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Chernobyl : comment DNEG nous a permis de contempler le coeur du réacteur (MAJ)

Mise à jour du 14/10 : ajout de deux nouvelles vidéos.
Publication initiale le 7 octobre 2019.

L’équipe du studio DNEG a entamé la mise en ligne d’un making-of autour de la minisérie Chernobyl, qui retrace la catastrophe nucléaire de 1986.

Plutôt qu’un breakdown classique, le studio nous propose ici un échange entre Paul Franklin (directeur créatif du studio et superviseur VFX) et Max Dennison (superviseur VFX sur la série). Ce dernier souligne le traitement très « documentaire » des effets dans la série : le but était davantage de proposer une restitution de l’époque que de verser dans le spectaculaire pur. Par exemple, les images de la ville de Prypiat ont en fait été tournées en Lituanie ; DNEG a ensuite supprimé les éléments modernes comme les paraboles TV et réduit la taille de la cité, pour coller à l’échelle de Prypiat telle qu’elle se trouvait en 1986.
En ce qui concerne le réacteur, l’équipe a eu la chance d’avoir accès en Lituanie à une centrale de conception similaire à celle de Tchernobyl, ce qui a été une aide précieuse en termes d’authenticité. Un autre lieu de tournage, à l’extérieur de Vilnius (toujours en Lituanie), a servi à créer une véritable pile de débris. Enfin, l’équipe s’est aussi appuyée sur un modèle 3D basse définition de l’environnement de Tchernobyl qu’il a fallu détailler.

Dennison précise au passage que le choix a été fait de conserver des plans de caméra plausibles : il était hors de question d’avoir un point de vue flottant dans les airs, par exemple. Tout plan devait pouvoir avoir été filmé le jour de la catastrophe : les vues aériennes correspondent donc au point de vue des hélicoptères de la série, et les autres plans sont filmés au sol. Là encore, le but était de parvenir à un haut degré d’authenticité, d’évoquer le documentaire d’époque et non le blockbuster moderne.

La troisième partie de l’entretien s’intéresse au coeur du réacteur, un élément crucial des effets visuels mais aussi très délicat : comme l’explique le superviseur Max Dennison, ceux qui ont vu en détail le coeur après l’accident ne sont plus en vie, et ne peuvent donc témoigner. Pour gérer ces éléments, il a donc fallu s’appuyer sur la science et interpoler : par exemple, la température du coeur était telle qu’il ne pouvait y avoir de flammes : tout ce qui était en mesure de s’enflammer avait déjà été réduit en cendres au moment où la série nous montre le coeur. Il était par ailleurs essentiel de montrer la combustion des éléments en graphite et leur fumée carbonée, étant donné que cet élément intervient plus tard lors du crash d’un hélicoptère.
Au final, admet Dennison, une bonne part de l’apparence et du grading des éléments reste de l’ordre de la « supposition éclairée », les éléments scientifiques ne permettant que d’apporter des bornes visuelles imprécises.

Enfin, Paul Franklin (directeur créatif du studio et superviseur VFX) et Max Dennison (superviseur VFX sur la série) reviennent sur une séquence du dernier épisode : un immense cimetière de véhicules avec des engins ayant servi à la suite de la catastrophe, et désormais inutilisables car radioactifs.

Derrière ce plan qui pourrait sembler anodin, l’équipe a effectué de longs repérages pour trouver un terrain adapté, puis a cherché des véhicules d’époque. Ces derniers ont été utilisés lors des séquences filmées des autres épisodes avant d’être dispersés sur ce terrain, pour aider les artistes à gérer l’échelle et l’éclairage.
En ce qui concerne les modèles 3D ajoutés pour combler le reste du terrain, la photogrammétrie a été un outil très utile. Dennison précise qu’ici, la précision parfaite était inutile : si la sensation globale est bonne, la scène passe sans problème.

Au final, cet entretien en 4 parties nous donne un bon aperçu du processus créatif, avec des effets au service de la série volontairement ancrés dans le réel et l’époque des évènements pour renforcer l’aspect documentaire. On appréciera en particulier le sens du détail et la volonté de reproduire des éléments (comme l’échelle de la ville) qui n’aurais pas forcément choqué les spectateurs s’ils n’avaient pas suivi le réel au plus près : la démarche va donc bien au-delà du simple caractère plausible, pour se rapprocher (toutes proportions gardées) de la minutie d’une restitution historique.

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