Le mercredi après-midi, ParisFX organisait une conférence sur les stratégies internationales de sociétés françaises de VFX et animation. Un sujet orienté « business » et non making-of, donc, mais qui s’est avéré être passionnant en raison du contraste entre les solutions adoptées par Digital District et The Bridge. Digital District, pour commencer, a mis en place une stratégie simple : conserver une taille humaine en France (une cinquantaine de personnes) tout en créant des antennes à l’étranger, sur des territoires clés : Belgique, Montréal, Shanghaï. Digital District y trouve plusieurs avantages, le premier étant de ne pas être trop gros en France, ce qui mettrait en danger la survie du studio. En parallèle, les antennes sont un atout majeur pour séduire les clients hors de l’hexagone, notamment en raison des crédits d’impôts en Belgique et au Canada, mais aussi par proximité géographique et culturelle (marché Chinois). Pour Digital District, conquérir de nouveaux marchés est vital : entre la concurrence des autres studios/agences et la baisse des budgets, séduire l’étranger n’est pas qu’un simple luxe, c’est un véritable modèle économique. Jusqu’ici, le studio a su se développer en Europe, dans les pays arabes, mais aussi en Russie et aux USA. L’Asie représente un marché nouveau, en plein développement.
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De gauche à droite et de haut en bas : Vincent Guttmann (compositing), Marine Tuloup (Directrice), David Danesi (CEO). |
Ci-dessous, quelques projets récents du studio. |
Sur chaque site, les problématiques sont spécifiques. A Montréal, il faut faire face à une forte concurrence, l’offre étant supérieure à la demande. Pour bénéficier des crédits d’impôts, il faut également recruter un certain quota d’artistes locaux, ce qui peut s’avérer difficile (plus de postes à pourvoir dans les studios que de candidats ayant la nationalité canadienne). A Shanghaï, les activités portent pour le moment sur le secteur publicitaire, mais Digital District entend bien mettre un pied dans le cinéma, à plus ou moins long terme. Malgré ces contraintes, le jeu en vaut la chandelle ; les budgets publicité pour l’Asie, nous a indiqué Digital District, sont équivalents à ceux pratiqués en France. |
Chez The Bridge, la problématique de la taille des studios a donné lieu à une réponse radicalement différente. Pour les clients, ce regroupement simplifie les choses : une seule entité, une seule équipe VFX et un seul superviseur par projet. Et l’aventure commence bien : plus de 4300 plans ont été gérés par The Bridge en 2013. Bien entendu, le travail n’arrive pas spontanément, et il a fallu développer une stratégie dédiée : La fin de la présentation a porté sur les aides, et plus précisément sur le système de crédit d’impôt TRIP (Tax Rebate for International Production). Parfait pour l’animation, adapté au live-action, le système pose problème pour les VFX car les conditions pour en bénéficier ne sont pas adaptées à ce marché : contraintes sur le nombre de plans, contraintes culturelles. Ces deux conférences, riches en informations, ont été un des points forts de l’édition 2013. On appréciera en particulier la franchise des intervenants, que ce soit lors des présentations ou des questions. |
Ci-dessous, de gauche à droite et de haut en bas : |
Pawl Fulker, directeur créatif et associé de Proof London, est revenu sur la spécialité du studio : la prévis. Fulker a présenté des images des derniers projets du studio : Fast & Furious 6, Pirates !, Green Hornet, Captain America, The Amazing Spider-Man… Malheureusement, la société n’a pas pu obtenir les droits pour nous dévoiler quelques plans de prévis du nouveau Hunger Games, comme cela était annoncé. Ces images ont permis à Pawl Fulker de montrer la diversité des rendus proposés par Proof London, qui dépendent des besoins de chaque projet. Ainsi, un toon shader a été employé pour Green Hornet, le but étant de proposer un rendu symbolique, laissant une place importante à l’imagination. Le rendu « basique », très en deçà des possibilités actuelles en 3D (y compris en 3D temps réel), est volontaire : il ne faut surtout pas trop détailler, car un rendu trop précis fait croire que certains points (décor, textures) sont figés, validés. Ce qui peut évidemment poser problème pour le réalisateur, qui ne comprendra pas que le décor très détaillé qu’il a vu en prévis ne soit plus le même dans la version finale. Prévisualisation pour The Amazing Spider-Man |
Evidemment, a concédé Pawl Fulker, la prévis très détaillée et réaliste peut être une nécessité sur certains projets. Ce fut le cas pour The Amazing Spider-Man, qui a bénéficié d’un éclairage et de shaders plus réalistes : il s’agissait de tester le relief de certains plans. Mais dans la plupart des cas, une version stylisée est plus adaptée et va droit au coeur du rôle de la prévis : anticiper et résoudre les problèmes. A noter, le site de Proof Inc propose de nombreux plans animés de prévisualisation, qui donnent une bonne idée du travail que propose la société. Ci-dessous : prévisualisation pour Fast & Furious 6 |