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Coronavirus : l’impression 3D pour les soignants, mais attention aux fausses bonnes idées

Après une première tentative par Materialise pour proposer un système d’ouverture de porte sans toucher directement la poignée, d’autres initiatives fleurissent pour utiliser l’impression 3D afin de pallier au manque de matériel dans les hôpitaux.

Des valves pour les respirateurs

En Italie, tout d’abord, et sous l’impulsion du Docteur Renato Favero, une équipe a travaillé sur le détournement de masques de plongée pour anticiper une potentielle rupture de stocks de masques CPAP (qui permettent d’aider des patients à respirer). Comme l’explique l’article mis en ligne par l’équipe, c’est un masque de plongée Décathlon, destiné au snorkeling (plongée en masque et tuba), qui a été retenu. La marque a été contactée et a bien voulu fournir les données CAD du masque.
Résultat : l’équipe a pu mettre au point une valve qui s’adapte à la fois sur ce masque et sur les sytèmes de ventilation utilisés en hôpital. Le tout a ensuite pu être testé sur de vrais patients.
L’équipe précise avoir breveté la valve, mais pour éviter toute spéculation sur l’appareil : l’idée étant justement de ne pas réclament de royalties sur ce brevet et de ne pas gagner d’argent sur ce travail.

Le produit peut donc désormais être utilisé sans problème, et les fichiers d’impression 3D sont disponibles dans l’article.

Ce type de modification a évidemment une grosse limite : la valve n’est absolument pas certifiée comme étant du matériel médical, et nécessite (en Italie du moins) une autorisation écrite du patient pour être utilisée. Il ne s’agit donc pas d’une solution miracle. Notez également que la valve ne remplace pas les fameux respirateurs, elle ne fait que permettre de s’y connecter : selon le manque local de matériel, la valve peut donc n’avoir aucune utilité.

Des visières en renfort du personnel soignant

Autre initiative, avec cette fois plusieurs créateurs simultanés (ici en français, là en Suède) : la mise au point de support permettant de créer facilement des visières pour le personnel médical. Ces dernières ne remplacent pas les masques, mais peuvent offrir une protection supplémentaire.

Le spécialiste de l’impression 3D Stratasys, de son côté, annonce une initiative similaire mais avec en prime l’impression des visières : l’entreprise se fixe comme but d’en créer 5000 aux USA d’ici vendredi, « sans frais pour les destinataires ». Stratasys étudie en parallèle comment proposer le même type de service en Europe et propose aux ateliers d’impression 3D intéressés par l’initiative et susceptibles de pouvoir imprimer les cadres de ces visières de les contacter.

D’autres essais

Le spécialiste de l’impression 3D Formlabs liste de son côté d’autres initiatives similaires : écouvillons de test, respirateurs N95, autres adaptateurs similaires à celui évoqué plus haut comme à Boston par les docteurs Dr. Alex Stoneet Jacqueline Boehme :

La page dédiée à ces projets chez Formlabs souligne l’avancée des projets : tests cliniques, statut du projet, prochaines étapes telles qu’une amélioration du design ou l’attente de validations. Pour l’heure, aucun usage clinique n’est en cours.

Attention aux fausses bonnes idées !

Il convient de rester prudent face aux innovations que vous pourriez voir en ligne : une idée en apparence géniale peut s’avérer avoir des défauts majeurs, en particulier si sa création se fait sans supervision médicale.
Naomi Wu (vidéaste spécialiste du do-it-yourself et de l’impression 3D) a notamment souligné sur Twitter les risques de tester soi-même les masques filtrants qui fleurissent ça et là : ils ne peuvent fonctionner que si l’air est filtré au travers d’une large surface. Un masque doté d’un petit disque filtrant (par exemple issu de certains sacs d’aspirateurs spécifiquement destinés à éliminer les allergènes) ne vous apportera pas assez d’air. De même, utiliser un masque du même type que celui de Décathlon, à l’air libre et avec un filtre fait maison, risque de favoriser une accumulation de C02 et donc vous tuer. D’autant plus que l’intoxication au C02 provoque une léthargie telle que la victime ne se rend pas compte qu’elle souffre d’asphyxie. Comme l’explique Naomi Wu, le simple test de certains systèmes, sans détecteur de C02 et sans personne à côté pour intervenir en cas de souci, revient à risquer votre vie.
Quand bien même votre création ne vous étoufferait pas, un autre souci survient : les modèles de masques imprimés en 3D sont tout sauf étanches, et l’air passera donc sur les côtés. Leur effet filtrant sera dérisoire.

Nous ne saurions trop vous recommander de ne surtout pas improviser de masque de ce type pour votre usage personnel ou pour vos proches.

3 commentaires

Shadows 27 mars 2020 at 13 h 49 min

Exemple concret : la vidéaste Heliox (spécialisée impression 3D/DIY) a proposé des visières aux soignants de sa région, et il y a de la demande : une centaine de visières déjà créées.
[MEDIA=twitter]1243482080476049408[/MEDIA]

Shadows 31 mars 2020 at 10 h 25 min

Décathlon, qui vend le masque visible dans la première image, a eu beaucoup de demandes d’hôpitaux. Résultat : ils stoppent la vente publique, les stocks seront donnés intégralement au personnel soignant. https://twitter.com/Decathlon/status/1244658225032630274

Shadows 2 avril 2020 at 14 h 42 min

3D Hubs a lancé un fonds de fabrication https://www.3dhubs.com/fr/covid-19-fond/ « pour connecter ces projets avec les fonds et les moyens de production dont ils ont besoin pour produire rapidement des équipements essentiels tels que des masques de protection et des pièces pour ventilateur ».

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