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Cloud gaming : OnLive restructuré et revendu pour éviter la faillite

OnLive
Steve Perlman, fondateur et ex-PDG d’OnLive.

Le Cloud Gaming était jusqu’ici présenté comme une grande tendance du marché du jeu vidéo, et le rachat de Gaikai par Sony semblait avoir confirmé cette idée. Las, le concurrent OnLive fait depuis quelque jours figure de rappel cuisant des réalités du marché : au bord de la faillite, la société s’est placée mi-août sous le régime de l’ABC (Assignment for the Benefit of Creditors), système californien qui s’assimile à une forme de banqueroute et signifie qu’une entité créditrice tierce rachète les biens de la société. Il s’agit ici de Lauder Partners, société d’investissement qui possédait déjà des actions de la start-up. Lauder possède désormais le nom et l’infrastructure logicielle / matérielle d’OnLive.

Concrètement, cette annonce signifie aussi que les 150 à 200 employés – y compris le fondateur d’Onlive, Steve Perlman – perdent tous leur emploi. Lauder Partners serait décidé à en réembaucher immédiatement 70 environ, mais d’après certains employés il s’agirait pour une partie d’entre eux de contrats de 30 jours seulement.
L’utilisation du système ABC signifie en outre que les stock-options dont disposaient les employés s’envolent en fumée.

Steve Perlman a explicitement accepté l’entière responsabilité du désastre devant ses ex-employés. Charlie Jablonski, ancien directeur des opérations, devient Chief Operating Officer tandis que Gary Lauder de Lauder Partners prend la place de dirigeant. Les services d’OnLive continueront sans interruption pour les utilisateurs.

Pour expliquer la chute d’OnLive, on se tournera vers Joystiq : le site indique que même si la société se vantait d’avoir 1,5 millions d’utilisateurs actifs, il n’y avait pas plus 1 800 utilisateurs simultanés… Un nombre particulièrement faible, d’autant plus que Computer World précise que la société disposait de 8 000 serveurs environ. Le chiffre de 1,5 millions d’utilisateurs comptabilisait semble-t-il toute personne ayant testé le service au moins une fois durant l’année écoulée, y compris via un compte gratuit.
Pire encore, même les utilisateurs réguliers n’étaient pas forcément une source de revenus : OnLive proposait jusqu’ici des démos limitées dans le temps et gratuites, certains n’ont donc jamais décidé d’acheter le moindre jeu. En ce qui concerne les abonnements payants à 10 dollars par mois, The Verge a publié un article très informé selon lequel il n’y a jamais eu plus de 12 000 clients. Le même article indique que faute de pouvoir attirer des joueurs, l’ex-dirigeant Steve Perlman avait du coup opté pour une fuite en avant, en cherchant à attirer toujours plus d’investisseurs. HTC avait par exemple misé 40 millions dans OnLive en février 2011, une somme que la société taïwanaise ne reverra jamais.
A l’automne 2011, l’ambiance au sein de la société changea profondément, toujours selon l’article de The Verge. Il semble que la stratégie de la direction soit alors devenue erratique : lancement du service au Royaume-Uni, développement d’une application iOS délaissée par la suite… Un service Desktop a été développé en urgence pour le CES ; conséquence, les employés apprirent mi décembre 2011 qu’ils ne pourraient pas partir en vacances pour Noël. Certains employés décidèrent de quitter la société, sans être remplacés. D’autres incidents s’accumulèrent, comme des négociations débutées avec HP puis avortées sans que les employés ne soient mis au courant.

Avant son rachat, OnLive était devenu un gouffre financier : 5 millions de pertes mensuelles, 30 millions de dollars de dettes, et seulement quelques jours à vivre.
Difficile désormais de prédire l’avenir du service : si, comme nous le disions plus haut, officiellement tout continuera pour le mieux, en pratique et d’après The Verge, des employés indiquent que certains services critiques de la société sont désormais dépeuplés. Il sera de plus très difficile d’attirer de nouveaux investisseurs, tandis que les joueurs bien informés préfèreront sans doute privilégier Gaikai.

Pour plus de détails sur le déroulement des évènements, nous vous invitons à lire les articles publiés par The Verge et Joystiq, qui sont largement revenus sur les faits. Les deux sites rapportent notamment que Microsoft a ouvertement approché les ex-employés pour en embaucher certains au sein de sa branche XBox / Kinect.

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