment motivant.

 

On m’a donné la responsabilité de développer l’animation d’un personnage. C’est un petit rôle dans le film, mais c’est quelque chose qui me plait énormément : définir son caractère, sa façon de bouger, j’aimerais bien pouvoir refaire ça dans le futur !





Pour ce qui est de mes envies, depuis que j’ai commencé dans l’animation, j’ai toujours eu ce rêve de monter mon propre studio en Corse. Je garde toujours cette idée en tête, mais  je me sens super bien ici, et la Californie est vraiment agréable, ça me rappelle justement la Corse, mais en plus grand : ) Donc j’espère y rester le plus longtemps possible, et pourquoi pas travailler aussi dans le jeu vidéo, un domaine qui me passionne beaucoup, mais pour l’instant, je profite !

 

3DVF – Merci d’avoir pris le temps de partager ton expérience avec nous ! Très bonne continuation Sébastien et à très bientôt !

 

 

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