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Interview 3DVF : Le Parapluie Bleu, nouveau court Pixar

Lors du Festival d’Annecy, 3DVF a interviewé différents artistes du studio Pixar. Voici le premier volet d’une série d’articles sur le sujet.

Nous vous proposons pour commencer de revenir sur Le Parapluie Bleu, dernier court des studios Pixar. Nous avons pu poser quelques questions à Saschka Unseld, réalisateur, et à Marc Greenberg, le producteur.

Le Parapluie Bleu - Marc Greenberg - Saschka Unseld
Le réalisateur Saschka Unseld (à droite) et le producteur Marc Greenberg à Annecy, en juin 2013.

– 3DVF : Le court adopte un parti pris photoréaliste, une première pour Pixar. Pourquoi être allés dans cette voie, comment a été fait ce choix ?
– Saschka Unseld : au départ je pensais uniquement à l’histoire que je voulais raconter. Après l’avoir pitchée chez Pixar, et lorsque le court a été validé, alors seulement nous nous sommes demandés quelle était l’approche graphique la plus adaptée.
Le côté magique de cette ville qui prend vie crée un contraste très important pour moi. Avoir une ville photoréaliste était une manière de souligner cet aspect, d’accentuer le contraste et la force du court.

– 3DVF : A-t-il été difficile pour les artistes de donner vie à cet univers photoréaliste, une tâche à laquelle ils ne sont pas forcément habitués ?
– Marc Greenberg : Il était parfois difficile de savoir quel élément manquait pour donner à un plan plus de réalisme. Nous porté une attention particulière aux détails, les textures, les bords nets des objets, etc. Il était difficile de savoir si nous étions proches du but avant d’y arriver.
– Saschka Unseld : Le gros avantage des VFX classiques est que l’on dispose souvent de références précises ; il s’agira par exemple de créer le double d’un lieu réel.
Dans notre cas, la ville étant créée de toutes pièces, on avait une vraie difficulté en regardant une image du film à savoir dans quelle direction aller pour être plus réalistes : « peut-être un peu plus de saletés ? » Mais ajouter de la saleté est toujours la réponse instinctive quand on ne sait pas quoi faire… Et on ne voulait pas non plus arriver à une ville qui soit vraiment sale.
Comme le dit Marc il a fallu s’intéresser à la façon dont le métal peut être tordu pour que les objets en métal soient plausibles dans leur forme, au côté plus ou moins net de la découpe d’un morceau de bois utilisé pour construire le décor.
C’est un peu comme l’uncanny valley : on ne sait pas exactement ce qui ne va pas mais on sait que ça ne va pas.

– 3DVF : Il n’y a aucun visage humain visible dans le court : pourquoi ?
– Saschka Unseld : L’histoire est centrée sur les parapluies, nous avons donc pris le parti délibéré de ne pas montrer les visages. A un moment nous avions davantage de plans des pieds de celui qui porte le parapluie, et ces plans faisaient avancer l’histoire. Mais nous avons tout mis de côté, car le spectateur devait vraiment s’attacher aux parapluies : dès que des humains sont trop présents, on est distrait, on s’intéresse à eux. L’histoire d’amour entre les humains devait rester secondaire.

Le parapluie Bleu

– 3DVF : Les nouvelles techniques d’illumination globale de Pixar font partie d’une décision qui affecte tout le studio, et qui s’applique aussi pour Monstres Academy. Est-ce que cela signifie que le court a servi de « test » pour le film ?
– Marc Greenberg : Nous avons utilisé la GI d’une façon différente de Monstres Academy. Monstres Academy s’oriente vers un monde « magique » et stylisé, loin du photoréalisme que nous avons adopté.
– Saschka Unseld : La décision d’utiliser la nouvelle technique d’illumination globale sur Monstres Academy avait de toutes façons été prise bien avant. Mais c’est vrai que l’équipe du film a observé de près les problèmes que nous avons rencontrés durant la production.
– Marc Greenberg : Au fond, les outils sont secondaires. L’important est plutôt le « look » que l’on cherche à obtenir.

– 3DVF : Pensez-vous que Pixar utilisera le photoréalisme pour un long-métrage ?
– Saschka Unseld : si cela colle à l’histoire, oui, et à titre personnel je le ferai avec plaisir.

Le parapluie Bleu

– 3DVF : Vous avez fait le choix d’utiliser de la 3D pour les visages des parapluies, et non de la 2D : pourquoi ?
– Saschka Unseld : Le mouvement des parapluies faisait qu’il était plus facile d’utiliser la 3D, sans celà on aurait eu du mal à suivre les déplacements. On a effectivement discuté de ce choix, nous avons même fait un test d’exploration en 2D. Le but était de tester différentes expressions faciales pour les parapluies. Au final, nous avons travaillé sur le rigging avec ces tests, pour être certains que le rig permettrait de rendre toute la subtilité présente dans les expressions.

– 3DVF : Pour finir, avez-vous eu un débat sur le parapluie qui serait le personnage principal ? Pourquoi suivre le parapluie bleu et pas le rouge ?
– Saschka Unseld : Au début j’hésitais, c’est vrai que nous aurions pu inverser l’histoire. Au final c’est plutôt la couleur qui a dirigé mon choix, le bleu me semblait plus adapté pour l’atmosphère pluvieuse. Par ailleurs, lorsqu’il se retrouve dans le caniveau, il a un sentiment d’abattement [« feeling blue », littéralement se « sentir bleu » en anglais et dans les termes employés par le réalisateur, NDLR], cette couleur collait donc mieux au ressenti du personnage.

Le parapluie Bleu

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