Place enfin au très attendu making-of de Gravity. Vincent Aupetit a débuté les hostilités avec la prévisualisation du film. Il a en fait commencé le projet encore plus tôt, dès le pitchvis (animation de scènes censées donner une vision du projet, pour convaincre les producteurs de financer le film), d’une durée de 7,5 minutes. Pour animer les personnages dans la prévis, il a évidemment fallu que Vincent Aupetit désapprenne l’animation classique avec poids. Très tôt, le stéréographe est arrivé et a influencé son travail, de façon à réfléchir au relief sur le projet. Contrairement à la plupart des projets en prévisualisation, le rendu et le lighting ont été relativement poussés : le directeur de la photographie Emmanuel Lubezki a fait un pré-lighting des scènes du film. Comme nous le verrons plus loin, ceci était nécessaire pour le tournage proprement dit. Vincent Aupetit a insisté sur l’aspect humain du projet : la présence des producteurs de la Warner sur le « floor » de Framestore et donc avec les artistes, ce qui n’arrive jamais, mais aussi le fait qu’Alfonso Cuaron a fréquemment remercié les artistes VFX dans ses interviews, ce qui n’est pas forcément le cas de la majorité des réalisateurs. Par ailleurs, le réalisateur ne s’est pas contenté d’être un perfectionniste méticuleux proche des artistes, il a véritablement cherché à collaborer avec eux et à s’adapter à leurs personnalités, tout en étant ouvert aux suggestions. A entendre Aupetit, on sent qu’il conserve un souvenir ému de cette rencontre. Vincent Aupetit a depuis rejoint The Third Floor, et a travaillé en tant que Previsualisation Supervisor sur des projets comme Thor: Le Monde des Ténèbres ou The Amazing Spider-Man 2. |
Une fois un modèle créé, il sera stocké dans « The Ark », une librairie d’assets qui permet de réutiliser voitures, plantes vertes et autres maisons d’un projet sur l’autre. Les « shots creators » sont très polyvalents : compétences en animation mais aussi ajout de quelques effets. Un travail de veille est également indispensable : une liste de films indispensables leur est donnée. Regarder de nombreux films, les analyser : indispensable pour être efficace lors de la mise en place d’un plan. |
Alexis Wajsbrot, CG Effects Supervisor chez Framestore, est ensuite revenu sur l’aval du projet : la réalisation et le travail phénoménal de l’équipe de Framestore (visible sur la photo plus bas). Framestore, qui a géré à la fois la pré et postproduction, a été profondément impliqué dans le processus de tournage. Celui-ci constitue à lui seul une prouesse technique avec la lightbox (photo ci-dessus), sorte de cube tapissé de LEDs qui éclairait les visages des acteurs. De nombreux tests étaient nécessaires avant chaque prise, du fait du matériel employé : un robot industriel contrôlait la caméra qui frôlait les acteurs, avec risques de blessure grave en cas d’erreur.
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Pour un plan typique, il fallait donc quatre étapes : A noter, les têtes visibles à l’écran étaient parfois remplacées par des doubles numériques, si elles faisaient moins d’1/8 de la hauteur de l’écran. Un scan précis des visages des acteurs a donc été nécessaire.
Les FX, enfin, ont constitué un tour de force : la destruction de l’ISS et ses 48 modules a nécessité pas moins de 192 rigs de simulation. Des zones 3D ont été mises en place pour simuler séparément la destruction de groupes de modules, afin d’éviter des temps de calcul trop élevés. Le fait que Cuaron soit adepte des plans séquences n’a pas aidé sur ce point ! Le Bilan Cette édition 2013, vous l’aurez compris, était riche en rencontres. Sur le plan technique, artistique et humain, les conférences sur Gravity ont sans doute remporté les faveurs du public. La conférence sur les stratégies des studios était l’autre point fort, donnant une vision des possibilités s’offrant aux studios français. |
Décembre 2013