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Interview 3DVF : Dan Scanlon et Kori Rae, retour sur Monstres Academy

Dan Scanlon - Kori Rae
Dan Scanlon et Kori Rae, durant le Festival d’Annecy 2013. Photo 3DVF.

Les projets Pixar de l’été passé, Monstres Academy et le court Le Parapluie Bleu, viennent de sortir en DVD et Blu-Ray.
A cette occasion, et suite à notre interview de Mathieu Cassagne sur le lighting, nous vous proposons de revenir sur Monstres Academy en compagnie de Dan Scanlon et Kori Rae, respectivement réalisateur et productrice du film.

Monstres Academy
Image Disney / Pixar

– Pourquoi aller vers un prequel et pas une suite ?
– Dan Scanlon : Quand nous avons commencé à parler du projet d’un éventuel second volet, nous savions que nous adorions la relation entre les deux personnages principaux. Et le meilleur moyen d’approfondir cette relation, de les voir évoluer ensemble, était de faire un retour en arrière. Le choix de l’université permettait d’avoir une très bonne base pour l’aspect divertissement.

– Lorsqu’un film Pixar est produit, les personnages ont toujours un parcours, une histoire, même si elle n’est pas explicitée à l’écran. Quelle part de l’histoire de Monstres Academy était déjà en place dès la création des personnages pour Monstres & Compagnie ?
– Dan Scanlon : Pas tant que ça, je pense. Je n’ai pas travaillé sur le premier film, contrairement à Kori, qui en sait sans doute plus…
– Kori Rae : Effectivement, leur passé n’était pas si défini que ça à l’époque, car nous étions vraiment focalisés sur le fait de faire avancer l’histoire. Le passé des personnages était donc plutôt léger. Du coup, Monstres Academy a nécessité de creuser davantage, de « trouver » les personnages.

Monstres Academy
Image Disney / Pixar

– Pourquoi avoir décidé de mettre en place une nouvelle technique d’illumination globale ?
– Kori Rae : Un certain nombre de nos techniciens et lighting TD étaient intéressés par l’utilisation d’outils tels qu’ils pouvaient exister dans d’autres studios, et nos logiciels devenaient un peu lourds pour nos artistes. Il leur fallait de plus en plus de travail pour obtenir le résultat voulu, avec un nombre énorme de lights.
Le but de cette nouvelle technique étant donc avant tout de simplifier leur travail, de leur permettre d’avoir une bonne base rapidement avec quelques lights, puis d’avoir plus de temps pour les finitions. Cette mise en place était à la fois un souhait et une nécessité.
– Dan Scanlon : Comme il s’agit de ma première réalisation, je n’ai pas vécu l’ancienne façon de travailler, j’ai uniquement connu la nouvelle approche d’illumination globale. Kori Rae ou Pete Docter, de leur côté, ont clairement vu un changement et que les choses étaient bien plus faciles !
– Kori Rae : L’efficacité permet aux lighters de faire plus d’itérations, d’essayer davantage de choses sur un plan.

– Comment avez-vous géré la hausse des temps de rendu liée à la GI ?
– Kori Rae : d’un point de vue créatif on ne l’a pas senti tant que ça, l’effort a surtout été fourni par le studio qui a fortement amélioré la renderfarm.
Et même si l’on doit encore travailler sur les temps de rendu, ça en valait la peine. Le temps supplémentaire en rendu a de toutes façons largement été compensé par le gain de temps en amont, sur le travail des lighters.

Monstres Academy
Image Disney / Pixar

– Pourquoi avez-vous utilisé le deep compositing, quel a été son apport ?
– Kori Rae : Il me semble qu’il a surtout été utile pour les environnements naturels.

– comment avez-vous géré les plans de foule, nombreux dans le film ?
– Dan Scanlon : Nous avions une équipe foules dédiée, et ils ont animé des personnages se promenant, ou réalisant des actions diverses. Puis nous avons pu peupler la scène avec ces personnages actifs, en répétant certaines animations.
Notre production designer se chargeait de gérer l’aspect global de la scène, et mon travail s’est surtout limité à dire « virez ce type dans le fond de la scène, il s’agite trop ! ».
– Kori Rae : Par rapport aux projets habituels nous avons changé notre façon travailler sur les foules, nous avons peuplé les scènes dès le layout, sans attendre l’étape d’animation des personnages. Nous avons créé un outil qui nous a permis de placer très simplement les foules dans chaque plan dès le layout. Ce n’est que plus tard que les foules étaient animées en semi-automatique avec les librairies d’animations. Ca a été très utile pour le réalisateur et les animateurs, d’habitude on n’a les foules qu’après avoir finalisé l’animation des personnages principaux. Je pense que le faire avant est un gros plus pour la composition des plans.

– Il y a également beaucoup de travail sur les simulations : herbe, poils, vêtements…
– Kori Rae : Les sacs à dos ! Le pire, c’était la gestion des sacs à dos, qui étaient en contact avec de la fourrure ou du tissu.
Depuis Monstres et Compagnie on a énormément progressé : malgré les difficultés comme les sacs ou le T-Shirt de Sully, on a pu arriver aux résultats que l’on voulait.
– Dan Scanlon : Christine Waggoner, notre Simulation Lead, a fait un excellent travail et nous a permis d’obtenir exactement ce que l’on voulait.
– Kori Rae : L’équipe a fait de gros efforts sur les simulations plus subtiles, comme sur le feuillage.

Monstres Academy
Image Disney / Pixar

– La doyenne ressort beaucoup, avec un design très particulier et un gros travail sur l’éclairage. Comment avez-vous abordé ce personnage ?
– Dan Scanlon : Au départ, nous avions opté pour un personnage « masculin par défaut ». Mais au fil du temps nous avons réalisé que nous rations une opportunité d’élargir l’univers, puisque nous n’avions pas montré de « scarer », de monstre féminin. Nous avons donc changé son genre.
Nous avons aussi passé beaucoup de temps sur le design à rechercher ce qui suscite universellement de la peur : les mille-pattes géants ont été une source d’inspiration. Mais en parallèle elle devait être un personnage respectable, une enseignante raffinée, ce qui a aussi eu un impact.

Doyenne
Image Disney / Pixar

– Kori, Rae, votre parcours est plutôt axé sur l’éducation et le coaching. Est-ce que ça a été une aide dans votre travail de productrice ?
– Kori Rae : Je pense, c’est un peu comme du coaching mais avec une plus grande équipe : 250 personnes ! Le lien avec le coaching et même l’enseignement est clairement présent. Il faut faire en sorte que les artistes ailleurs chaque jour un peu plus loin, apprennent et se dépassent, puisque le film doit être aussi bon que possible, et le but est d’y arriver de façon saine. Mon parcours a donc été d’une grande aide.

– Comment avez-vous géré le relief, et quelles étaient vos relations avec Bob Whitehill, Stereoscopic Supervisor sur le film ?
– Dan Scanlon : Je lui ai donné très peu de consignes au final. Il a su apporter l’immersion des spéctateurs au sein de l’université.
Je ne me suis donc pas focalisé sur le relief dès le layout. C’était davantage une approche au cas par cas, il pouvait arriver que sur une scène, un plan, je me dise « oh, on pourrait utiliser tel élément pour le relief ».
Si le relief aide l’histoire, oui, on y pense à l’avance, mais sinon c’est un élément parmi d’autres.

Pour en savoir plus :
Les DVD , Blu-ray et Blu-ray 3D/2D de Monstres Academy / Le Parapluie Bleu sont d’ores et déjà disponibles. (liens Amazon sponsorisés)

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