Le bazar de la charité
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PIDS 2020 : la CGEV crée un incendie infernal pour Le Bazar de la Charité

La série Le Bazar de la Charité, visible sur TF1 et désormais sur Netflix, met en scène des personnages liés par une tragédie. Cette dernière est sur une catastrophe bien réelle : un brasier aussi soudain que violent qui, le 4 mai 1897, se solda par la mort de plus de 120 personnes issues pour la majorité d’entre elles de la société mondaine parisienne.

Afin de représenter cette tragédie à l’écran, le réalisateur Alexandre Laurent a fait appel au studio CGEV (la Compagnie Générale des Effets Visuels). Un choix qui s’explique par le travail de la CGEV sur le film Sauver ou périr, sorti en 2018 : ce dernier avait mis en scène une caméra immergée au coeur des flammes et très mobile, avec les pompiers. Or Alexandre Laurent souhaitait justement employer ce type d’approche pour l’incendie du Bazar de la Charité. Un plaisir pour la CGEV, qui a expliqué durant la conférence qu’il est toujours agréable de travailler avec des réalisateurs ambitieux et sachant faire confiance aux effets visuels.

Benjamin Blatière (compositing) et Guillaume Le Gouez (VFX Sup.)

Le making-of présenté montre d’ailleurs bien que cette intention de départ a été pleinement mise en oeuvre :

En pratique, il a fallu mettre en place un gros travail de préparation, en dialoguant avec le réalisateur mais aussi en s’appuyant sur le storyboard. Le projet s’est scindé en deux types de plans : intérieurs et extérieurs, la méthodologie ne pouvant être la même puisque les intérieurs ont été filmés en studio (à Brie sur Marne) tandis que les extérieurs ont été tournés dans une rue de Paris. Or, un mois plus tôt, un incendie criminel avait eu lieu dans le même quartier parisien que cette rue ; la mairie avait par conséquent choisi d’interdire toute flamme sur le tournage. Il a donc fallu travailler avec le chef opérateur sur l’éclairage (intensité, couleur) de manière à obtenir des images satisfaisantes sur lesquelles ajouter les effets visuels.

Une vue en extérieur, sans effets (mais avec un éclairage surplombant et une légère fumée, qui ont permis d’avoir une ambiance adaptée) puis avec.

Dans les studios de Brie sur Marne, au contraire, des effets spéciaux (et notamment des rampes à feu) ont pu être utilisés, ce qui a permis de créer une base plus facilement. Ces flammes réelles ont aussi aidé les comédiens à se projeter plus facilement que face à des murs vides.

En haut, les images tournées en studio ; en bas, avec rajouts d’effets par la CGEV

La CGEV a souligné l’importance de la prise de données lors du tournage (mesures, photogrammétrie) afin de faciliter le travail de l’équipe de tracking/layout. Autre intérêt d’une présence en plateau : pouvoir contrôler certains éléments, rappeler au réalisateur et aux comédiens ce qui sera ajouté dans l’image.

L’équipe nous a expliqué certains choix artistiques : le bâtiment de la série s’éloigne volontairement des données historiques, la narration exigeant trois parties bien distinctes permettant de mieux faire comprendre la progression du feu et le déplacement des personnages. De même, le bazar d’origine était éphémère et donc en bois, alors que la version de la série utilise aussi de la pierre, ce qui rend l’ensemble plus esthétique et impressionnant. Un fronton a par ailleurs permis de rajouter le nom du lieu, là encore pour expliciter un peu plus l’action auprès des spectateurs.

En ce qui concerne les flammes proprement dites, pour les extérieurs l’équipe a mélangé flammes 2D et 3D. Houdini/Mantra, Maya Fluids ont permis de gérer plusieurs éléments ; les flammes 2D, de leur côté, étaient donc de vraies flammes filmées lors du tournage, sur fond noir. Les banques de stock footage comme ActionVFX ont aussi eu leur importance.
En intérieur, les flammes sur le plateau ont été d’une grande aide, et ont pu être complétées par des flammes 2D.

A noter aussi, concernant la fumée : si lors du tournage avec comédiens elle était peu présente (afin d’éviter les problèmes en post, notamment sur le tracking), chaque plan a été doublé en rajoutant de la fumée et sans les comédiens. Ceci a permis d’avoir un déplacement de fumée cohérent dans l’espace, et parfois de récupérer directement cet effet.

Un dernier point : il a été possible de faire brûler une partie des décors, ce qui a notamment été utile pour les effets de flammes au plafond.

La CGEV garde un bon souvenir de ce projet, riche en flammes et en mouvements de caméra complexes : un joli défi pour l’équipe, qui a travaillé trois mois pour fabriquer les 25 minutes de plans truqués demandés.

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