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Croissance, série LEGO, futur long-métrage animé : les secrets du studio Circus

Il y a dix ans, le studio parisien Circus nous proposait un aperçu des coulisses de spots réalisés pour Free. Depuis, le studio a opéré une montée en puissance : Circus travaille désormais sur des documentaires, de la série animée mais aussi du long-métrage, avec Croc-Blanc en 2018 et Around The World, prévu pour cet été.

Un tel essor a évidemment nécessité de nombreuses adaptations, et Circus a bien voulu nous les détailler dans l’interview qui suit. L’équipe nous a également expliqué sa philosophie de gestion des équipes reposant sur la fidélisation, sa vision des heures supplémentaires, la façon dont Circus a géré la pandémie.

Enfin, place au concret avec la série LEGO City Adventures, ainsi qu’un aperçu visuel d’Around The World, sur lequel nous reviendront bientôt plus en détail !

Around The World – Cottonwood Media / StudioCanal / France 3 Cinema / Umedia

3DVF : Bonjour Circus ! Nous vous avions interviewé il y a déjà une dizaine d’années, et le studio a depuis énormément évolué : déménagement, taille plus importante, bascule de la publicité vers de la série et du long-métrage…

Circus : En effet, beaucoup de choses se sont passées, nos actualités principales étant la série LEGO (produite par Passion Paris et réalisée par Laurent Nicolas) et le film d’animation Around The World, une adaptation animée du Tour du monde en 80 Jours de Jules Verne (projet porté par Cottonwood, StudioCanal et réalisé par Samuel Tourneux).

Il faut bien voir que nos capacités de production ont explosé : la série LEGO, c’est l’équivalent de trois longs-métrages par an en volume, en parallèle on fait du long-métrage, du documentaire… Par rapport à nos débuts, quand nous étions 10-15 et centrés sur la publicité, ça a été un vrai virage, lancé il y a 5 ans environ.

3DVF : Concrètement, comment s’est fait ce virage, en termes de projets ?

On a renforcé la partie animation, avec l’attraction des Lapins Crétins en 2015-16, puis nous avons enchaîné les projets, par exemple Croc-Blanc sur lequel nous avons géré la supervision et une grosse partie de la fabrication pour Superprod, un projet passionnant avec plusieurs entités à chapeauter, cela nous a aussi permis de concevoir un nouveau pipeline de fabrication autour de notre logiciel Kurtis.

Tout ça nous a permis de conforter nos points forts, par la suite Passion Pictures est venu nous voir pour faire des tests pour LEGO, tests remportés avec eux… Et nous en sommes désormais à 3 saisons, bientôt une quatrième ! Avec du coup des effectifs de 40, 50 personnes dédiées à la série pour chaque saison.

3DVF : Au niveau matériel et infrastructure, Quels ont été les changements ?

Nous avons vraiment changé de dimension et pris de l’ampleur en deux ans, avec de l’ordre de 6500 threads à notre disposition, en combinant à la fois notre capacité de calcul type serveur, sur rack, et nos workstations qui font du rendu la nuit. Nos derniers calculateurs sont en AMD EPYC (96 cœurs), nous avons d’ailleurs aussi adopté AMD pour nos nouvelles stations de travail.

Concrètement pour le rendu nous sommes passé à du nodal externalisé dans un datacenter, avec fibre noire et système de sauvegarde multiple. Cela nous offre une plus grande souplesse d’évolution en nous affranchissant des problèmes électriques de climatisation et d’espace. Le système est bien pensé, physiquement chaque entreprise faisant appel à ce prestataire dispose d’un espace dédié avec porte vitrée, accès par badge. On est « chez soi ». Technologiquement, notre IT a un accès complet en remote ; bien entendu, s’il y a besoin d’intervenir ça reste possible.
Autre évolution majeure, en 2020 nous avons basculé tout notre parc informatique sous Linux.

Une partie des clients du studio

3DVF : Vous évoquiez Kurtis : que vous a-t-il permis de faire ? Et pouvez-vous nous en dire plus sur vos outils logiciels ?

On a commencé les développements liés à Kurtis en 2013, avant nous nous appuyions sur des scripts. Et depuis deux ans toute notre chaîne est automatisée, les processus sont chaînés, on a un nouvel outil de gestion d’assets…

Côté outils, nous utilisons Fusion pour le compositing sur des projets comme la série LEGO, Nuke sur le long-métrage. On aime bien ne pas s’enfermer dans un soft, comparer les produits. Dans la même idée, on commence à se poser la question de Blender. Ça remettrait en question tous nos scripts mais ce n’est pas grave, on veut garder une dynamique et toujours être à l’affût des nouvelles technologies.

Dans le même esprit, on s’est acheté des combinaisons de motion capture, pour des animations secondaires ça peut être intéressant.

En ce qui concerne les moteurs de rendu, Arnold reste notre moteur de prédilection ; pour Croc-Blanc nous avions utilisé Guerilla car Onyx Films l’utilisait. Le long-métrage Around The World est rendu sous V-Ray car on collabore sur ce projet avec Mac Guff Ligne, qui historiquement travaille plutôt avec cet outil. En fait nous ne sommes pas forcément fixés sur un moteur, ça ne nous pose pas de problème de tester, changer d’outil, même si nous trouvons Arnold plus robuste.

Plus globalement, on choisit les outils en fonction du besoin artistique, des collaborations, on n’a aucun souci à faire évoluer les choses, bien au contraire. Ca nous semble même vertueux pour un studio : ça évite que l’entreprise ne s’endorme, prenne du retard.
Le fait que nous ayons fortement développé l’aspect supervision joue sans doute aussi, c’est une position qui nécessite de s’adapter et d’être souple.

3DVF : Dans votre parcours et vos méthodes, on sent une volonté de monter en puissance progressivement…

Oui, nous voulons avancer petit à petit, de façon très construite. Nous nous étions posé la question de déménager pour prendre 400, 600 mètres carrés, mais cette option peut être très risquée à la moindre baisse d’activité.

Même si évidemment les projets récents font que la progression s’est accélérée, nous cherchons vraiment à limiter les risques tout en allant de l’avant au niveau qualitatif et quantitatif.

Un autre avantage du multi-sites, c’est la confidentialité : les projets sont vraiment séparés. 

3DVF : En effet, Circus s’est étendu avec un second studio, géographiquement proche du premier. Comment s’est déroulée cette extension physique ?

Ca s’est fait à la sortie du premier confinement en 2020, c’était assez particulier : d’un côté nous avions un projet nécessitant cet agrandissement, de l’autre la période n’était pas forcément propice à ce genre d’investissement, de projection dans l’avenir…

On ne s’est pas pour autant précipités, au contraire : pendant un certain temps nous avons en fait surchargé le premier studio, alors que la fabrication d’Around The World avait débutée. Tant que nous étions en layout, il était possible de rester sur une petite équipe, mais à un moment donné, la taille croissante de l’équipe sur le projet a rendu obligatoire ce dédoublement, d’autant plus avec le Covid.

Le télétravail nous a aussi permis de gérer cette croissance durant un temps, au fond le timing a toujours été bon entre nos besoins, les possibilités qui s’offraient à nous et les contraintes externes. Il y a eu du stress, mais on a eu beaucoup de chance.

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