Citron Man, par One More

One More

Vos projets récents comportent aussi de nombreux clips ; on notera en particulier la série de projets pour Woodkid : Run Boy Run, Iron et I Love You. Comment s’est déroulée cette collaboration, et quelle a été votre participation sur ces projets ?

Cela fait plus de 4 ans que nous travaillons sur tous les films de Yoann Lemoine qui est également Woodkid. Notre parcours est très lié, et il n’y a qu’à regarder notre bande démo pour voir qu’il a une grande importance dans notre évolution. C’est très agréable de construire une relation sur la confiance et la créativité. Nous apprécions énormément le travail de Yoann, qui malgré son succès a su rester proche de nous.

Bien qu’il soit très exigeant, c’est un excellent graphiste qui n’oublie pas ce que représente le travail des graphistes et est très ouvert à l’échange artistique.

Souvent, nous parlons du clip, des mois à l’avance, avec quelques pistes, quelques notes. Puis il disparait et quand il revient c’est en général avec toute une production sur les starting-blocks. Il faut alors être très réactif et autonome pour pouvoir avancer à son rythme. Nous sommes d’ailleurs en préparation du nouveau et dernier clip de l’opus Woodkid.

 




 

 

Iron, Blue Jeans et Born to Die pour Lana Del Rey,… Vous avez été impliqués sur des projets très largement diffusés, avec des dizaines de millions de vues rien que sur YouTube. Quelles ont été les retombées pour One More ? Quelle est votre vision de ce marché ?

C’est vrai que nous avons eu la chance de travailler sur des projets avec de grosses diffusions. Nous avons également produit le film PIXELS qui a eu une énorme retombée médiatique. Tous ces projets aident à rapidement situer la société sur un plan « populaire » lors d’une discussion, mais en terme de retombées je ne suis pas sûr que ce soit des éléments décisifs lors d’une compétition. En revanche, c’est évident que pour ceux qui ont travaillé sur de tels projets, les moments de buzz sont des moments forts et excitants à vivre. C’est grisant de voir son projet être relayé sur tous les médias sociaux…

 

Born to Die

Born to Die

 

Nous l’évoquions plus haut, vous venez de vivre de profondes évolutions structurelles, et êtes désormais liés au groupe Transatlantic. Vous venez du même coup d’acquérir SNARX (anciennement SPARX).
Pouvez-vous revenir pour nous sur ces changements ? Quelles raisons vous ont poussé sur cette voie, et quelles seront les conséquences pour le studio ?

Cela faisait déjà un an que nous étions en pourparlers avec le groupe Transatlantic quand nous avons décidé de franchir le pas et de nous associer. Dans notre développement que nous avons toujours voulu rapide, nous avons souffert de ne pas avoir été structurés pour supporter des crises très prolongées. C’est le problème d’une croissance trop rapide. Nous nous savions faibles à ce niveau, mais avons toujours investi et avancé sans en avoir peur. Nous savions qu’à un moment donné, nous allions devoir nous adosser à plus gros que nous pour nous permettre de passer un cap structurel important. Nous avons eu la chance de nous rencontrer avec Olivier Robin Marieton, suffisamment en amont pour que cette association soit mûrement réfléchie et saine.
La reprise de Snarx fut naturelle, car il n’y avait aucun intérêt à voir deux studios de 3D au sein du même groupe. Bien que ce genre de rapprochement soit toujours délicat humainement, nous avons essayé de gérer au mieux cette étape et avons tous beaucoup appris en nous réunissant. Nous aurions mis des années à atteindre cette maturité si nous avions dû faire le chemin seul.

Les conséquences sont avant tout économiques. Nous sommes une société solide qui est désormais armée pour voguer dans la tempête de la crise. Le groupe nous apporte son soutien financier, mais aussi technique et humain. Nous apprenons aussi à nous structurer et analyser notre activité comme une vraie société, et plus comme une bande d’amis qui vient de monter un studio. 🙂


Spot pour Huawei
(réalisation : Xavier Ribera – production : Rocket Science Productions – Agence : Y&R Beijing)

 


Spot Pikmin pour Nintendo
(réalisation : Julien Roussiaux – Production : The Jacks – Agence : The Jacks)

Comment voyez-vous l’évolution de One More dans les années à venir ?

