Gus
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Gus, par TeamTO

Le studio TeamTO s’est lancé dans le long-métrage d’animation, avec un film en production et un second en cours de développement.
Nous avons profité de ce pas en avant pour interviewer l’équipe de TeamTO sur ces projets, mais aussi sur le studio lui-même.

Personnes interviewées :
GH : Guillaume HELLOUIN, président, fondateur ;
CK : Corinne KOUPER, productrice déléguée, fondatrice ;
JBS : Jean-Baptiste SPIESER, directeur technique, associé.

Yellowbird 2013 – TeamTO – Haut & Court – Panache productions – La Cie Cinématographique – Rhône-Alpes Cinéma
Image du film dans son rendu définitif.

3DVF : Bonjour, et merci d’avoir accepté cette interview. Pour commencer, pouvez-vous nous présenter TeamTo et son Histoire en quelques mots ?

GH : TeamTO est un studio d’animation indépendant fondé en 2005 par Corinne Kouper, Caroline Souris et moi.

Nous ont ensuite rejoints Patrick Dedieu & Jean-Baptiste Spieser. Nous avons fait le choix de fabriquer 100% en France en créant un studio à Bourg-lès-Valence dans la Drôme. Nous avons aussi constitué un bureau à Los Angeles dont s’occupe Lenora Hume.

Notre activité a commencé par la production de séries animées pour la TV, aussi bien à titre de producteur délégué qu’exécutif, pour ensuite évoluer vers le long-métrage. Depuis 2 ans nous avons aussi constitué une petite équipe pour gérer en interne les développements interactifs dérivés de nos propriétés.


3DVF : Vous disposez de plusieurs antennes : deux studios à Paris et Bourg-Lès-Valence, un bureau à Los Angeles. Quelles raisons historiques et stratégiques vous ont poussé à vous développer ainsi ?

GH : Nous nous sommes rapidement rendu compte que nous ne pourrions obtenir le niveau de qualité auquel nous ambitionnions en sous-traitant en Asie l’animation de nos projets.

Non pas qu’il n’y ait pas de talents dans ces studios, mais la distance physique et les différences d’approches culturelles font qu’il y beaucoup de déperdition d’information qui concourent à baisser le niveau du produit final. De plus ce mode de production génère des couts de gestion importants (superviseurs expatriés, voyages, etc…) autant d’argent qui ne va pas directement dans l’image.

C’est pourquoi nous avons pris conscience que ce qui nous motivait c’était de maitriser tout la fabrication d’un projet, en donnant aux artistes la possibilité d’exprimer leur talent. C’est ainsi que nous avons créé TeamTO Bourg-lès-Valence, un studio qui a commencé à 23 personnes en 2008 et dépassait 120 en fin d’année dernière.

Pour Los Angeles, la motivation est différente. J’ai toujours entretenu de bonnes relations avec les principaux commanditaires américains mais, même si je m’y rends régulièrement, il fallait disposer d’une présence plus régulière pour pouvoir concrétiser des projets d’envergure. C’est ce que nous avons fait en 2010 en créant un bureau.

3DVF : Le studio se lance aujourd’hui dans le long-métrage d’animation, avec deux projets : Gus, en cours de production, et Les Artificiels, au stade du développement. Pourquoi cette décision d’aller vers le long-métrage ?

GH : Depuis la création du studio, nous avions l’ambition de produire des films pour le cinéma en parallèle des projets TV. Cela fait partie de l’ADN de la société, nous l’avons organisée, structurée pour avoir cette double activité. Notre premier film a été assez long à mettre en production, c’est pourquoi on pourrait penser que cette décision est récente, mais en fait nous avions cela en tête depuis le début.

Yellowbird 2013 – TeamTO – Haut & Court – Panache productions – La Cie Cinématographique – Rhône-Alpes Cinéma
Image du film dans son rendu définitif.

3DVF : Pouvez-vous nous parler plus en détail de Gus ? Quelle est l’histoire, quel sera le public visé et comment le projet est-il né ?

