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Annecy 2017 : Rencontre avec Glen Keane

Glen Keane

Un des points forts du Festival d’Annecy est de donner l’opportunité au grand public des personnalités mythiques du secteur. Cette année, Glen Keane (bien connu pour son travail sur les classiques Disney) proposait une conférence au titre évocateur : « Penser comme un enfant : embrasser le changement dans une forme d’expression artistique en perpétuelle évolution ».

En pratique, Glen Keane nous a proposé durant un peu plus d’une heure une présentation mêlant nostalgie, inspiration et avenir.

Glen Keane

Nostalgie tout d’abord, avec quelques souvenirs donnant une idée de sa personnalité : sa fille à qui il expliquait qu’il « apprenait à dessiner aux adultes », et qui lui avait répondu « tu veux dire qu’ils ont oublié ? », sa passion inconditionnelle pour le dessin, qu’il conçoit un peu comme une sculpture, un objet dont il regarderait non pas la ligne qu’il est en train de tracer, mais la forme invisible en train de naître.

Glen Keane

Il a également évoqué la question de l’archivage, qu’il a découverte avec horreur chez Disney : en plein travail sur Rox et Rouky, des employés étaient chargés de récupérer les dessins et travaux des artistes pour… Les détruire, car à l’époque seul le résultat final, autrement dit le film, comptait. Les documents préparatoires n’avaient pas de valeur aux yeux du studio.
Résultat : Glen Keane a stocké ses propres travaux dans son garage, et les rendit plus tard au studio lorsque le système d’archives fut mis en place.

Autre souvenir, celui de tests expérimentaux chez Disney : des essais d’animation au fusain qui seront rejetés par le management, les débuts de l’animation 3D qui là encore trouveront un écho négatif et conduiront au renvoi d’un certain… John lasseter.

Glen Keane

Glen Keane a poursuivi sa présentation dans un tourbillon de personnages Disney qui lui doivent énormément : Ariel dans La Petite Sirène, Aladdin, Pocahontas et son visage qui reprend la forme du « bouclier » de Superman, le passage de ce film avec de l’animation au fusain, Tarzan qui lui a de nouveau permis d’expérimenter dans l’espace 3D.

Glen Keane
Ci-dessus, esquisse d’époque de Pocahontas ; juste au-dessus de sa tête, on entrevoit la forme en diamant du « S » de Superman.

Raiponce, enfin, un projet qui lui tient particulièrement à coeur et pour lequel il a voulu « amener en 3D tout ce qui fait que l’on aime l’animation traditionnelle ». Le projet a été l’occasion d’expérimenter des méthodes de travail inédites chez Disney, comme de faire travailler dans la même salle techniciens et animateurs : une excellente façon de résoudre certains problèmes, notamment pour les cheveux de l’héroïne.

Glen Keane

Malgré cet enchaînement de projets mythiques, Glen Keane avait un sentiment de manque. Après 38 années chez Disney, il a voulu changer d’air et « aller dans des endroits où ils ne font pas d’animation ».

Il travaillera alors avec Google Spotlight Stories sur le court-métrage Duet, qui peut être visionné de façon classique mais aussi via les applications Android/iOS dédiées.
Ce projet rappelle évidemment certains éléments évoqués plus tôt dans la conférence par Glen Keane : trait épuré de type fusain, travail dans l’espace (pour la version immersive, qui permet de choisir le personnage à suivre), amour du mouvement.

Glen keane
Sur scène, la productrice de Duet, Gennie Rim, nous a proposé une démonstration en direct de la version immersive du film avec un smartphone filmé par un appareil photo, le tout retransmis sur écran géant.

Glen Keane ne s’est pas arrêté en si bon chemin. Il a ensuite collaboré avec l’Opéra national de Paris et la danseuse Marion Barbeau sur Nephtali, film qui mêle animation et live action.

Glen Keane

Glen Keane nous a confié se sentir à cette époque comme une boule de billard, rebondissant de projet en projet. Une façon de fonctionner qu’il semble d’ailleurs toujours conserver.

En partenariat avec HTC, il a travaillé en réalité virtuelle avec le logiciel Tilt Brush, redonnant vie à Ariel de La Petite Sirène. Il apprécie ce medium pour diverses raisons : la possibilité de travailler à l’échelle 1, le dessin dans l’espace.

Toujours en quête d’un nouveau projet, Glen Keane a également collaboré avec Riot Games autour du personnage de Lux, issu du jeu League of Legends. Le but, donner de la profondeur à l’héroïne au travers de l’animation. Le résultat, Lux:Binding Light, un court de près de deux minutes qui nous plonge une fois de plus dans le style si spécifique de Glen Keane.

Dernier projet évoqué : Dear Basketball, court-métrage animé de façon traditionnelle. Il met en images un poème du joueur de basket-ball Kobe Bryant. Il s’agissait pour ce dernier, à l’occasion de la fin de sa carrière, de mettre en avant son amour pour le sport auquel il a consacré sa vie, mais aussi de faire ses adieux à ses fans.

Glen Keane nous a présenté le film, qui n’est pas encore visible en ligne. Un projet qui fait preuve d’une grande maîtrise du mouvement. La production, nous a confié Keane, lui a beaucoup appris. En particulier car les sportifs semblent parfois défier la physique.

Le thème de l’enfance, très présent dans le court, a permis à Glen Keane de boucler sa conférence en revenant au point de départ, celui de l’enfance.
« N’oubliez pas l’émerveillement de votre enfance », a-t-il insisté, « et créez à partir de celà. »

Dear Basketball

Pour finir, rappelons que nous avions interviewé Glen Keane en 2014 ; voici la vidéo de cet entretien :

Glen Keane, Animator and Director on DUET, a new experimental short film in VR from 3DVF on Vimeo.

Glen Keane

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