Au printemps dernier, le CNC annonçait le lancement d’une mission sur la filière VFX française ; 3DVF s’en était fait l’écho. L’objectif ce ce projet mené par Jean Gaillard : dresser un état des lieux de la situation actuelle et établir une série de propositions susceptibles de « dynamiser le secteur et de garantir le plein effet des investissements publics consentis. »
Les conclusions sont désormais disponibles en ligne, sur le site du CNC. Le document dépasse les 110 Pages, mais une synthèse est proposée entre les pages 3 et 13.
Vous trouverez ci-dessous une sélection de conclusions issues de cette synthèse ; toutefois, nous vous recommandons de lire le rapport d’origine, dont les propositions sont très nombreuses et qu’il est impossible de résumer en quelques lignes.
Nous vous invitons évidemment à discuter de ce rapport dans les commentaires de l’article.
Etat des lieux :
Le marché
– l’activité du secteur VFX (cinéma, TV et publicité regroupés) est estimé à 80 million d’euros environ, soit 240 000 jours-hommes travaillés ;
– la publicité représente la majorité du secteur, avec une part non négligeable à l’export ;
– pour le cinéma, les productions françaises (coproductions minotiraires incluses) ont dépensé 15 millions d’euros en effets visuels en 2015, dont environ 60% à l’étranger ;
– la demande locale est très faible au regard du volume de production cinéma et TV français ; elle est par ailleurs en baisse par rapport à la période 2005-2010 ;
– la faiblesse se retrouve à la fois dans le nombre de plans à VFX et dans leur complexité : les projets français sont souvent peu ambitieux ;
– la publicité est un marché élevé, mais en faible progression ; elle dispose de marges plus importantes que le cinéma ;
L’offre
– le rapport dénombre une soixantaine d’entreprises VFX en France, dont cinq qui se détachent nettement (Autre Chose, Buf, CGEV, Mac Guff, Mikros Image) côté cinéma ;
– côté publicité, on trouve aussi des studios « de taille significative » avec une activité d’export forte (Digital District, Fix Studio, Machine Molle, La Maison, Mathematic, Medialab, Night Shift) ;
– seules une douzaines de sociétés dépassent les 2 millions d’euros de CA annuel dans les VFX ; les autres restent sous la barre des 1 million, voire des 500 000.
Les difficultés
– le rapport souligne que les VFX sont mal considérés dans le secteur audiovisuel, notamment du fait de leur aspect technique et de leur position en bout de chaîne (du moins historiquement) ;
– les tarifs actuels sont trop bas : les marges ne permettent pas de financer durablement les sociétés du secteur ;
– des pays voisins comme la Belgique et le Luxembourg disposent d’incitations fiscales fortes ; plus loin, le Québec est lui aussi généreux. Ceci explique que de nombreux studios aient une branche dans ces pays ;
– plus globalement, les aides à l’étranger ont un impact négatif sur les VFX français ;
– dans la publicité, les réseaux d’agences tendent à intégrer leurs moyens de production/post-production, et la concurrence de l’étranger est forte ;
Rémunération et contrats :
– les coûts salariaux sont perçus comme élevés par les entreprises, alors même que les salaires nets sont « parmi les plus bas de la profession cinématographique et audiovisuelle française » ;
– sans surprise, le rapport indique que le CDDU (intermittence) est le contrat le plus répandu ;
– les salaires nets locaux sont inférieurs à ceux des principaux pays qui en fabriquent (Canada, Londres, etc) ; ceci explique d’ailleurs en partie l’expatriation importante dans le secteur ;
Cycle vicieux, étranger
– comme la demande locale ne grimpe pas en volume et qualité, l’industrie française n’est pas poussée à s’améliorer autant que d’autres pays ;
– ceci, combiné à l’expatriation, crée une baisse du niveau ;
– dans le même temps, les USA produisent de plus en plus de films et séries faisant appel aux VFX ;
– la Chine représenté un marché potentiel énorme, mais aussi un concurrent dans quelques années ;
– les prestataires français ne se coordonnent pas lorsqu’il s’agit de conquérir le marché VFX cinéma étranger ;
– globalement, il y a peu de studios vraiment actifs à l’étranger pour le cinéma (hormis Buf, Mikros Image, Mac Guff). Pour la publicité étrangère, il y a davantage de studios français positionnés ;
Des points forts
– le rapport souligne la qualité des écoles françaises ;
– la france produit beaucoup de contenus, davantage que des concurrents comme la Belgique ou Montréal ; de quoi potentiellement générer une demande locale d’effets visuels ;
Le rapport avance ensuite qu’un plan VFX est indispensable, notamment car les VFX génère un gros volume d’emplois par rapport à d’autres domaines du secteur cinéma/publicité/TV.
Voici les principaux points de ce plan :
– « Reconnaître leur place aux VFX » notamment dans les devis-type ;
– « Les dispositifs existants peuvent être ajustés pour augmenter la demande domestique et réduire la délocalisation » : le dossier évoque évidemment les différentes aides mises en place et la façon dont elles pourraient être aménagées ;
– « Susciter une nouvelle demande domestique » avec par exemple un appel à projets et des aides pour tirer la demande vers le haut, qualitativement et quantitativement ;
– « Les dispositifs existants peuvent être ajustés pour cibler le soutien aux prestataires VFX et à leurs besoins spécifiques » (RIAM, IFCIC sont notamment évoqués) ;
– « Augmenter la visibilité » avec par exemple un César des VFX, la relance d’un chapitre français de la Visual Effects Society ;
– « Améliorer la reconnaissance des métiers VFX et leur intégration dans le tissu professionnel » ;
– « Incarner et orienter l’action internationale » ;
– « Suivi » (du plan, dans la durée) ;
Rappelons que le rapport complet avec le détail des proposition est disponible en ligne.