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Annecy 2016 : Guillermo del Toro et Jeffrey Katzenberg dévoilent la série Trollhunters

Trollhunters

Le réalisateur Guillermo del Toro (Le labyrinthe de Pan, Hellboy, Pacific Rim) en personne était au Festival d’Annecy pour présenter Trollhunters, projet de série qu’il a développé pour les studios DreamWorks.

Face à un public conquis, del Toro a tout d’abord évoqué ses débuts et premiers projets, sa philosophie du cinéma. Pour lui, un réalisateur doit être conscient de ses forces comme de ses défauts ; le style personnel émerge aussi de ces derniers. Guillermo del Toro a par exemple indiqué être doué pour l’écriture de dialogues… Mais uniquement en espagnol. Toujours sur les dialogues, pour le réalisateur mexicain la première ligne d’un personnage est en réalité son costume, qui a donc une importance majeure.

Il est aussi revenu sur son lien avec les directeurs de la photographie : il leur confie la lumière, mais se charge de tout ce qui est focale et position de la caméra.

del Toro

Guillermo del Toro nous a parlé de sa relation avec Hollywood, qui aime dire « non » mais rechigne à entendre un réalisateur utiliser ce même mot. Il a également souligné, manifestement fier, avoir refusé des projets très bien payés mais qui ne lui plaisaient pas. Une idée qu’il a illustrée avec une image évocatrice : « on ne peut pas faire l’amour sans érection ».
« Ne faites pas des films que vous avez besoin de faire », a-t-il ajouté, « faites des films qui ont besoin de vous. »

Ayant travaillé à la fois sur des projets en live-action et animation, il considère que les deux approches se complètent et l’aident à progresser, un peu comme un acteur qui s’améliore après être devenu réalisateur et avoir pris conscience de nouveaux aspects de la mise en scène.
Il a toutefois tenu à distinguer clairement les deux domaines : le live-action s’apparente pour lui à « attraper des papillons », alors que l’animation permet de capturer le même insecte à chaque étape (story, layout, etc). Avant d’ajouter qu’en télévision, le filet est plus difficile à manier, et qu’il y a moins de papillons.

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Rejoint par Jeffrey Katzenberg en personne, il a ensuite évoqué son travail pour les studios DreamWorks, avec qui il collabore depuis de nombreuses années : sur ses conseils, plus de 7 minutes d’animation définitive de Megamind avaient été tout simplement supprimées du film, un cas rarissime en animation.

Plus récemment, Guillermo del Toro a travaillé sur un projet de trilogie pour les studios DreamWorks. Trop ambitieux et long au goût de Katzenberg : « je suis trop vieux pour faire une trilogie ! ». Et del Toro de répliquer sur scène : « je suis trop gros pour faire une trilogie ! ».

Résultat, la trilogie est devenue une série : Trollhunters. Elle sera diffusée sur Netflix en fin d’année ; Jeffrey Katzenberg a d’ailleurs insisté à plusieurs reprises sur le soutien du service de streaming.
Trollhunters met en scène un jeune lycéen californien, qui mène en apparence une vie classique. Son existence sera bouleversée lorsqu’il découvrira un univers magique rempli de trolls… Un pitch que del Toro a résumé en « sauver le monde après le cours de gym ».

Nous avons eu droit à quelques aperçus exclusifs du projet : bande-annonce, extrait du pilote. Le résultat semble prometteur, malgré le budget limité d’une série. Guillermo del Toro a expliqué avoir fait les compromis nécessaires : le financement ne permet pas forcément de travailler les modèles et textures autant que sur un long-métrage, il a donc davantage misé sur d’autres éléments, comme l’éclairage. Le résultat est un univers parfois assez sombre et inquiétant, avec effectivement un soin particulier apporté aux lumières.
L’univers de Guillermo del Toro est bel et bien présent : l’idée d’un monde magique, le character design des trolls rappellent ses oeuvres précédentes. Rendez-vous en fin d’année, donc, pour découvrir la série.

La fin de la conférence a pris une tournure inattendue : un petit montage vidéo est revenu sur l’ensemble de la carrière de Jeffrey Katzenberg, et en particulier son rôle en tant que CEO de DreamWorks Animation, sa vision : face à un Disney qui « fait des films pour enfants et pour l’enfant qui existe au sein de chaque adulte », il a voulu créer un studio qui « fait des films pour adultes et pour l’adulte qui existe en chaque enfant ». Marcel Jean, délégué artistique du festival, lui a remis un « ticket d’or » : une accréditation à vie.
On sait qu’avec la vente de DreamWorks Animation à Comcast, Jeffrey Katzenberg passe de CEO du studio à dirigeant de DreamWorks New Media. Il conserve donc des activités, mais cela n’a pas empêché l’hommage du festival d’avoir un arrière-goût d’adieux, comme si le nouveau rôle de Jeffrey Katzenberg était finalement à voir comme les prémisses d’un retrait du secteur de l’animation. A moins qu’il ne s’agisse de notre part d’une sur-interprétation…

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Guillermo del Toro après la conférence, en pleine séance de dédicaces.

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