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Noel Hocquet, FX TD

Noel Hocquet

Le FX TD Noel Hocquet a récemment enchaîné plusieurs projets au sein d’ILM : Battleship, Star Trek Into Darkness, Pacific Rim. En près de 20 ans de carrière, il a travaillé au sein de nombreux studios, après avoir fait ses armes sur la série mythique Insektors ainsi que sur Donkey Kong Country.

Avec lui, nous revenons sur son parcours, ses derniers projets, mais aussi les outils internes et méthodes de travail d’ILM. Il nous donne également sa vision de la promotion de John Knoll au poste de Chief Creative Officer, ainsi que sur la crise du secteur VFX.

 

Démoreel de Noel Hocquet ; un breakdown est proposé sur son site.

 

3DVF : Bonjour Noel, pour commencer peux-tu te présenter en quelques mots ?

Noel Hocquet : J’ai 43 ans, je suis marié et j’ai 2 enfants. Depuis 2009, je vis en Californie, près de San Francisco. Je suis sorti de SupInfoCom Valenciennes au début des années 90. Préalablement à Sup, j’ai obtenu un BTS Informatique à Lille. Quelques années encore plus tôt, je prenais des cours au Beaux Arts de St-Omer. La passion des arts visuels et de l’informatique m’a conduit naturellement vers la 3D. Au début des années 90, les formations 3D étaient encore rares et difficiles d’accès. (à ma connaissance, il n’y avait que le CNBDI d’Angoulême et SupInfoCom).

Noel Hocquet

 

Filmographie

 

Insektors
a

3DVF : Tu as près de 20 ans de carrière dans le domaine de la 3D ; à tes débuts, tu as travaillé sur la série Insektors chez Fantôme, ou encore chez Medialab pour la série Donkey Kong Country.
Peux-tu revenir sur cette époque et tes débuts dans le secteur ?

N.H. : Quand Georges Lacroix m’a proposé de travailler pour lui, sur Insektors ce fut pour moi, un honneur et une chance incroyable. Cela reste un souvenir très spécial ! C’était mon premier job, il était membre de mon jury de fin d’année et avait apprécié mon film d’étudiant. Fantôme jouissait d’une réputation internationale, et a remporté la même année un Emmy Award ! J’ai pu animer Fulgor, Krabo !

Après avoir ensuite travaillé sur les décors de séries 2D (Spirou, Papyrus…) pour l’Usine à Images, je suis parti à Medialab sur la série Donkey Kong Country en tant qu’animateur sur les 6 premiers épisodes, puis en tant que Superviseur d’Animation pour l’Usine à Images sur les 20 épisodes suivants. L’Usine à Images ferma en 2000, j’étais alors co-head du département 3D et superviseur d’Animation.

Ci-contre et ci-dessous :

Insektors, série d’animation en 26 épisodes de 13 minutes, produite par Fantôme en 1994. Une des premières séries d’animation en 3D.

Donkey Kong Country, série d’animation franco-canadienne tirée de la franchise de Nintendo. Deux saisons soit 40 épisodes de 30 minutes. La série se fit surtout connaître en France et au Japon.

 

 

Insektors
Donkey Kong Country

 

3DVF : Comment s’est déroulée la suite de ta carrière ?

N.H. : J’étais un jeune papa et je souhaitais rester en France, j’ai alors créé ma propre société avec l’aide de deux anciens collègues de l’Usine à Images qui se sont greffés à mon projet. En 2001, nous avons créé la société. En 2003, je quittais la société trahi et déçu par ces mêmes associés.
J’ai recommencé à zéro à Buf. Buf m’a donné la chance de travailler sur des gros films (Silent Hill, Revolver, Angel-A, United 93, Arthur et les Minimoys) et sur des publicités en tant que généraliste. A Buf en général, on fait un plan de A à Z ! C’est la meilleure école !

Buf a été pour moi un second tremplin et, en 2006 je partais sur Londres pour travailler tout d’abord dans la pub à The Mill et à Glassworks, puis à Framestore et Double Negative. J’ai enchainé film sur film (Narnia 2, Hellboy 2, Harry Potter 6, Angels & Demons, GreenZone, IronMan 2).

Après avoir rencontré DreamWorks au Siggraph en 2007, ils m’ont régulièrement fait des propositions d’offres d’emploi. J’ai finalement accepté leur 3ème offre en 2009. J’y ai travaillé sur Megamind et sur deux specials TV en tant que Senior Lighter.


Harry Poter

 

Narnia

 

3DVF : Comment perçois-tu l’évolution du secteur au cours de ces 20 ans ? Quels changements ressortent le plus, par exemple en termes de méthodes de travail et d’état d’esprit ?

N.H. : Il y a plus de 20 ans ce métier était tout nouveau, aujourd’hui c’est devenu une industrie. Avec les bons et les mauvais côtés. Ce métier arrive à une certaine maturité, on est entré dans une phase  » d’industrialisation  » où l’on doit réduire les coûts et les temps de fabrication. Je crois que c’est un schéma classique qui prouve le succès de ce métier. D’où cette relocalisation incessante des studios afin de diminuer leurs coûts et l’émergence des studios chinois et indiens. Maintenant, il faut être mobile, aller là où se trouve le travail si on peut se le permettre. Du coup, je suis très curieux de voir comment on pourrait appliquer le  » remote « , le télétravail à notre métier.

C’est difficile d’être mobile quand on a une famille et des enfants. La méthodologie, selon moi, n’a pas fondamentalement changé, les techniques ont évolué, se sont améliorées, dans certains cas, des innovations ont permis de réaliser des effets impossibles à faire auparavant ; mais en parallèle la demande a aussi changé. Il n’y a jamais eu autant de films à effets que maintenant ! Et des effets de plus en plus complexes ! Certains blockbusters jouent à fond cette carte afin d’avoir le succès en salle. D’autres productions misent sur des effets  » invisibles « , mais quasiment tous les films passent en post production de nos jours ! Et le public est de plus en plus exigeant et connaisseur en la matière ! Et donc plus difficile à satisfaire. Je me souviens de la claque que j’avais prise lorsque j’ai vu pour la première fois au cinéma Terminator 2 et un peu plus tard Jurassic Park ! Cette claque est de plus en plus difficile à reproduire.

 

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