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Blender, Softimage, piratage : Sébastien Deguy d’Adobe se confie

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Durant la VIEW Conference, qui s’est tenue récemment à Turin (Italie) et en ligne, le salon proposait de découvrir une interview de Sébastien Deguy (Vice-Président de la branche 3D & Immersive d’Adobe) par Glenn Entis, cofondateur de PDI (le studio qui allait devenir DreamWorks).

L’occasion d’évoquer le parcours de Sébastien Deguy, mais également sa vision de l’avenir. Nous en avons retenu six points :

1 Sans Softimage, pas d’outils Substance

Sébastien Deguy nous a indiqué que plus jeune, il avait essayé d’intégrer une école de cinéma parisienne, sans succès. Il s’était alors tourné vers une thèse à Clermont-Ferrand.
Or, en tant qu’enseignant chercheur, il devait donner des cours, et se mit à enseigner l’outil de 3D généraliste Softimage aux élèves de l’université : c’est alors qu’il a réalisé qu’il existait des ponts entre son travail de thèse et la 3D. Mieux encore : que ces recherches et compétences pouvaient aboutir à des outils de texturing bien plus performants que ceux proposés jusqu’alors.

Il se décida donc en 2003, sans réel business plan, à lancer une entreprise pour développer des outils de texturing : Allegorithmic était née, et fut la maison mère des outils Substance jusqu’à son absorption par Adobe en 2019.

Au passage, Sébastien Deguy a évoqué avec regret la mort de Softimage, soulignant qu’il s’agissait d’un « très bon produit » avant qu’Autodesk ne décide d’y mettre fin en 2014.

2 Travailler au sein d’Adobe, un défi

Sébastien Deguy a évidemment été interrogé sur son passage chez Adobe, et ce qu’a changé l’acquisition d’Allegorithmic. Il a répondu qu’à son niveau, cette intégration a effectivement été un défi : après avoir été son propre patron, faire partie d’un gros éditeur de logiciels implique un processus de prise de décisions plus long, des discussions plus nombreuses avant d’agir. Pour lui, il faut trouver un équilibre : parfois, on veut juste aller vite et avancer, mais d’un autre côté travailler davantage avant d’aller de l’avant permet d’avoir de meilleures idées.

3 Blender, un point d’entrée

Glenn Entis a souligné l’aspect potentiellement surprenant du soutien financier d’Adobe à la Blender Foundation, puisque Blender concurrence en partie ses produits.

Sébastien Deguy a expliqué que soutenir l’open source avait du sens pour développer l’écosystème de la création 3D au sens large : « pour qu’un écosystème fonctionne, vous avez besoin de nombreux composants afin qu’il soit durable et fort pour l’avenir », a-t-il insisté.
Il a également indiqué qu’il voyait Blender comme un point d’entrée dans l’écosystème, qui permettait donc d’attirer plus de monde vers la 3D, ce qui bénéficiait à toute l’industrie. Et que la concurrence était positive pour l’innovation. Enfin, il a expliqué que son équipe utilisait Blender en interne… Tout comme de nombreux autres outils 3D.

4 Piratage, coût des outils : « je suis passé par là »

L’échange sur Blender a permis d’évoquer la problématique du coût des outils, tout le monde n’étant pas forcément prêt à payer. Un problème qu’il dit comprendre : « j’ai été étudiant, je suis passé par là », a-t-il admis, avant de rappeler qu’Adobe propose justement des offres spéciales pour les étudiants.

5 Les langues, clé de la réussite

Sébastion Deguy a souligné l’importance de maîtriser l’anglais. A ses débuts, on lui disait souvent « I’ll call you back eventually » dans les salons, et il pensait que le mot « eventually » signifiait « éventuellement, peut-être ». Résultat, il doutait et n’insistait pas, convaincu que les personnes en face de lui étaient peu intéressées.
Il conseille donc aux entrepreneurs potentiels de bien maîtriser les langues qu’ils utilisent, telles que l’anglais.