Je pense que nous devons continuer dans la dynamique créative qui est la nôtre. Nous devons garder la créativité au centre de nos attentions. Néanmoins, nous devons également être plus vigilants concernant la solidité de l’entreprise et faire des choix peut être plus rationnels. Nous souhaitons renforcer les liens avec Medialab afin de proposer une offre encore plus solide sur toute la chaine de postproduction.
Enfin, nous sommes à l’écoute du marché et de ses changements. La publicité française est en pleine mutation et nous devons nous adapter à de nouveaux enjeux, notamment en élargissant notre clientèle internationale et proposant de nouvelles prestations.

 

PIXELS

 

Que pensez-vous des jeunes artistes sortant actuellement des écoles d’infographie ? Leur formation vous semble-t-elle adaptée à vos besoins ? Y a-t-il des points à améliorer ?

Nous travaillons régulièrement avec de jeunes graphistes, dont beaucoup ont commencé chez One More et sont devenus désormais de véritables piliers.
La qualité des formations est très inégale, on note que certaines écoles font vraiment de l’abattage. On voit beaucoup de candidats qui ont subi une formation très généraliste, mais dont les fondamentaux de la 3D ont été survolés, voire négligés. Aujourd’hui, il y a clairement plus d’offre que de demande. Il faut donc, dès la première année de fac, penser au marché du travail. Honnêtement, je sais que c’est très dur, et moi même je n’ai pas été exemplaire lors de mes études. Néanmoins, je crois que la situation est encore plus complexe aujourd’hui. Il faut se battre pour trouver des stages et décrocher l’intérêt d’un recruteur. Les délais des projets étant tellement courts, les sociétés hésitent à faire confiance à des jeunes fraichement diplômés. Il faut donc se distinguer de la masse… Et pour ça toutes les astuces sont bonnes. Il faut surprendre un employeur. Imaginez qu’il voit 10 bandes démos par jours… A vous de trouver le moyen de vous faire remarquer en quelques minutes… Il est normal qu’en sortie de fac, un étudiant n’ait pas une bande démo avec une dizaine de films complets, mais en revanche, il a eu 3 ou 4 ans pour faire des tests, pour produire des idées… C’est là que le rendez-vous va se jouer. La bande démo, il faut y penser dès le premier jour de ses études, et pas une fois qu’on commence à chercher du travail….

Vous êtes clients Progiss (partenaire de 3DVF) pour vos besoins matériels/logiciels. Pourquoi faire appel à eux, et quel est votre retour sur cette  collaboration ?

Progiss est un leader sur le marché de la post prod, ainsi qu’un acteur incontournable ayant réussi à sécuriser des deals avec les plus grands développeurs logiciels du marché. Progiss nous accompagne depuis longtemps maintenant et nous avait déjà accompagnés à l’époque à produire notre court métrage PIXELS.

PIXELS, par Patrick Jean
Directeur de la photographie : Matias Boucard
SFX par Patrick Jean & guests
Production : One More

 

Iron

 

Quelle est votre vision du marché actuel ?

Je trouve la situation actuelle critique et explosive. Je ne connais pas une société de post production qui nage actuellement en plein bonheur. Les budgets baissent, les salaires augmentent. Les agences et les productions s’équipent de plus en plus, et remettent en question la présence même des sociétés de post production. Nous devons nous battre au quotidien pour gagner des projets que nous devons produire dans des conditions de plus en plus difficiles…. Il ne faut pas être devin pour voir que l’équation n’est plus bonne… 

Il faut néanmoins garder espoir. Notre industrie est encore très jeune, à peine 30 ans, et les effets spéciaux sont maintenant totalement inévitables sur la majorité des productions… Les choses vont petit à petit trouver un équilibre et se stabiliser. Il faut rester à l’affût, ouvert d’esprit… et y croire coûte que coûte !

Pour en savoir plus :

Le site de One More.

 

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