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Annecy 2017 : Mikros Image, anatomie d’un studio

Mikros Image
Gilles Gaillard de Mikros Image

Dans le cadre du Festival d’Annecy et du MIFA 2017, une conférence nous proposait de revenir sur Mikros Image, de ses origines à son actualité récente.

Gilles Gaillard (Directeur) et Simon Thomas (co-responsable de la division Animation et directeur créatif) étaient présents, tandis que René Broca assurait la modération.
Le duo d’intervenants a donc retracé l’évolution de l’entreprise, marquée par un pivot important dans les années 2000.

Mikros Image : origines et essor

Mikros Image est née en 1985 du rapprochement de deux entités :
– Mikros Editique, groupe spécialisé dans l’archivage (une activité qui périclitera avec l’informatisation de l’archivage, quelques années plus tard) ;
– la société Computer Video Film (CVF), la première en France à se doter de la palette graphique Paint Box de Quantel. CVF aura néanmoins des difficultés à trouver un marché à ses débuts.

Dès ses débuts, nous ont expliqué Gilles Gaillard et Simon Thomas, Mikros Image se donne une philosophie claire : expérimenter au maximum, tout en travaillant sur des projets de commande. Ces expérimentations permettaient évidemment d’explorer de nouvelles voies, et pouvaient ensuite trouver des applications commerciales.

Mikros Image
Simon Thomas de Mikros Image

Très vite, les projets novateurs s’enchaînent : publicité Sticky Tipo en 1989, court-métrage d’Eve Ramboz inspiré du tableau L’escamoteur de Jérôme Bosch en 1991.
Mikros Image profitera durant les années 80 et 90 d’une conjoncture très positive : les expérimentations du studio coïncident avec un fort besoin de contenus de la part d’acteurs émergents. Canal+, M6, La Cinq, MTV ou encore les débuts d’Internet auprès du grand public créent une explosion de la demande et chaque acteur souhaite se démarquer.


Les Chevrons Sauvages (1985), premier projet publicitaire de Mikros Image


Spot pour Perrier (1997)

Résultat de cette demande, Mikros Image travaillera rapidement sur le générique de l’émission L’Oeil du Cyclone (1991) ou pour les MTV Europe Music Awards (1994). D’autres projets comme une publicité Perrier mettant en scène Edith Piaf ou le clip Pink D’Aerosmith permettront au studio, au cours de ces deux décennies, de rayonner en France et à l’étranger.


Aerosmith – Pink

Années 2000, une transition difficile

Le début des années 2000 est marqué par d’autres évolutions. Mikros Image tente de retrouver un équilibre alors que les métiers évoluent Le studio va élargir son champ d’action, avec du travail sur le long-métrage : dès 2001, Mikros gère la post-production numérique du film Marie-Jo et ses deux amours.

Mikros Image songe déjà à l’animation, mais l’équipe est consciente de la nécessité de gagner en compétences. La publicité sera d’une aide précieuse, avec des projets permettant de tester outils, pipelines et techniques.
On pourra évoquer un spot pour Citroën, un spot pour l’association Aides mettant en scène… un pénis animé, ou plus récemment la campagne L’Ours pour Canal+, la saga Evian.

Ad | Canal + – The Bear from Mikros image on Vimeo.

Ad | Evian – Spider-Man The amazing Baby&me 2 from Mikros image on Vimeo.

Durant cette période, Mikros Image poursuit sa philosophie d’expérimentation, même si elle se fait moins directe. Le court-métrage J’ai Encore Rêve d’Elle (2010) et le travail du studio sur Logorama (2009) en sont de bons exemples.

j’ai encore revé d’elle from geoffroy barbet massin on Vimeo.

Années 2010 : le grand saut

A partir de 2012, Mikros Image peut enfin se rapprocher concrètement de son objectif de fabriquer du long-métrage d’animation.
Le contexte de l’époque est favorable : à la même période, Illumination Mac Guff fait ses débuts, tandis que Duran Duboi fait faillite sur le projet La Mécanique du Coeur. En parallèle, d’autres studios qui se sont lancés sur le créneau ont eu des expériences mitigées.

