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Pacte anticoncurrence : Ed Catmull fortement impliqué

Pacte

Le 9 juillet, nous nous faisions l’écho de révélations du site Pando Daily concernant le pacte anticoncurrence illégal. Mis en place entre plusieurs studios dès 2004, il avait pour but de maintenir les salaires des employés à un niveau artificiellement bas, en ne débauchant pas les artistes d’autres studios. (voir notre article pour plus de détails)

Pando Daily poursuit aujourd’hui ses révélations, avec des échanges remontant à 2004 et des extraits de la déposition d’Ed Catmull.

Il en ressort plusieurs informations.

Ed Catmull fortement impliqué

Tout d’abord, Ed Catmull était fortement impliqué dans le pacte anticoncurrence. Il l’évoque directement dans un e-mail à Steve Jobs de 2004, et dans plusieurs autres échanges.

Pire, il a activement cherché à étendre ce pacte, comme le prouvent les documents et la déposition faite par Ed Catmull en 2013, dans le cadre de l’affaire judiciaire.
Ed Catmull est allé en personne (sans doute en 2004) discuter avec Penney Finkelman Cox et Sandy Rabins, vice-présidentes de Sony Pictures Animation, pour tenter de les convaincre de ne plus recruter des employés Pixar, et réciproquement. En effet, le studio de Sony contactait à l’époque de nombreux artistes et exécutifs pour leur proposer de rejoindre les rangs de Sony Pictures Animation, avec au passage une augmentation.
Ed Catmull évoque l’idée de cette visite dès févier 2004, dans un e-mail adressé à Steve Jobs.

Sony fait de la résistance

La teneur exacte de l’échange entre Ed Catmull et les vice-présidentes de Sony Pictures Animation est inconnu, mais il semble clair qu’Ed Catmull pensait les avoir convaincues. Selon des sources de Pando Daily en revanche, Sony Pictures Animation avait retenu une toute autre version : le studio aurait juste compris qu’il informerait Catmull de nouvelles tentatives de recrutement, pas qu’elles seraient interdites.

Quoiqu’il en soit, même s’il y a eu accord, une chose est certaine : il n’a pas été respecté par Sony. En 2005, des échanges vifs ont lieu entre les exécutifs de Pixar. Dawn Haagstad, haut placé dans le service des ressources humaines, se plaint que Sony persiste à appeler directement des employés pour les recruter. Une pratique légale, mais contraire au pacte (illégal, lui) voulu par Pixar.

John Lasseter également concerné ?

Un e-mail de 2005 d’un Senior Producer de Pixar évoque un certain « JL », également appelé « John » : il est très probable qu’il s’agisse de John Lasseter. Selon l’e-mail, « John » avait proposé qu’Ed Catmull contacte à nouveau Penney Finkelman Cox et Sandy Rabins pour leur rappeler l’accord de non-concurrence censé avoir été passé entre Pixar et Sony.

Disney probablement complice

D’autres documents indiquent que Disney était sans doute au courant de l’existence du pacte.

Un échange de 2007 entre Ed Catmull et Dick Cook, chairman de Walt Disney Studios jusque 2009, évoque le pacte.
Catmull s’y plaint de l’attitude d’ImageMovers Digital, studio de Robert Zemeckis désormais fermé. Il indique que le studio embauche des employés de DreamWorks avec une hausse de salaire importante. Il écrit que « même [s’il] sait que la société de Zemeckis ne visera pas Pixar » en offrant des salaires plus élevés, « les gens en entendront parler et quitteront » le studio. Autrement dit, il regrette explicitement que les employés puissent aller voir ailleurs pour gagner plus.
Il rappelle également que « Pixar, ILM, DreamWorks et quelques studios plus petits ont consciencieusement évité de faire des raids sur les employés des autres ».

Un autre e-mail de la même année, toujours signé Catmull, était destiné à Dick Cook et Marjorie Randolph, à la tête des ressources humaines chez Disney. Là encore, il rappelle l’accord tacite mis en place. Pire : Catmull propose des représailles contre Sony. Puisque le studio avait « un mauvais comportement » (autrement dit, ne respectait pas le pacte illégal voulu par Catmull), Catmull suggère de recruter agressivement des employés du studio.

Dans les deux cas, les réponses de Dick Cook et Marjorie Randolph semblent indiquer qu’ils connaissaient le principe et l’existence du pacte. Randolph parle même de « règles en place » pour faire en sorte que celui-ci soit respecté, sans préciser de quoi il s’agit.

Cette information pourrait donc montrer que la partie judiciaire de l’affaire n’est pas allée assez loin, et que la responsabilité de Disney doit également être considérée.

Pando Daily précise avoir contacté Pixar et Sony pour obtenir un éventuel commentaire sur les révélations de son article, sans obtenir de réponse.
Pour plus d’informations : l’article de Pando Daily, avec les documents évoqués ici.

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