CK : Le projet m’a été proposé il y a plusieurs années par Antoine Barraud avec qui nous avions développé un autre long métrage, Le cirque bougie, projet qui est toujours dans les cartons.
C’est l’histoire d’un jeune oiseau pas du tout migrateur qui va se retrouver amené à guider une famille d’oiseaux migrateurs vers l’Afrique et qui va se tromper de route.
A travers l’évocation des dangers auxquels les oiseaux sont confrontés lors de cette odyssée qu’est la migration,  c’est aussi l’histoire d’une émancipation, celle d’un jeune qui trouve son chemin dans la vie en même temps qu’une famille.
C’est un vrai film familial qui va plaire aux plus jeunes comme aux plus grands mais on peut dire que la cible est 6-10 ans.

3DVF : De quels moyens disposez-vous sur ce projet, en termes de nombre d’artistes impliqués, de durée de production et de budget ?

CK : Le budget du film est 8,5M€. La pré-production a commencé mi 2012 et la production, à proprement parler a commencé en Septembre 2013.

Une bonne centaine de personnes auront contribué au film depuis le démarrage, mais l’équipe compte en ce moment une bonne trentaine d’animateurs à Bourg-Lès-Valence et une cinquantaine d’infographistes à Paris.

3DVF : Où en êtes-vous dans la production ?

CK : Nous sommes très avancés sur l’animation qui devrait être terminée en Mai. La post-production du film est prévue en Juillet / Aout.

3DVF : Gus bénéficie du soutien financier du CNC, de la Procirep/Angoa, du programme Media et de la région Île-de-France. Le système d’aides français actuel vous semble-t-il adapté pour le cinéma d’animation ?

CK : On a bien été accompagnés sur ce plan par le CNC, la Procirep, Media et les Régions (puisque Rhône-Alpes Cinéma est aussi partenaire du film), mais le financement du film souffre du fait que très peu de films d’animation Jeunesse sont pré-achetés par les chaines de télévision en France car elles n’ont que peu de cases de diffusion pour des films qu’elles considèrent hors  » Prime-Time « . France 3 et Canal+ n’ont pas acheté le film pour l’instant. Mais le film a été préacheté par Gulli qui a eu un véritable enthousiasme pour le projet..

3DVF : Le passage au long est une étape délicate, et plusieurs studios français ont connu l’échec… Quelle est votre stratégie à ce niveau ?

GH : Nous avons une très large expérience de la production d’animation (nous avons produit ET fabriqué une dizaine de séries). Notre équipe de Recherche & Développement est conséquente (plus de quinze personnes) ce qui nous donne une réelle légitimité pour aborder la production d’un film de long métrage.

Yellowbird 2013 – TeamTO – Haut & Court – Panache productions – La Cie Cinématographique – Rhône-Alpes Cinéma
Image du film dans son rendu définitif.

3DVF : La production d’un long a sans doute engendré des changements de pipeline. Pouvez-vous nous en dire plus ?

JBS : Il y a, à mon sens, en termes de pipe, 3 aspects remarquables dans le passage de la série au long métrage.

–    Une problématique d’échelle : plus d’artistes, plus de calculs, plus de temps pour chaque tâche, plus d’étapes de fabrication etc…

–    Une problématique d’outils : l’exigence de qualité demande le développement et/ou l’utilisation d’outils graphique plus complexes (entre beaucoup d’autres : rendu volumique de nuages, généralisation des poils, dynamique sur des plumes non-réalistes dans notre cas).

–    Plus « philosophiquement », une problématique plus générale de contextualisation de l’ensemble des validations exigeant une plus grande flexibilité : un asset n’est plus validé sur l’ensemble de la production mais dans un cas d’utilisation granulaire allant du groupe de séquences au plan isolé.  Ce dernier point est central et constitue pour moi une différence typologique importante entre les 2 types de projets.

3DVF : Benjamin Renner (réalisateur d’Ernest et Célestine) a développé l’univers graphique. Pourquoi avoir fait appel à lui ?

CK : J’ai vu le film de fin d’études de Benjamin (La poudrière en 2008 je crois), La queue de la souris, et j’ai eu un vrai choc émotionnel, tellement la sensibilité de Benjamin me touchait. Je lui ai immédiatement confié le script et proposé de lui donner carte blanche pour créer l’univers visuel du film. Nous avons fait ensemble un premier pilote. C’était avant qu’il ne devienne le réalisateur de cette merveille qu’est Ernest et Célestine qui a révélé à tous le formidable artiste qu’il est.
Il nous a fait la joie de poursuivre la création des personnages du film après la sortie d’Ernest et Célestine, quand nous avons démarré la production à proprement parler de Yellow Bird.

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