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John Lasseter « prend congé » de Pixar après des accusations de harcèlement sexuel et d’agressions

Pixar

Mise à jour du 23 novembre : correction du passage concernant Rashida Jones et Will McCormack suite à l’article du New York Times.
Publication initiale le 22 novembre 2017.

La nouvelle est tombée hier soir, dans le Hollywood Reporter : dans un mémo envoyé aux équipes Pixar, obtenu par le journal et visible plus bas, John Lasseter annonce qu’il prend un congé loin de Pixar pour 6 mois, en raison de « faux pas ».
Rappelons que John Lasseter est le réalisateur de Toy Story 1, 2 et 4, 1001 Pattes, Cars, Cars 2. Il occupe le poste de Chief Creative Officer des studios Pixar et Disney.

Les propos de Lasseter, assez flous, sont éclaircis par un autre article du Hollywood Reporter : de multiples sources évoquent étreintes imposées, gestes déplacés, baisers sur la bouche ou encore commentaires sur le physique d’employées. Un comportement si fréquent que le nom de Lasseter a apparemment même été donné à une posture utilisée par des employées pour éviter qu’il ne mette pas ses mains sur leurs genoux et jambes. Les sources évoquent aussi des étreintes interminables lors de réunions de travail, et le fait que certaines femmes du studio devaient régulièrement tourner la tête pour éviter des baisers.
Selon les sources du Hollywood Reporter et de Variety, les comportements et rumeurs de comportements remonteraient au moins à la fin des années 90. Vanity Fair évoque l’existence en 2010 d’un échange téléphonique entre dirigeants de Disney et Pixar au sujet du comportement de Lasseter, à propos de ses actes sur une employée qui a depuis quitté le groupe Disney.
Le New York Times, enfin, a obtenu un commentaire des scénaristes Rashida Jones et Will McCormack. Leur départ du projet Toy Story 4 est « lié au traitement général des femmes et minorités » chez Pixar, mais pas au fait que Lasseter aurait fait des avances non désirées à Rashida Jones, comme le Hollywood Reporter l’indiquait initialement.

Variety et The Hollywood Reporter soulignent par ailleurs que Lasseter était connu pour abuser de la boisson lors de soirées et évènements. Selon des témoignages indirects, certaines employées se cachaient lors des soirées célébrant la fin de films, précisément pour éviter les comportements de Lasseter. Enfin, une employée du studio a précisé à Variety n’avoir pas signalé ces problèmes car « les systèmes n’étaient pas en place pour faire face au problème ».

Les faits relatés par les multiples sources relèvent, sur le plan judiciaire, du harcèlement sexuel et de l’agression.

Voici le mémo envoyé aux employés :

I have always wanted our animation studios to be places where creators can explore their vision with the support and collaboration of other gifted animators and storytellers. This kind of creative culture takes constant vigilance to maintain. It’s built on trust and respect, and it becomes fragile if any members of the team don’t feel valued. As a leader, it’s my responsibility to ensure that doesn’t happen; and I now believe I have been falling short in this regard.

I’ve recently had a number of difficult conversations that have been very painful for me. It’s never easy to face your missteps, but it’s the only way to learn from them. As a result, I’ve been giving a lot of thought to the leader I am today compared to the mentor, advocate and champion I want to be. It’s been brought to my attention that I have made some of you feel disrespected or uncomfortable. That was never my intent. Collectively, you mean the world to me, and I deeply apologize if I have let you down. I especially want to apologize to anyone who has ever been on the receiving end of an unwanted hug or any other gesture they felt crossed the line in any way, shape, or form. No matter how benign my intent, everyone has the right to set their own boundaries and have them respected.

In my conversations with Disney, we are united in our commitment to always treat any concerns you have with the seriousness they deserve, and to address them in an appropriate manner. We also share a desire to reinforce the vibrant, respectful culture that has been the foundation of our studios’ success since the beginning. And we agree the first step in that direction is for me to take some time away to reflect on how to move forward from here. As hard as it is for me to step away from a job I am so passionate about and a team I hold in the highest regard, not just as artists but as people, I know it’s the best thing for all of us right now. My hope is that a six-month sabbatical will give me the opportunity to start taking better care of myself, to recharge and be inspired, and ultimately return with the insight and perspective I need to be the leader you deserve.

I’m immensely proud of this team, and I know you will continue to wow the world in my absence. I wish you all a wonderful holiday season and look forward to working together again in the new year.

John

Le document se contente d’évoquer « câlins non voulus » et « tout autre geste qui auraient pu franchir la ligne ». John Lasseter explique que sa prise de distance a pour but, selon lui, de lui permettre de « prendre soin de lui, se rechercher et retrouver l’inspiration », mais que son objectif est de revenir ensuite « avec la perspective dont [il a] besoin pour être le leader que vous méritez ».

Variety confirme l’enquête du Hollywood Reporter, évoque un malaise généralisé de longue date au sein des employées du studio. De jeunes femmes du secteur de l’animation recevaient semble-t-il le conseil de garder leurs distances avec lui.

Les articles de Variety et The Hollywood Reporter s’appuient sur des sources ayant préféré ne pas être citées nommément, et pour cause : Variety souligne que les nombreuses personnes anciennement employées chez Pixar avec qui le journal a pu échanger craignent qu’un témoignage n’impacte leur carrière, étant donné que Lasseter est une figure à la fois très appréciée et très puissante du secteur.

Disney, de son côté, a réagi brièvement. Le groupe évoque le mémo de Lasseter avec l’expression « candeur et excuses sincères », indique que le studio « s’engage à maintenir un environnement dans lequel tous les employés sont respectés et peuvent travailler le mieux possible ». Le studio soutient donc le congé de 6 mois évoqué par Lasseter, et ne semble pas, pour le moment, évoquer un départ définitif. Une réaction qui peut évidemment surprendre au vu de la gravité des faits évoqués et de leur durée.

Rappelons pour finir que l’association Les Femmes s’Animent organisent demain à Paris une table ronde sur le thème « Sexisme et Harcèlement dans l’Animation », à partir de 19h.
Côté USA, Animation Heroine donne quelques conseils aux victimes de harcèlement sexuel dans un article, et donne quelques pistes sur les lois et procédures qui s’appliquent dans les studios américains.

Via The Hollywood Reporter, The Hollywood Reporter (second article), Variety, Vanity Fair.

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