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La peur permanente de perdre son emploi, une réalité dans le secteur du jeu vidéo

Job Simulator
Job Simulator, un jeu de « simulation d’emploi » par Owlchemy Labs (2016)

A lire chez Polygon, un témoignage fort de Katie Chironis, game designer actuellement en poste chez Riot Games. Passée chez Maxis, Microsoft Studios, Signal Studios, Her Interactive ou encore Oculus VR, elle revient sur son expérience dans l’industrie vidéoludique, et les conditions souvent terribles dans lesquelles, aux Etats-Unis, les suppressions de poste ont lieu.

Elle évoque tout d’abord son travail chez Microsoft, qui lui a apporté la joie d’avoir enfin le poste dont elle rêvait, et où elle a rencontré son mari. Le rêve sera de courte durée : avec l’arrivée de la Xbox One, la hiérarchie avait décidé d’éjecter de l’entreprise de nombreuses personnes recrutées à peine un an plus tôt.
Elle poursuit avec son poste suivant, trouvé dans une entité qui venait elle-même de subir des licenciements et où les employés encore présents étaient effrayés de subir le même sort. C’est précisément ce qui se produisit quelques mois plus tard pour une partie de l’entreprise, dont Katie Chironis. Les conditions de ce licenciement furent détestables : escortées vers la sortie, les personnes ciblées ne purent même pas récupérer leurs affaires elles-mêmes.

Katie Chironis continue avec d’autres expériences : licenciements brutaux, collègues non prévenus, peurs et paroles rassurantes entre personnes du studio, coupure brutale et sans avertissement des accès informatiques, nécessité de sans cesse changer de lieu, d’expliquer à ses enfants pourquoi ils devront à nouveau devoir abandonner leurs amis… La game designer explique que la peur permanente lui semble non seulement acceptable, mais même nécessaire pour survivre dans le milieu et avoir une carrière.
Elle souligne le fait que les signes d’un licenciement futur peuvent être absents, même peu de temps avant : une personne de Telltale Games lui affirmait ainsi que le studio se portait bien et que le moral était au beau fixe dans l’équipe… Un mois avant l’annonce de la fermeture de l’entité.
La peur du licenciement s’est d’ailleurs accentuée récemment, explique-t-elle, avec les annonces récentes chez Blizzard : le studio faisait partie des entreprises vues comme des havres de stabilité en termes d’emploi.

Serrer les dents, se refuser à trop s’investir dans son poste, partager son vécu autour d’un verre ou se concentrer sur la création d’un réseau d’amis dans d’autres studios afin de s’entraider : Katie Chironis liste différentes stratégies de survie mises en place dans le secteur. D’autres préfèrent tout simplement claquer la porte, changer de métier et ne plus jamais regarder en arrière, dégoûtés et usés par un secteur dont ils rêvaient pourtant.

L’article ne propose pas de solution magique : pour Katie Chironis, les syndicats ne pourront pas tout résoudre, mais sont un début. Elle souligne surtout la désillusion créé par ce secteur qui, en traitant son personnel de façon brutale, extirpe tout le plaisir de ce qui était un « métier-passion ».

> Lire le témoignage chez Polygon ;
> Le site personnel de Katie Chironis, son compte Twitter.

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