6 L’IA réserve encore des surprises

Interrogé sur les techniques qui avaient pour lui la capacité d’apporter des évolutions importantes dans les années à venir, Sébastien Deguy a évoqué la réalité augmentée, mais aussi et surtout l’IA au sens large.

Pour lui, l’IA est actuellement utilisée pour des tâches assez banales, comme l’intégration d’un modèle 3D dans une photo (ce que permet l’outil Stager d’Adobe) ou le débruitage.
Il voit l’avenir dans le développement du rendu neural (création d’une image sans données 3D), et évoque même des outils qui seraient basés sur l’IA dès le départ, permettant par exemple d’explorer un espace de design, un espace des possibilités visuelles, à l’aide de contrôles classiques ou reposant eux-mêmes sur l’IA.
De quoi rendre réel le rêve de réalisateurs qui demandent une explosion « plus magique », de clients réclamant qu’un projet artistique soit « plus corporate » ou « plus joyeux ». L’idée serait ici de faire en sorte que l’IA comprenne ce qui confère telle ou telle qualité abstraite à une image, et donc en creux de cartographier l’intuition humaine.

Rêve absurde ou avenir proche ? Sébastien Deguy, lui, y croit très clairement, avec assez de données et de puissance de calcul. Pour lui, la difficulté sera celle de donner aux artistes des contrôles adaptés pour naviguer dans ces univers visuels.

5 commentaires

Yetee 18 novembre 2021 at 19 h 56 min

Quit a vendre son ame, il aurait dû la vendre à Epic Games, qui s’y connait en jeu vidéo et en 3D contrairement a Adobe, et dont les dirigeants vont une vraie vision qui va dans le sens des utilisateurs. Les décisions et la dynamique des produits Substance seraient beaucoup plus saines et il ne se heurterait pas à la politique adobe toxique.

Dommage. C’était de bons produits qui vont maintenant mourir lentement mais sûrement, avec l’abandon des améliorations sous le capot et des debugs secondaires, parce que les efforts seront concentrés sur les effets wahoo inutiles aux pros et les updates marketing.

De nouveau concurrents venu d’une compagnie moins toxique vont émerger et prendre le relais, c’est la vie.

kin4n 25 novembre 2021 at 10 h 41 min

travailler avec adobe, c est accepter des temps de discussion plus longs. Tu m etonnes quand tu vois que photoshop cc 22 est exactement le meme que photoshop 5.5 d il y a 22 ans … y a de quoi flipper.

phicata 25 novembre 2021 at 13 h 08 min

[QUOTE= »Yetee, post: 349443, member: 61530″]
dont les dirigeants vont une vraie vision qui va dans le sens des utilisateurs
[/QUOTE]
[QUOTE= »kin4n, post: 349477, member: 58986″]
c est accepter des temps de discussion plus longs
[/QUOTE]
C’est tellement vrai tout ça, y à des améliorations qui auraient du être faites il y à 15 ans sur la suite Adobe. Il y à parfois des nouveautés très sympas, mais certains fondamentaux qui nous pourrissent la vie restent trop longtemps inchangés.
Quand je penses à Adobe et surtout Autodesk voilà ce qui me vient en tête:
[ATTACH type= »full » alt= »Capture.PNG »]41495[/ATTACH]

kin4n 26 novembre 2021 at 14 h 05 min

lol

Yetee 26 novembre 2021 at 17 h 37 min

Excellent. Je suis content de voir que je ne suis pas le seul à réaliser que Photoshop est inchangé (laissé a l’abandon) depuis plus de 15 ans. Ce logiciel est un cas d’ecole de marketing: le quidam moyen croit que c’est le nec plus ultra de la technologie. Why bother?

[USER=37468]@phicata[/USER] C’est exactement la meme image que j’ai en tete pour les soft Autodesk ahah! Et une limace en obésité morbide pour les soft Adobe.

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