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Digital Domain : graves problèmes financiers, actions au plus bas

Digital Domain

Digital Domain se porte mal, très mal. Variety nous apprend que le groupe n’a pas pu s’acquitter de certaines obligations financières, et est actuellement en discussions avec d’une part une entité qui pourrait lui prêter de quoi rester à flots, et d’autre part un investisseur potentiel. L’objectif pour le groupe, traverser la crise financière sans pour autant s’acheminer vers la faillite.

Les problèmes se sont manifestement accumulés cet été pour Digital Domain, certaines dettes n’ayant pu être remboursées à temps ; fin août, faute d’accord, des créanciers ont ouvertement indiqué que le studio faisait défaut, et ont exigé un remboursement total des sommes dûes : plus de 50 millions de dollars avec les intérêts.

En parallèle, les actions du groupe ont chuté de façon vertigineuse : près de 32% de baisse mardi. Depuis quatre mois, les actions ont perdu 85% de leur valeur.
John Textor, le controversé dirigeant de la société, avait indiqué fin août envisager de… racheter purement et simplement Digital Domain : il en possède déjà 24%. Le problème : lui-même ne dispose pas d’assez de liquidités, et a déjà des prêts en cours : 12,5 millions empruntés à Palm Beach Capital (qui est aussi le plus gros actionnaire de Digital Domain) en novembre et mai, qui avaient pour but de racheter des actions. Avec l’effondrement du cours, les capacités de remboursement de Textor s’affaiblissent.
Dans ces conditions, lui prêter à nouveau une somme importante revient à risquer de ne plus revoir son argent. Du prêt en cours, Textor n’a pour le moment remboursé que 1,6 millions, d’après le Palm Beach Post. Le journal cite d’ailleurs quelques économistes indiquant qu’il est particulièrement rare qu’un actionnaire (ici Palm Beach Capital) prête une somme à un CEO pour que ce dernier rachète des actions, la manoeuvre étant très risquée.

Cette option semble donc exclue. On rappellera par ailleurs que Digital Domain a annoncé en juillet avoir passé un accord avec Prime Focus et Samsung après les avoir accusés de violer ses brevets sur la conversion relief. A cette occasion, Textor s’était lancé dans une sortie fracassante, indiquant d’une part que la somme de ces accords allait s’avérer fort utile, et d’autre part que le studio faisait bien plus de marge avec les concerts de stars disparues façon « hologramme » que sur les VFX, et sous-entendant que ces derniers ne devaient plus être la priorité. Une déclaration qui aurait du sens… Si la technologie derrière les concerts holographiques n’était pas en très grande partie libre et non brevetée, de par son ancienneté. La concurrence peut donc facilement se placer sur le même marché.

John Textor a publiquement regretté que Digital Domain soit entrée en bourse, et a souligné que si l’entreprise avait bel et bien tenu sa promesse de créer des emplois en Floride (300 environ), Palm Beach n’avait toujours pas versé les avantages financiers promis : 10 millions en cash, 15 millions en obligations et un terrain d’une valeur de 10 millions de dollars.
Digital Domain a également déjà reçu par le passé 20 millions en cash de la part de l’état de Floride et des villes dans lesquelles le groupe est implanté. Une décision critiquée à l’époque, d’une part parce que le business model de Digital Domain semblait risqué, d’autre part… Parce que Kevin Ambler, qui avait fortement soutenu le prêt à l’époque (il était alors député de l’état de Floride), est depuis entré au conseil d’administration de Digital Domain. Un mélange des genres qui a fait grincer certaines dents.

Quoiqu’il en soit, trouver un investisseur ou une entité désireuse de prêter de l’argent au groupe semble dans l’immédiat le seul moyen pour Digital Domain d’éviter le pire. Le groupe a indiqué en début de semaine que :

An inability to quickly access additional sources of liquidity to fund the company’s current operating cash needs would materially adversely affect its financial condition and would require it to seek relief or protection from its creditors.

En clair : si Digital Domain ne trouve pas très rapidement de l’argent, il faudra déclarer la banqueroute. Un désaste pour les artistes concernés, mais aussi pour les contribuables de Floride, dont l’argent aura été dépensé en pure perte.

En attendant d’en savoir plus, certains artistes du secteur expriment leur frustration en transformant Textor… En meme Internet. Une technique qui, si elle ne change rien à la situation, est sans doute représentative de la colère et du désarroi ressentis par de nombreux employés du studio.

Textor

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