3DVF : Au niveau du rendu, Arnold a été utilisé. Utilisez-vous d’autres moteurs au sein du studio ? Quels étaient les avantages d’Arnold pour ce projet ? Nozon : Nous avons encore des licences Maxwell, mais depuis Arnold, nous ne les utilisons quasi plus. Arnold du point de vue du rendu nous a clairement aidé à obtenir un rendu esthétique et réaliste dans des conditions assez difficiles : blanc sur blanc et beaucoup de sub-scattering. Le rendu interactif et le sub-scattering raytracé permettent également de rapidement régler l’éclairage sans devoir générer de pré-passe de « shadow maps », de « point cloud » ou d’illumination, tout en étant bien plus précis dans les petits détails. |
Le fait de pouvoir gérer l’éclairage avec de grandes area-lights raytracées est bien entendu un énorme plus pour ce genre de projet. 3DVF : Comment avez-vous géré l’éclairage, sur un sujet évidemment délicat puisqu’entièrement blanc ? Il était également compliqué de restituer les volumes sans « salir » le liquide. C’est une balance subtile entre la teinte naturelle du lait (qui tend vers le jaune) et l’éclairage relativement froid pour contrebalancer. |
3DVF : Pouvez-vous nous parler de votre approche sur l’apparence et le rendu du lait, qui peut être difficile à reproduire ? Nozon : Dès le départ le réalisateur voulait des chevaliers à taille humaine. Il a fallu de nombreux réglages pour trouver une échelle de liquide cohérente pour le shader, afin d’avoir un compromis entre ce que l’on s’attend à voir et l’échelle de la simulation tout en gardant un maximum de détails et de volume dans celle-ci. Au final, on essaye d’avoir une « beauty » proche du résultat final, ce qui permet de s’affranchir de passes d’occlusions, réflexion, diffuse… Ce qui est aussi un gain de temps considérable tout en rendant le shading plus cohérent. |
3DVF : Le projet a-t-il été coûteux en temps de simulation et rendu ? Avez-vous une idée du temps passé sur chaque frame ? Nozon : Le projet dans sa conception permettait de faire pas mal de « réutilisations », mais au niveau des simulations nous étions par éléments individuels entre 5 et 30 minutes par frame. 3DVF : La simulation de fluide a été créée sous Naiad. Quels sont vos retours sur ce produit ? Quels sont ses avantages par rapport à la concurrence, et notamment RealFlow ? |
3DVF : Pouvez-vous revenir plus en détail sur la façon dont vous avez abordé la simulation de fluides sur ce projet, et notamment sur la gestion des cavaliers et des trainées laissées dans le lait lorsqu’ils galopent ? Nozon : La modélisation a dû être adaptée un peu pour répondre aux exigences de Naiad (volumes bien fermés sans interpénétrations) |
– une passe de fluide « d’impact », ce sont les splashs générés par l’interaction du cheval avec la surface de lait. La je jeu a été de limiter l’étendue de la surface à simuler, nous avons développer des sortes de piscines mouvantes autour et derrière le chevalier via des lofts et des booléennes. Le tout est meshé puis aggloméré au rendu par le subscatter. |
3DVF : Comment sont animées les parties en tissu (costumes, drapeaux) ? Nozon : Elles font l’objet de simulation de tissu standard en Maya nCloth puis nous les passons dans Naiad pour ajouter le côté fluide. |
3DVF : Comment avez-vous procédé pour l’animation des chevaliers au galop et leurs chevaux ? Nozon : Au début de la production nous avions l’envie de travailler sur base de motion capture pour les chevaux. Très vite nous nous sommes rendu compte qu’il n’existait pas de datas qui répondaient à nos attentes. Il est pratiquement compliqué de capturer un cheval lancé à 50 km/h. Nous avons donc travaillé en grande partie sur base d’images filmées. Les chevaliers quant à eux sont animés traditionnellement (en keyframes). |
3DVF : Vous continuez donc à utiliser Naiad en production, alors même que le produit n’est plus mis à jour depuis son rachat par Autodesk… L’absence de support est-elle un obstacle ? Nozon : Pour l’instant oui, ce logiciel offre suffisamment d’avantages pour risquer l’absence de support. Il a déjà été utilisé en production par d’autres sociétés et nous avons eu la chance d’avoir assez de temps pour tester les fonctionnalités nécessaires pour ce travail avant de rentrer en production. Bon bien sûr, nous nous sommes heurtés à certains bugs et nous avons du trouver des work-around, mais rien de bloquant. |
3DVF : Autodesk ayant racheté le produit, on peut imaginer une intégration dans Maya ou 3ds Max, voire un produit standalone, peut-être un Houdini-like… Qu’attendez-vous d’Autodesk à ce niveau ? Nozon : Étant déjà un client Maya du point de vue financier le mieux pour nous serait une intégration dans Maya. Mais je pense que cela demanderait des modifications très en profondeur de Maya pour traiter autant de particules (facilement au-dessus de 20 millions) Nous nous attendons à vrai dire plutôt voir sortir à terme un nouveau logiciel de 3D de la part d’Autodesk, qui idéalement intégrerait le meilleur de 3DS, Maya et Softimage… et Naiad. Un peu comme pour la création de Maya entre Alias et Wavefront il y plus de 15 ans… Mais ce n’est que spéculations de notre part. |
3DVF : Quelques mots sur vos autres projets en cours ? Nozon : Nous travaillons sur le long-métrage de Minuscule en stéréoscopique. Pas facile, mais nous pensons que cela donnera un très beau film. 3DVF : Au niveau du recrutement, que pensez-vous du niveau des jeunes artistes sortant des écoles, en France comme en Belgique ? Y a-t-il des points à améliorer sur leurs formations ? Nozon : Il y a des talents qui sortent des écoles en France comme en Belgique. Toutefois d’un point de vue purement productionel je trouve dommage qu’il n’y ait pas plus de spécialisation. Il y a tellement de métiers différents entre le modelling et le compositing. Il y aurait matière à plus approfondir une des disciplines. Les Fx’s sont par exemple une classe d’artistes très compliqués à trouver et il a relativement peu de formations de ce type. 3DVF : Quelles sont les perspectives d’évolution de Nozon dans les années à venir ? Nozon : Continuer notre développement sur les longs-métrages et surtout accroître notre visibilité internationale aussi bien sur le marché publicitaire que fiction. |
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