Paradoxalement et malgré l’absence de long animé fabriqué en interne, Mikros Image devient une entreprise crédible pour ce type de projet auprès des producteurs. Et justement, en 2012, M6 cherche un studio avec en tête une idée : relancer sur grand écran les aventures d’Astérix.

Pour convaincre Uderzo, mais aussi pour prouver ses capacités, Mikros Image fera d’abord des tests d’animation sous Arnold. Succès : Astérix – Le Domaine des Dieux est lancé.
Mikros Image doit encore relever quelques défis, notamment celui de monter une équipe compétente : c’est là qu’intervient le contexte évoqué plus haut. La fermeture de certaines entités et l’écosystème de studios par lesquels sont passés des artistes faciliteront le recrutement de nombreux talents.
En parallèle, Mikros Image doit se doter de nouveaux outils : Katana, Shotgun intègrent le studio.
Troisième problème majeur : le manque de place pour accueillir l’équipe. Un parking réaménagé sera la solution.
Le film sortra en 2014, avec le succès que l’on connait.

En parallèle de ce projet, Mikros s’est lancé en 2013 dans une aventure canadienne. Le studio a eu l’opportunité d’héberger la fabrication de Mune et du Petit Prince dans ses locaux de Montréal : une occasion unique pour constituer des équipes, rencontrer de nombreux artistes.

Reprenons : 2010 et fin 2015, Mikros est donc passée d’une entité novice en long-métrage d’animation à un studio ayant participé à trois films. De quoi entamer des discussions avec DreamWorks pour la sous-traitance de Captain Underpants.

Pendant que cet échange a lieu, Mikros travaille sur Sahara, avec un budget serré mais une équipe expérimentée. Pour Gilles Gaillard, ce type de projet est typique de l’état d’esprit du studio : « livrer des films pour que ceux qui les produisent puissent en faire d’autres ».

Le studio fait cependant face à un problème de changement d’échelle, avec de plus en plus de projets dont la visibilité se compte en années et plus en semaine : l’aspect financier devient donc plus délicat, et un soutien solide est indispensable pour continuer.
Le résultat de cette réflexion sera le rachat de Mikros Image par Technicolor fin 2015, avec dans la foulée un déménagement dans les locaux du groupe.

2017 et au-delà

Aujourd’hui, Mikros Image poursuit son but, avec toujours plus d’ambition. Captain Underpants est sorti cet été aux USA (avec 71 millions de dollars de recettes pour le moment), et trois projets sont en cours :
Sgt. Stubby à Montréal, qui sortira à temps pour les commémorations de la Première Guerre mondiale en 2018. Un teaser vient de sortir :

Sherlock Gnomes à Londres et Paris ;
– Enfin, Astérix – Le Secret de la Potion Magique, entièrement fabriqué à Paris, avec une fois de plus Louis Clichy et Alexandre Astier à la réalisation.

Gilles Gaillard et Simon Thomas ont souligné les différentes évolutions de Mikros Image, notamment sur le plan technique, organisationnel ou encore en ce qui concerne l’infrastructure. Ils n’ont pas manqué de rappeler l’importance de Technicolor, qui a notamment donné à Mikros les moyens de lancer un studio à Londres en à peine deux mois.
Ils ont évoqué le fait que disposer de plusieurs sites géographiques permet de proposer une certaine mobilité aux équipes, avec la possibilité de passer d’un département et pays à un autre. Ils ont également souligné le fait qu’en tant que prestataire, Mikros Image permet sans doute à ses employés de travailler sur des projets plus variés que d’autres studios…

Les intervenants ont proposé quelques pistes pour l’avenir. Restructurations de studios aux USA, arrivée de nouveaux acteurs comme Netflix, Hulu ou Amazon, essor de l’Asie : de nouveaux marchés s’ouvrent, avec des opportunités potentielles pour des structures telles que Mikros.

Enfin, Gilles Gaillard et Simon Thomas ont évoqué le déménagement en cours de Mikros Image au coeur de Paris, et ont insisté sur l’ambition du studio d’être une courroie de transmission pour des projets externes, un lien entre créateurs et financeurs. Avec justement, en conclusion, un appel aux créateurs pour qu’ils contactent Mikros Image.

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